Il se présentait comme un « vendeur d’aquariums » lorsqu’il a été arrêté, courant février 2016, par la Division des investigations criminelles (DIC) qui l’attendait à la sortie de la mosquée de «Masjid Juma» ou «Mosquée Ibadourahmane» sise à Fann, vers le Canal 4, où il accomplissait la prière de «Timiss».
Un an après, voilà que la police judiciaire établit que Diatta était lié à Ould Sidi Mouhamed Sina, ce Jihadiste de nationalité malienne, impliqué dans l’attentat du Grand Bassam qui a frappé la Côte d’Ivoire. En effet, ce dernier était formellement le contact de Mimi Ould Baba Ould Cheikh, (et non Ould Nouini), planificateur des attentats arrêté récemment à Grossir, à l’Ouest de Gao. Mais cette découverte n’est que la face visible de l’iceberg puisque son nom est apparu dans au moins trois autres dossiers de terrorisme éventés par les enquêteurs de la DIC.
Lors de son interpellation, Moustapha Diatta était déjà soupçonné d’avoir convoyé en Libye la nommée Ndèye Sy K., ses trois enfants mineurs et son mari, Ameth B. dit Zaid Ba, tué à Syrte. Selon le père de Ndèye Sy K., le mis en cause aurait fait convoyer en Libye sa fille ainsi que ses trois enfants mineurs et son mari Ameth Bâ dit Abdallah Bâ.
A partir de ce moment, les enquêteurs savaient qu’ils ont affaire à un gros poisson : Abdallah Bâ dont le nom de guerre est Zaid Bâ a été tué en Libye après avoir rejoint son frère, Ibrahima Ba.
Liaisons avec les « frères » de Syrte
Un fait que relate d’ailleurs Mbaye K. Il explique qu’il n’avait plus de nouvelles de sa fille et de son mari. En août 2015, il ajoute que sa fille a joint au téléphone sa maman pour lui dire qu’elle vivait désormais dans un Etat islamique ou la charia était appliquée. Mbaye K. ignorait encore que Ndèye Sy K. avait rejoint l’Etat islamique. Mais il y’a de cela deux mois, cette dernière a appelé encore sa mère pour lui dire que son époux, Ameth Bâ, était mort au combat, en même temps que d’autres Sénégalais, sans plus de précisions. C’est en regardant l’indicatif du numéro avec lequel elle appelait que sa famille a compris qu’elle était en Libye dans les territoires contrôlés par Daesh. Après un travail de renseignement fourni, la DIC est passée à l’acte le 08 février 2016 en interceptant Moustapha Diatta.
Face aux enquêteurs, celui-ci ne nie pas connaître Ameth Bâ et Ndèye Sy K. Mais il dément les avoir aidé à rejoindre l’Etat islamique et admet avoir fait des démarches pour permettre à une de leurs filles, restée au Sénégal, de les rejoindre.
Selon ses dires, la tentative a échoué puisque la mairie réclamait la présence physique des parents. N’empêche, il reconnaît s’être lié d’amitié avec Ameth Bâ, Cheikh Abdallah Diène et... Abdourahmane Mendy, un Sénégalais radicalisé tué récemment à Syrte presque en même temps que Moustapha Diop dit Abdou Hatem.
Le sieur apprend encore qu’ils fréquentaient tous la même mosquée de «Masjid Juma». Mais jure-t-il que lorsque ces derniers l’informaient du voyage, ils lui avaient juste dit qu’ils allaient se rendre dans un Etat où la charia est appliquée. Une version qui n’a pas convaincu les enquêteurs et pour cause.
Les documents saisis chez Diatta sont en fait des appels au Jihad, pour ne pas dire qu’ils font l’apologie du meurtre. Curieusement, ce dernier, informé de cette découverte, a juré qu’ils ne savaient pas ce qui était évoqué dans les documents parce qu’il ne parlerait pas arabe. Ce qui est manifestement faux.
Diokhané et les autres « frères » de Boko Haram
En poussant les investigations dans le cadre de cette affaire, les enquêteurs établissent des liens entre Diatta et un certain Aboubacary N. vivant en Mauritanie. Celui-ci est considéré comme un membre d’une cellule terroriste dirigé par Mohamed N. alias Abou Youssouf. Grâce à la coopération policière, Mohamed N., Aboubakry N. et six autres personnes sont arrêtées en Mauritanie, extradés sur Dakar avant d’être placés sous mandat de dépôt. Dans le groupe de personnes interpellées, on retrouve Lamine C. dit Abu Javaar qui a reconnu avoir combattu dans les rangs de Boko Haram. C’est de ce dernier qu’est partie l’affaire dite des terroristes présumés interpellés à Yoff Tonghor.
Dans le cadre de cette enquête, les frères A. C. dit Abdallah (élève en classe de première) et P. K. C (élève en classe de terminale) ainsi qu’El Hadji M. B. (étudiant) et T. S. N.B (élève en classe de première), tous domiciliés à Yoff Tonghor, ont été mis en examen et écroués. Ce sont les déclarations faites par Lamine C. lors de son interrogatoire qui ont permis l’arrestation de ces quatre personnes. Libération a appris que Lamine C. a avoué aux enquêteurs que ce sont les susnommés qui l’ont convaincu de rejoindre les rangs de Boko Haram en plus de lui
avoir fourni les moyens financiers pour rallier le Nigéria.
Coups de filet en série
Après son Brevet de fin d’études en Arabe obtenu dans un village du Fouta, Lamine C. est venu poursuivre ses études à Dakar. A cet effet, il avait posé ses baluchons chez son grand- père M.C. à Yoff. Et c’est à ce moment qu’il fait la connaissance des petits fils de ce dernier à savoir A. C. et P.K.C et de M. B. Selon lui, ces derniers faisaient des prêches sur le Jihad dans une mosquée faisant face à la maison familiale des C., en plus de justifier les horribles exactions commises par le cancer Boko Haram.
Mieux, ils finiront par le convaincre de rejoindre le théâtre des opérations au Nigéria. C’est d’ailleurs M.B. qui donnera à Lamine C. 150.000 de FCfa pour le transport. La même somme sera remise à une personne qui était du voyage : Marième S, l’épouse de Makhtar Diokhané. Lamine C. avait ajouté qu’après avoir combattu dans les rangs de Boko Haram, il est revenu au Sénégal où il était hébergé par M. B. Par la suite, il est parti en Mauritanie - d’où il a été arrêté - pour reprendre ses études coraniques. Il précisait que lors de son séjour, A. C. est revenu à la charge pour l’appeler au téléphone et lui proposer de reprendre le Jihad, en Libye cette fois-ci. A. C. lui avait assuré qu’il disposait déjà des fonds pour financer le voyage.
C’est fort de toutes ces informations que les enquêteurs sénégalais ont mis en place une discrète surveillance autour des quatre mis en cause présumés qui faisaient l’objet d’une «prise en charge» permanente.
LLibération
Un an après, voilà que la police judiciaire établit que Diatta était lié à Ould Sidi Mouhamed Sina, ce Jihadiste de nationalité malienne, impliqué dans l’attentat du Grand Bassam qui a frappé la Côte d’Ivoire. En effet, ce dernier était formellement le contact de Mimi Ould Baba Ould Cheikh, (et non Ould Nouini), planificateur des attentats arrêté récemment à Grossir, à l’Ouest de Gao. Mais cette découverte n’est que la face visible de l’iceberg puisque son nom est apparu dans au moins trois autres dossiers de terrorisme éventés par les enquêteurs de la DIC.
Lors de son interpellation, Moustapha Diatta était déjà soupçonné d’avoir convoyé en Libye la nommée Ndèye Sy K., ses trois enfants mineurs et son mari, Ameth B. dit Zaid Ba, tué à Syrte. Selon le père de Ndèye Sy K., le mis en cause aurait fait convoyer en Libye sa fille ainsi que ses trois enfants mineurs et son mari Ameth Bâ dit Abdallah Bâ.
A partir de ce moment, les enquêteurs savaient qu’ils ont affaire à un gros poisson : Abdallah Bâ dont le nom de guerre est Zaid Bâ a été tué en Libye après avoir rejoint son frère, Ibrahima Ba.
Liaisons avec les « frères » de Syrte
Un fait que relate d’ailleurs Mbaye K. Il explique qu’il n’avait plus de nouvelles de sa fille et de son mari. En août 2015, il ajoute que sa fille a joint au téléphone sa maman pour lui dire qu’elle vivait désormais dans un Etat islamique ou la charia était appliquée. Mbaye K. ignorait encore que Ndèye Sy K. avait rejoint l’Etat islamique. Mais il y’a de cela deux mois, cette dernière a appelé encore sa mère pour lui dire que son époux, Ameth Bâ, était mort au combat, en même temps que d’autres Sénégalais, sans plus de précisions. C’est en regardant l’indicatif du numéro avec lequel elle appelait que sa famille a compris qu’elle était en Libye dans les territoires contrôlés par Daesh. Après un travail de renseignement fourni, la DIC est passée à l’acte le 08 février 2016 en interceptant Moustapha Diatta.
Face aux enquêteurs, celui-ci ne nie pas connaître Ameth Bâ et Ndèye Sy K. Mais il dément les avoir aidé à rejoindre l’Etat islamique et admet avoir fait des démarches pour permettre à une de leurs filles, restée au Sénégal, de les rejoindre.
Selon ses dires, la tentative a échoué puisque la mairie réclamait la présence physique des parents. N’empêche, il reconnaît s’être lié d’amitié avec Ameth Bâ, Cheikh Abdallah Diène et... Abdourahmane Mendy, un Sénégalais radicalisé tué récemment à Syrte presque en même temps que Moustapha Diop dit Abdou Hatem.
Le sieur apprend encore qu’ils fréquentaient tous la même mosquée de «Masjid Juma». Mais jure-t-il que lorsque ces derniers l’informaient du voyage, ils lui avaient juste dit qu’ils allaient se rendre dans un Etat où la charia est appliquée. Une version qui n’a pas convaincu les enquêteurs et pour cause.
Les documents saisis chez Diatta sont en fait des appels au Jihad, pour ne pas dire qu’ils font l’apologie du meurtre. Curieusement, ce dernier, informé de cette découverte, a juré qu’ils ne savaient pas ce qui était évoqué dans les documents parce qu’il ne parlerait pas arabe. Ce qui est manifestement faux.
Diokhané et les autres « frères » de Boko Haram
En poussant les investigations dans le cadre de cette affaire, les enquêteurs établissent des liens entre Diatta et un certain Aboubacary N. vivant en Mauritanie. Celui-ci est considéré comme un membre d’une cellule terroriste dirigé par Mohamed N. alias Abou Youssouf. Grâce à la coopération policière, Mohamed N., Aboubakry N. et six autres personnes sont arrêtées en Mauritanie, extradés sur Dakar avant d’être placés sous mandat de dépôt. Dans le groupe de personnes interpellées, on retrouve Lamine C. dit Abu Javaar qui a reconnu avoir combattu dans les rangs de Boko Haram. C’est de ce dernier qu’est partie l’affaire dite des terroristes présumés interpellés à Yoff Tonghor.
Dans le cadre de cette enquête, les frères A. C. dit Abdallah (élève en classe de première) et P. K. C (élève en classe de terminale) ainsi qu’El Hadji M. B. (étudiant) et T. S. N.B (élève en classe de première), tous domiciliés à Yoff Tonghor, ont été mis en examen et écroués. Ce sont les déclarations faites par Lamine C. lors de son interrogatoire qui ont permis l’arrestation de ces quatre personnes. Libération a appris que Lamine C. a avoué aux enquêteurs que ce sont les susnommés qui l’ont convaincu de rejoindre les rangs de Boko Haram en plus de lui
avoir fourni les moyens financiers pour rallier le Nigéria.
Coups de filet en série
Après son Brevet de fin d’études en Arabe obtenu dans un village du Fouta, Lamine C. est venu poursuivre ses études à Dakar. A cet effet, il avait posé ses baluchons chez son grand- père M.C. à Yoff. Et c’est à ce moment qu’il fait la connaissance des petits fils de ce dernier à savoir A. C. et P.K.C et de M. B. Selon lui, ces derniers faisaient des prêches sur le Jihad dans une mosquée faisant face à la maison familiale des C., en plus de justifier les horribles exactions commises par le cancer Boko Haram.
Mieux, ils finiront par le convaincre de rejoindre le théâtre des opérations au Nigéria. C’est d’ailleurs M.B. qui donnera à Lamine C. 150.000 de FCfa pour le transport. La même somme sera remise à une personne qui était du voyage : Marième S, l’épouse de Makhtar Diokhané. Lamine C. avait ajouté qu’après avoir combattu dans les rangs de Boko Haram, il est revenu au Sénégal où il était hébergé par M. B. Par la suite, il est parti en Mauritanie - d’où il a été arrêté - pour reprendre ses études coraniques. Il précisait que lors de son séjour, A. C. est revenu à la charge pour l’appeler au téléphone et lui proposer de reprendre le Jihad, en Libye cette fois-ci. A. C. lui avait assuré qu’il disposait déjà des fonds pour financer le voyage.
C’est fort de toutes ces informations que les enquêteurs sénégalais ont mis en place une discrète surveillance autour des quatre mis en cause présumés qui faisaient l’objet d’une «prise en charge» permanente.
LLibération