La mule présumée de Karim Wade, Rilke Ndongong déféré pour atteinte à la sûreté de l’Etat et blanchiment de capitaux

Rédigé par Dakarposte le Lundi 3 Juillet 2017 à 09:35 modifié le Lundi 3 Juillet 2017 09:37

Libération révèle que Rilke Ndongong, présenté comme une mule présumée de Karim Wade qui l’a démenti en plus d’annoncer une plainte, a été déféré depuis vendredi dernier, pour atteinte à la Sûreté de l’Etat et blanchiment de capitaux. Pour les enquêteurs de la DIC, cet ingénieur de la Qatar Investment Autority est au cœur d’une entreprise visant à déstabiliser le Sénégal. 
  
Selon les informations de Libération, Rilke Ndongong, mule présumée de Karim Wade qui l’a démenti, a été déféré au parquet de Dakar depuis vendredi dernier. Mais en faveur d’un retour de parquet, c’est aujourd’hui, qu’il fera face au Procureur de la République qui, selon nos formations, compte ouvrir une information judiciaire contre Rilke Ndongongetx. 
  
Il est sûr, compte tenu des délits visés, que ce Camerounais qui possède aussi les nationalités américaine, qatarie, sera placé sous mandat de dépôt et pour cause. À la suite de ses investigations, la Division des investigations criminelles (DIC) estime dans le rapport de clôture de son enquête que l’ingénieur de Qatar Investment Autority est au cœur d’une entreprise criminelle visant à déstabiliser le Sénégal. 
  
 

C’est la raison pour laquelle les enquêteurs affirment avoir réuni des indices graves et concordants devant motiver qu’il soit poursuivi pour atteinte à la Sûreté de l’Etat, le fameux article 80 - et blanchiment de capitaux en plus de l’association de malfaiteurs. 

Libération reviendra d’ailleurs, sur les révélations de l’enquête. Au-delà de Karim Wade, il faut retenir que ces développements vont à coup sûr, gâter davantage les relations entre le Qatar et le Sénégal puisque le mis en cause présumé, possédait des documents bancaires rangés dans une valise diplomatique du pays indiqué. 
  
Le Sénégal avait récemment rappelé son ambassadeur au Qatar, pour consultation. 

Le Qatar au cœur de l’affaire 

Les mêmes sources renseignent que le nom de Karim Wade est aussi apparu dans le rapport d’enquête. Quoiqu’il en soit, les avocats du fils de l’ancien Président avaient fait un communiqué lorsque cette affaire a été éventée par Le Quotidien, pour annoncer une plainte. 

 
  
 « Une information rapportée par Le Quotidien, journal réputé proche du Palais, fait état de l’arrestation d’une personne en provenance d’un pays du Golfe arabique, qui détiendrait pour le compte de Karim Wade des documents et autres moyens bancaires dans des valises portant le sceau du Qatar. Cette «information» est publiée en première page sous le titre : «une mule de Karim tombe à Dakar». 
  
« Karim Wade, qui dément catégoriquement ces accusations qui portent atteinte à son honneur et à sa réputation, attire l’attention de l’opinion publique sénégalaise et internationale sur la coïncidence entre cette publication, aussi grotesque que ridicule et l’arrivée imminente de Me Abdoulaye Wade, tête de liste de la Coalition Gagnante Wattu Sénégal. 

 

Ces insinuations sont fabriquées de toutes pièces, comme l’ont été le complot des «biens supposés mal acquis» et la résurrection inconstitutionnelle de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) », affirmaient les conseils de Karim Wade, qui ajoutaient: «Cette nouvelle accusation parue dans un organe de presse à la solde du pouvoir, est instrumentalisée pour détruire un adversaire politique en vue des prochaines échéances électorales. 
  
Après avoir détenu Karim Wade arbitrairement, en prison pendant plus de 3 ans, après avoir violé systématiquement ses droits au cours d'un simulacre de procès devant une juridiction politique aux ordres, la CREI, après avoir créé de fausses preuves contre lui, notamment en inventant le faux compte de 47 milliards de Singapour et en lui attribuant la propriété de sociétés appartenant en réalité à d'autres personnes, après avoir extrait Karim Wade de sa cellule dans la nuit du 23 juin 2016 pour l’expulser hors du Sénégal, voilà maintenant que l’État du Sénégal tente d’inventer de nouvelles accusations pour l’empêcher de se présenter contre l'actuel Chef de l’État. 

 
  
Nous informons l’opinion nationale et internationale que Karim Wade nous a demandé de porter plainte pour diffamation et calomnies contre les auteurs de cette machination, le directeur de publication du journal «le Quotidien» ainsi que l’auteur de l’article Madiambal Diagne, propriétaire du journal. L’opinion constatera que c’est toujours le même journal proche du pouvoir qui est à l’origine d’accusations mensongères contre Karim Wade, sa famille et ses proches. 
  
Il en a été de même pour le faux compte bancaire de 47 milliards à Singapour et les 100 milliards imaginaires à Monaco. Ces manœuvres, ces machinations fantaisistes et les menaces dont il est systématiquement la cible, n'empêcheront pas Karim Wade d'exercer pleinement ses droits constitutionnels et politiques pour se présenter à l’élection présidentielle de 2019 contre le Chef de l’Etat, Macky Sall. 

 
  
En cette période qui coïncide avec la fin du Ramadan, Karim Wade avait déclaré : «je prie pour que la haine, les règlements de comptes politiques et l’esprit de vengeance n’aient jamais raison de ce que des générations d’hommes et de femmes de valeur ont bâti à la sueur de leur front et dans l’esprit de concorde nationale ». 
  
La face cachée de la Qatar Investment Autority 
  
Cité dans l’affaire Rilke Ndongong dont elle est l’employeur, le nom de la Qatar Investment Autority est aussi évoqué dans plusieurs dossiers sulfureux. L’enquête sénégalaise l’accuse d’avoir été au centre des transferts de fonds mis en cause. 
  
L a Qatar Investment Autority (QIA) a fait l’objet d’une enquête pénale de la part de l’une des autorités de régulation financière britannique (Serious Fraud Office, ou SFO) pour des opérations douteuses pendant la crise financière en 2008. 

En effet, la QIA aurait été impliquée dans des malversations liées à ses contributions à deux levées de fonds par la banque britannique Barclays, d’un montant total de 11,5 milliards de livres sterling (GBP)qui n’avaient pas été soumises à l’approbation des actionnaires de la banque. 
  
 

Ces augmentations de capital auraient permis à Barclays d’éviter d’être mise sous le contrôle du gouvernement britannique, comme ce fut le cas de la Royal Bank of Scotland et de Lloyds. En octobre 2014, le quotidien britannique The Telegraph a lancé une campagne intitulée « Stop the Funding of Terrorism », pour dénoncer l’attitude laxiste du gouvernement qatarien vis-à-vis du financement du terrorisme. 
  
Certains observateurs ont cependant, fait valoir que cette campagne coïncidait avec une compétition entre les propriétaires du Telegraph, David et Frederick Barclay, et le membre de la famille royale, Hamad ben Jassem ben Jaberal-Thani pour l’acquisition de trois hôtels de luxe dans le centre de Londres. 
  
A la même époque, la Qatar Awareness Coalition a adressé une lettre ouverte à Harvey Weinstein et Bob Weinstein, les fondateurs des studios de cinéma Miramax, dont la majorité des parts est détenue indirectement par QIA. 

La coalition cherchait à sensibiliser Hollywood à la participation du Qatar au financement du terrorisme. QIA détient 16,67% des parts de la banque Qatar Islamic Bank, la première institution financière islamique du Qatar. 
  
Cette banque propose exclusivement, des services financiers en conformité avec la Charia. Selon le Consortium Against Terrorist Finance (CATF), Qatar Islamic Bank entretiendrait des relations de correspondance bancaire avec des institutions en lien avec des groupes terroristes ou extrémistes. 

Le Consortium cite comme exemple la banque saoudienne Al-Rajhi Bank, qui a fait l’objet d’une enquête par les autorités américaines pour ses liens avec les commandos des attentats du 11 septembre 2001. 

Qatar Islamic Bank compte aussi parmi ses correspondants Jordan Islamic Bank, qui est elle-même, l’une des banques fondatrices d’Al-Aqsa Islamic Bank, une organisation basée aux États-Unis et prenant part au financement du Hamas et d’Al-Qaïda.
Cheikh Amidou Kane
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