"Adieu Gol,
Un réveil brutal en ces temps maussades du fait de l'annonce d'une perte. Golbert est mort.
Rétrospective.
Mi-janvier 2020, nuitamment, sa (fausse) mort est annoncée par des énergumènes (ceux-là que dénonce l'un des meilleurs d'entre nous, Mame Less Camara).
Alors, je me fiche de l'heure. Instinctivement, je l'appelle, après avoir parlé à sa fille. Il décroche et éclate de son rire qui guérit du pire stress.
Et c'est parti pour une discussion fleuve. Une heure trente ? Deux heures ? Je ne sais plus. Avec Gol, le temps ne se compte pas en secondes, minutes, heures, jours, semaines, mois, années. On le savoure.
Nos échanges sont ponctués de ses rires porteurs de joie ; de rappels d'anecdotes savoureuses ; de notre conviction commune que Ndar, première capitale du Sénégal, doit être réhabilitée ; de ceebu jën Penda Mbaye ; de valeurs propres aux Domi Ndar et de leur exquise singularité ; du Walo en général que nous avons en partage ; des liens fraternels et singuliers qui nous unissent ; de la déchéance de la presse ; du sens véritable de la teeranga ; de son attachement à la beauté de la langue de Molière ; de la mort...
En somme, de lui, de moi, de nous, des autres, du Sénégal.
À la fin, il me dit : "Mais jeune frère, pour être honnête, si on passe sur cette annonce d'oiseaux de mauvais augure, à mon âge, la mort on y pense forcément". "Grand-frère, la mort, n'en a cure des âges" est ma réplique. 'Vérité absolue jeune frère" me rétorque-t-il.
En filigrane de nos échanges durant cette nuit boréale de janvier, carillonnent dans sa voix le sens de la mesure et l'impérieuse nécessité du pardon en toutes circonstances. Pour preuve, ces mots qu'il publie sur sa page Facebook juste après nos échanges :
"Al khamdOu lilahi rabil alamina.
Magui doundou je vais bien machalla.
Je pardonne à ceux qui publient ma mort.
J'suis encore là et toujours au service des autres
#Balnaleen"
Gol est un homme entier, bon, de paix, de consensus et de mesure. Une mesure qui pourtant ne s'est jamais illustrée dans ses prestations théâtrales, mais fut à mon avantage : il y a environ quinze années, son conseil judicieux m'a évité d'emprunter un chemin qui aurait définitivement bouleversé ma vie. Je lui dois une éternelle reconnaissance pour ce conseil inspiré par le sens de la mesure.
Que Dieu accueille dans son Paradis cet homme foncièrement humain et de paix qui m'a soutenu avec ses avis éclairés et accompagné en des moments de fureur juvénile, m'évitant ainsi de prendre des décisions fatales.
Gol était porteur du virus bienfaiteur de la joie. Malheur à cet autre virus mortifère qui m'empêche d'aller à Ndar pour accompagner à sa dernière demeure ce grand-frère, cet ami, cet intellectuel et homme d'arts qui a été utile à sa communauté.
Gol,
que Dieu ait pitié de ton âme."
Un réveil brutal en ces temps maussades du fait de l'annonce d'une perte. Golbert est mort.
Rétrospective.
Mi-janvier 2020, nuitamment, sa (fausse) mort est annoncée par des énergumènes (ceux-là que dénonce l'un des meilleurs d'entre nous, Mame Less Camara).
Alors, je me fiche de l'heure. Instinctivement, je l'appelle, après avoir parlé à sa fille. Il décroche et éclate de son rire qui guérit du pire stress.
Et c'est parti pour une discussion fleuve. Une heure trente ? Deux heures ? Je ne sais plus. Avec Gol, le temps ne se compte pas en secondes, minutes, heures, jours, semaines, mois, années. On le savoure.
Nos échanges sont ponctués de ses rires porteurs de joie ; de rappels d'anecdotes savoureuses ; de notre conviction commune que Ndar, première capitale du Sénégal, doit être réhabilitée ; de ceebu jën Penda Mbaye ; de valeurs propres aux Domi Ndar et de leur exquise singularité ; du Walo en général que nous avons en partage ; des liens fraternels et singuliers qui nous unissent ; de la déchéance de la presse ; du sens véritable de la teeranga ; de son attachement à la beauté de la langue de Molière ; de la mort...
En somme, de lui, de moi, de nous, des autres, du Sénégal.
À la fin, il me dit : "Mais jeune frère, pour être honnête, si on passe sur cette annonce d'oiseaux de mauvais augure, à mon âge, la mort on y pense forcément". "Grand-frère, la mort, n'en a cure des âges" est ma réplique. 'Vérité absolue jeune frère" me rétorque-t-il.
En filigrane de nos échanges durant cette nuit boréale de janvier, carillonnent dans sa voix le sens de la mesure et l'impérieuse nécessité du pardon en toutes circonstances. Pour preuve, ces mots qu'il publie sur sa page Facebook juste après nos échanges :
"Al khamdOu lilahi rabil alamina.
Magui doundou je vais bien machalla.
Je pardonne à ceux qui publient ma mort.
J'suis encore là et toujours au service des autres
#Balnaleen"
Gol est un homme entier, bon, de paix, de consensus et de mesure. Une mesure qui pourtant ne s'est jamais illustrée dans ses prestations théâtrales, mais fut à mon avantage : il y a environ quinze années, son conseil judicieux m'a évité d'emprunter un chemin qui aurait définitivement bouleversé ma vie. Je lui dois une éternelle reconnaissance pour ce conseil inspiré par le sens de la mesure.
Que Dieu accueille dans son Paradis cet homme foncièrement humain et de paix qui m'a soutenu avec ses avis éclairés et accompagné en des moments de fureur juvénile, m'évitant ainsi de prendre des décisions fatales.
Gol était porteur du virus bienfaiteur de la joie. Malheur à cet autre virus mortifère qui m'empêche d'aller à Ndar pour accompagner à sa dernière demeure ce grand-frère, cet ami, cet intellectuel et homme d'arts qui a été utile à sa communauté.
Gol,
que Dieu ait pitié de ton âme."