L’Assemblée nationale a été installée ce jeudi avec une majorité écrasante pour la coalition Benno bokk yakaar. Du coup se pose la question du rôle que ces députés vont jouer pour l’amélioration des conditions d’existence de leurs mandants.
Au Sénégal, qui est une République, la Constitution consacre trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Un tel organigramme institutionnel est consacré pour que, comme le disait Montesquieu dans son célèbre ouvrage – « L’Esprit des lois»- le pouvoir puisse arrêter le pouvoir. Mais à l’épreuve des 12 législatures passées, si comme le stipule l’article 80 de la Constitution du Sénégal : «L’initiative des lois appartient concurremment au Président de la République, au Premier Ministre et aux députés», à la réalité de la pratique parlementaire, on note que les députés oublient leur prérogative législative au profit de l’Exécutif. Un survol des archives de l’Assemblée nationale sénégalaise rend compte que les propositions de loi sont quasi inexistantes dans l’Institution. Celle-ci se bornant à ne voter que des projets de lois. Encore que parmi ces projets de lois qui sont votés, certains, comme celui récent, relatif au statut des magistrats, ont fait l’objet de sérieuses contestations de la part des membres de la corporation concernée. On a beau considérer l’Assemblée nationale comme une chambre auguste et où les membres sont auréolés du titre «d’honorable», mais elle ne remplira pleinement sa mission que lorsqu’elle aura permis, de par les lois qu’elle vote, à améliorer des conditions de vie des populations. Une Assemblée qui ne légifère pas en fonction des aspirations populaires ne peut pas être de rupture. Pour mettre un terme aux récurrents meurtres, beaucoup de Sénégalais ne cessent d’appeler au retour de la peine de mort. Mais ils oublient que cette loi ne pourra être votée que lorsque le Président de la République l’aura voulu.
Dans un Etat dit de droit, les citoyens doivent être d’avance assurés que les lois votées ne sont pas la conséquence d’un rapport de force déguisé. Pour que l’ Assemblée nationale puisse jouer pleinement son rôle, il faut que ses membres mandatés par le Peuple pour le représenter s’intéressent à ce qui l’intéresse et non pas à ce qui intéresse une mince partie du Peuple.