Une entreprise française semble bien placée pour remporter le marché de la sûreté aéroportuaire à l’Aibd, en doublant toutes ses concurrentes. Mais à quelques jours à peine de l’ouverture officielle de cette plateforme, le marché n’a pas été lancé. Ce qui n’empêche pas Amarante de recruter du personnel en toute confiance.
En cette année pré-électorale où il faut livrer les grands travaux du septennat, le gouvernement du Président Macky Sall use et abuse du gré à gré dans le secteur aérien, pour ce qui est du chantier phare de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd). Ainsi, après le handling et la gestion aéroportuaire attribuée d’autorité pour trente ans à la société turque créée en 2017 Sal Sa (devenue Las Sa depuis le 26 octobre dernier et dirigé par le Français Xavier Mary), et le marché des boutiques dutyfree de l’aéroport cédé sans appel d’offres au groupe français Lagardère pour dix ans, des lobbys affairistes s’activent en ce moment pour obtenir que l’Etat leur accorde en gré à gré la sûreté de l’aéroport Aibd, à savoir, le contrôle d’accès, la surveillance et les Postes Inspection Filtrage (Pif).
Cette sûreté était mise en œuvre jusqu’ici à l’aéroport Léopold Sédar Senghor par les fonctionnaires de la Haute autorité de l’aéroport (Haals) et par les agents de la Police nationale. La Haute autorité a décliné de continuer à gérer ces aspects dans la nouvelle plateforme Aibd, au motif qu’elle ne dispose pas de suffisamment d’agents pour ce faire. Quant à la Police nationale, elle rechigne à continuer à le faire. En effet, elle n’a retiré de ce Pif et du contrôle d’accès, que des tracas d’image et d’organisation. La sécurité aéroportuaire n’est ni le métier naturel ni la mission première de la police, qui peine à respecter les normes internationales en matière de formation continue et de système qualité. C’est pourquoi, il y a quelques mois déjà, la ministre de tutelle avait annoncé aux syndicats sa volonté de recourir à une société privée, pour la sureté aéroportuaire. La vidéosurveillance avait déjà été confiée sur l’aéroport Léopold Sédar Senghor ainsi que sur le nouveau site et à d’autres postes frontières, à la société américaine Sécuriport. Cette dernière s’était implantée à Dakar quand Karim Wade était ministre en charge du Transport aérien, et lui avait accordé le marché sans appel d’offres. Ses nombreux successeurs n’ont jamais songé à remettre le contrat en cause, tout au contraire. Ainsi, Le Quotidien a appris que la surveillance de l’Aibd et le Pif seront aussi prochainement cédés sans appels d’offres. Et déjà, une entreprise au moins s’active à coiffer ses concurrentes au poteau. La société qui s’active pour obtenir ce marché de plusieurs milliards, en gré à gré, est Amarante. Cette société française opère actuellement la sûreté aérienne et le contrôle documentaire de passagers pour le compte de Corsair et Air France, compagnies aériennes françaises dont elle veut faire sa chasse gardée.
Pour Aibd, Amarante a pris tous ses concurrents de court et recruté un cabinet d’intelligence économique, la société Isao (créée en 2017), pour négocier ce gré à gré au plus haut sommet de l’Etat. Implantée en France, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, Isao est dirigée par le Français Jean-Martin Jampy, ancien officier de la marine française et vieux baroudeur. Sur son site Internet, Isao se prévaut d’une «importante expérience opérationnelle, militaire et privée». La jonction de cet ancien militaire avec la société Ama - rante a été naturelle, puisque cette dernière est gérée par d’anciens membres de la Dgse (les services de renseignements français). Amarante est dirigée en France par Pierre-Antoine Lo ren zi, ou Pal, comme le nomment ses connaissances. Ce personnage avait fait l’objet, il y a quelques années, d’un article dans le magazine français Chal len ges. Forte d’environ 180 salariés, Amarante serait financée par des capitaux qataris. Lequel Qatar dont on sait qu’il est mis au ban des pays arabes du Moyen-Orient pour soupçon aggravé de financement du terrorisme. Amarante opère sur des sites pétroliers en Algérie et Angola et a un département qui négocie la libération d’otages et la remise de rançons. La société s’est installée à Dakar en rachetant Sofrasep, qui y opérait depuis des années. Ces derniers temps, Jampy s’est activé à la Prési dence et à la Primature pour le compte d’Amarante. Son associée dans Isao, la Française Aurore Garnier, qui dirige également la société Isao Côte d’Ivoire, est venue plusieurs fois à Dakar ces dernières semaines. Aurore Garnier se présente sur son site comme ayant «travaillé pendant plus de 10 ans au sein des services de renseignement français, tant au ministère de l’Intérieur qu’au sein des forces spéciales du ministère de la Défense».
Joint par notre rédaction, le directeur d’Isao a nié tout intérêt à la gestion du Pif de l’aéroport de Diass. Toutefois, le fait est qu’Amarante serait actuellement en plein recrutement de nouveaux agents, dont des personnes bien au fait de ses activités, assurent que cela est dans la perspective de la gestion prochaine du contrôle d’accès, de la surveillance et des Postes Inspection Filtrage de l’Aéroport International Blaise Diagne. Or, elle n’a pas remporté d’appel d’offres sur ce marché, lequel n’a par ailleurs jamais été lancé.
Lequotidien.sn
En cette année pré-électorale où il faut livrer les grands travaux du septennat, le gouvernement du Président Macky Sall use et abuse du gré à gré dans le secteur aérien, pour ce qui est du chantier phare de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd). Ainsi, après le handling et la gestion aéroportuaire attribuée d’autorité pour trente ans à la société turque créée en 2017 Sal Sa (devenue Las Sa depuis le 26 octobre dernier et dirigé par le Français Xavier Mary), et le marché des boutiques dutyfree de l’aéroport cédé sans appel d’offres au groupe français Lagardère pour dix ans, des lobbys affairistes s’activent en ce moment pour obtenir que l’Etat leur accorde en gré à gré la sûreté de l’aéroport Aibd, à savoir, le contrôle d’accès, la surveillance et les Postes Inspection Filtrage (Pif).
Cette sûreté était mise en œuvre jusqu’ici à l’aéroport Léopold Sédar Senghor par les fonctionnaires de la Haute autorité de l’aéroport (Haals) et par les agents de la Police nationale. La Haute autorité a décliné de continuer à gérer ces aspects dans la nouvelle plateforme Aibd, au motif qu’elle ne dispose pas de suffisamment d’agents pour ce faire. Quant à la Police nationale, elle rechigne à continuer à le faire. En effet, elle n’a retiré de ce Pif et du contrôle d’accès, que des tracas d’image et d’organisation. La sécurité aéroportuaire n’est ni le métier naturel ni la mission première de la police, qui peine à respecter les normes internationales en matière de formation continue et de système qualité. C’est pourquoi, il y a quelques mois déjà, la ministre de tutelle avait annoncé aux syndicats sa volonté de recourir à une société privée, pour la sureté aéroportuaire. La vidéosurveillance avait déjà été confiée sur l’aéroport Léopold Sédar Senghor ainsi que sur le nouveau site et à d’autres postes frontières, à la société américaine Sécuriport. Cette dernière s’était implantée à Dakar quand Karim Wade était ministre en charge du Transport aérien, et lui avait accordé le marché sans appel d’offres. Ses nombreux successeurs n’ont jamais songé à remettre le contrat en cause, tout au contraire. Ainsi, Le Quotidien a appris que la surveillance de l’Aibd et le Pif seront aussi prochainement cédés sans appels d’offres. Et déjà, une entreprise au moins s’active à coiffer ses concurrentes au poteau. La société qui s’active pour obtenir ce marché de plusieurs milliards, en gré à gré, est Amarante. Cette société française opère actuellement la sûreté aérienne et le contrôle documentaire de passagers pour le compte de Corsair et Air France, compagnies aériennes françaises dont elle veut faire sa chasse gardée.
Pour Aibd, Amarante a pris tous ses concurrents de court et recruté un cabinet d’intelligence économique, la société Isao (créée en 2017), pour négocier ce gré à gré au plus haut sommet de l’Etat. Implantée en France, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, Isao est dirigée par le Français Jean-Martin Jampy, ancien officier de la marine française et vieux baroudeur. Sur son site Internet, Isao se prévaut d’une «importante expérience opérationnelle, militaire et privée». La jonction de cet ancien militaire avec la société Ama - rante a été naturelle, puisque cette dernière est gérée par d’anciens membres de la Dgse (les services de renseignements français). Amarante est dirigée en France par Pierre-Antoine Lo ren zi, ou Pal, comme le nomment ses connaissances. Ce personnage avait fait l’objet, il y a quelques années, d’un article dans le magazine français Chal len ges. Forte d’environ 180 salariés, Amarante serait financée par des capitaux qataris. Lequel Qatar dont on sait qu’il est mis au ban des pays arabes du Moyen-Orient pour soupçon aggravé de financement du terrorisme. Amarante opère sur des sites pétroliers en Algérie et Angola et a un département qui négocie la libération d’otages et la remise de rançons. La société s’est installée à Dakar en rachetant Sofrasep, qui y opérait depuis des années. Ces derniers temps, Jampy s’est activé à la Prési dence et à la Primature pour le compte d’Amarante. Son associée dans Isao, la Française Aurore Garnier, qui dirige également la société Isao Côte d’Ivoire, est venue plusieurs fois à Dakar ces dernières semaines. Aurore Garnier se présente sur son site comme ayant «travaillé pendant plus de 10 ans au sein des services de renseignement français, tant au ministère de l’Intérieur qu’au sein des forces spéciales du ministère de la Défense».
Joint par notre rédaction, le directeur d’Isao a nié tout intérêt à la gestion du Pif de l’aéroport de Diass. Toutefois, le fait est qu’Amarante serait actuellement en plein recrutement de nouveaux agents, dont des personnes bien au fait de ses activités, assurent que cela est dans la perspective de la gestion prochaine du contrôle d’accès, de la surveillance et des Postes Inspection Filtrage de l’Aéroport International Blaise Diagne. Or, elle n’a pas remporté d’appel d’offres sur ce marché, lequel n’a par ailleurs jamais été lancé.
Lequotidien.sn