epuis des semaines, la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) le met en garde et envisage même une intervention militaire pour faire respecter le résultat de la présidentielle. Mais les menaces n'ont rien changé à la position de Yahya Jammeh, comme l'a montré son discours du nouvel AN. « Je vais être très clair : nous sommes prêts à défendre ce pays contre toute agression et il n'y aura aucun compromis sur ce point. Il est incontestable que la perception de la situation par la Cédéao et sa volonté à faire appliquer le résultat de l'élection du 1er décembre sont totalement illégales. Et cela viole le principe de non-ingérence dans les affaires d'un Etat membre. »
Yahya Jammeh y voit même « une déclaration de guerre et une insulte à notre Constitution ». « Sans une solution juste et si la Cédéao ne renonce pas à l'expression "usage de la force", alors nous resterons dans l'impasse. Avec le risque d'une escalade vers une confrontation militaire », a-t-il prévenu.
Peu de place à la discussion
Selon l'analyste politique Sean Smith, responsable Afrique de l'Ouest au cabinet Verisk Mapelcroft, le président gambien cherche en fait à faire monter la pression avant des échéances importantes.
« Les prochaines semaines seront cruciales. D'abord le 10 janvier, la Cour suprême qui a été reconstituée à la hâte va étudier la proposition de Jammeh concernant les résultats de la présidentielle. Comme cette cour était en sommeil depuis 20 mois et que le chef de l'Etat a choisi les juges manquants tout récemment, il est probable qu'elle se prononce en sa faveur et qu'elle exige de nouvelles élections. »
Mais dans le même temps, Adama Barrow est censé prendre ses fonctions le 19 Janvier, souligne l’expert. « Son équipe, avec le soutien de la Cédéao, a décidé que l'investiture aurait lieu quelle que soit la décision de la Cour suprême. D'ailleurs la commission électorale a déjà dit qu'il n'y avait aucune raison légale pour empêcher cette investiture. Donc la tension va très probablement s'accentuer, car aucun des deux camps ne semble prêt à reculer. »
Coup de bluff ou jusqu'au-boutisme ?
Avec ou sans décision de la Cour suprême, Yahya Jammeh semble donc déterminé à aller jusqu'au bout. C'est en tout cas que pense l'une de ses anciennes conseillères en communication, aujourd'hui exilée aux Etats-Unis, Fatu Camara. Elle, ne croit pas au coup de bluff.
« Yahya Jammeh est désespéré et prêt à tout pour rester au pouvoir, parce qu'il sait que s'il n'est plus président, il n'est plus personne. Et il ne veut pas vivre cette vie-là. Donc s'il se retrouve coincé, ne soyez pas surpris qu'il fasse quelque chose de vraiment vraiment fou. »
Fatu Camara estime que s’il avait voulu quitter le pays, il l’aurait déjà fait. « Beaucoup de personnes disent qu'il cherche une immunité et d'autres garanties, mais Yahya Jammeh a un petit bateau rapide à la marine, s'il voulait partir il l'aurait déjà fait depuis longtemps, à mon avis. Mais là, regardez ce qui se passe : des arrestations d'opposants, des radios fermées ce qu'il est en train de faire, c'est de rétablir un climat de peur. Pour faire peur aux Gambiens et leur rappeler : je suis là. »
Le chef de l'Etat semble donc avoir recours aux méthodes qui lui ont permis d'asseoir son pouvoir ces 20 dernières années. Mais selon le chercheur Niklas Hutlin de l'université Georges-Mason aux Etats-Unis, le président gambien n'est pas en mesure de s'entêter et de faire face à une intervention Ouest Africaine.
« L'armée gambienne n'est pas assez forte, surtout qu'il aurait en face de lui le Sénégal et le Nigeria qui sont des acteurs majeurs. Il n'a pas le soutien de sa population. Il n'a probablement pas le soutien de 100% des militaires, des policiers et des forces de sécurité donc, à mon avis, il va y avoir une issue assez courte et confuse à tout cela. »
La Cédéao se prépare en tout cas à une éventuelle intervention en Gambie. Ce que l'on appelle les forces d'attente ont été mises en alerte en attendant de voir ce que fera Yahya Jammeh le 19 janvier.
Yahya Jammeh y voit même « une déclaration de guerre et une insulte à notre Constitution ». « Sans une solution juste et si la Cédéao ne renonce pas à l'expression "usage de la force", alors nous resterons dans l'impasse. Avec le risque d'une escalade vers une confrontation militaire », a-t-il prévenu.
Peu de place à la discussion
Selon l'analyste politique Sean Smith, responsable Afrique de l'Ouest au cabinet Verisk Mapelcroft, le président gambien cherche en fait à faire monter la pression avant des échéances importantes.
« Les prochaines semaines seront cruciales. D'abord le 10 janvier, la Cour suprême qui a été reconstituée à la hâte va étudier la proposition de Jammeh concernant les résultats de la présidentielle. Comme cette cour était en sommeil depuis 20 mois et que le chef de l'Etat a choisi les juges manquants tout récemment, il est probable qu'elle se prononce en sa faveur et qu'elle exige de nouvelles élections. »
Mais dans le même temps, Adama Barrow est censé prendre ses fonctions le 19 Janvier, souligne l’expert. « Son équipe, avec le soutien de la Cédéao, a décidé que l'investiture aurait lieu quelle que soit la décision de la Cour suprême. D'ailleurs la commission électorale a déjà dit qu'il n'y avait aucune raison légale pour empêcher cette investiture. Donc la tension va très probablement s'accentuer, car aucun des deux camps ne semble prêt à reculer. »
Coup de bluff ou jusqu'au-boutisme ?
Avec ou sans décision de la Cour suprême, Yahya Jammeh semble donc déterminé à aller jusqu'au bout. C'est en tout cas que pense l'une de ses anciennes conseillères en communication, aujourd'hui exilée aux Etats-Unis, Fatu Camara. Elle, ne croit pas au coup de bluff.
« Yahya Jammeh est désespéré et prêt à tout pour rester au pouvoir, parce qu'il sait que s'il n'est plus président, il n'est plus personne. Et il ne veut pas vivre cette vie-là. Donc s'il se retrouve coincé, ne soyez pas surpris qu'il fasse quelque chose de vraiment vraiment fou. »
Fatu Camara estime que s’il avait voulu quitter le pays, il l’aurait déjà fait. « Beaucoup de personnes disent qu'il cherche une immunité et d'autres garanties, mais Yahya Jammeh a un petit bateau rapide à la marine, s'il voulait partir il l'aurait déjà fait depuis longtemps, à mon avis. Mais là, regardez ce qui se passe : des arrestations d'opposants, des radios fermées ce qu'il est en train de faire, c'est de rétablir un climat de peur. Pour faire peur aux Gambiens et leur rappeler : je suis là. »
Le chef de l'Etat semble donc avoir recours aux méthodes qui lui ont permis d'asseoir son pouvoir ces 20 dernières années. Mais selon le chercheur Niklas Hutlin de l'université Georges-Mason aux Etats-Unis, le président gambien n'est pas en mesure de s'entêter et de faire face à une intervention Ouest Africaine.
« L'armée gambienne n'est pas assez forte, surtout qu'il aurait en face de lui le Sénégal et le Nigeria qui sont des acteurs majeurs. Il n'a pas le soutien de sa population. Il n'a probablement pas le soutien de 100% des militaires, des policiers et des forces de sécurité donc, à mon avis, il va y avoir une issue assez courte et confuse à tout cela. »
La Cédéao se prépare en tout cas à une éventuelle intervention en Gambie. Ce que l'on appelle les forces d'attente ont été mises en alerte en attendant de voir ce que fera Yahya Jammeh le 19 janvier.