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L’Arabie saoudite, plaque tournante de la diplomatie mondiale

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 26 Février 2025 à 14:09 modifié le Mercredi 26 Février 2025 - 14:14

Riyad est aujourd’hui sur tous les fronts diplomatiques. L’Arabie saoudite se rend de plus en plus indispensable pour jouer la médiatrice dans les grands conflits de ce monde, régionaux et internationaux. Un rôle qui n’est pas nouveau, mais qui prend de l'ampleur face à ses voisins du Golfe.


L’Arabie saoudite, plaque tournante de la diplomatie mondiale
Les plus hauts diplomates russes et américains se sont rencontrés le 22 février dans la capitale saoudienne, pour acter le dégel des relations entre les deux pays et lancer des pourparlers sur la fin de la guerre en Ukraine. La veille, 21 février, ce sont les dirigeants arabes qui ont discuté là-bas de leurs efforts conjoints pour soutenir « la cause palestinienne » et de la situation dans la bande de Gaza. L’Arabie saoudite devient ainsi un acteur incontournable du ballet diplomatique mondial. Ce géant du Golfe, autonome financièrement et donc totalement indépendant vis-à-vis de quiconque, est libre de ses choix politiques, économiques, mais aussi diplomatiques.

Le virage de MBS
Les débuts diplomatiques du prince héritier Mohammed ben Salman (surnommé MBS) sont pourtant chaotiques : guerre au Yémen, embargo décrété sur son voisin qatarien, assassinat du journaliste et opposant Jamal Khashoggi qui lui vaut le titre de « paria » de la part de l’ancien président américain Joe Biden. Mais le jeune prince ambitionne de faire de son royaume un acteur indispensable et prend une tout autre direction, délaissant la manière forte pour la négociation et la médiation. Au sommet du G20 à Buenos Aires en 2018, seul le président russe Vladimir Poutine sert la main de MBS. Mais au sommet d’Al-Ula en 2021, MBS réactive ses relations diplomatiques avec Doha, prône la stabilité avec ses voisins proches comme lointains et se concentre sur un objectif : régler les crises régionales pour attirer les dollars et ainsi mettre en œuvre son plan de modernisation Vision 2030. Une stratégie qui semble payer.



Opportunisme, donc ? « L'intérêt, de son point de vue, c'est en effet le développement économique de l'Arabie saoudite. Parce qu'il y a quand même cette idée que le Royaume va devoir évoluer, se diversifier économiquement », analyse Myriam Benraad*, professeur en relations internationales à l'Université internationale Schiller, à Paris. La rente pétrolière n'est en effet pas inextinguible, et la population, très jeune, est en quête de réformes sociales, économiques, culturelles, etc. « Cette volonté de transformation suppose tout de même que le Moyen-Orient ne soit pas en état de chaos, parce que le chaos aux frontières, ça signifie nécessairement une déstabilisation en interne, en tout cas aux yeux de MBS. » Du temps de la guerre en Irak par exemple, des milliers de djihadistes saoudiens étaient partis vers Bagdad. À leur retour, il a fallu les déradicaliser afin d’éloigner toute menace terroriste au sein du Royaume.

Une vision à 360 degrés
Depuis lors, le royaume saoudien déploie une diplomatie à 360° et entend bien parler à tout le monde. Il est aujourd’hui membre des Brics, signe la détente en mars 2023 avec son voisin iranien. Garante de cet accord, la Chine, avec qui le royaume multiplie les contacts. Pékin est aujourd’hui le premier partenaire commercial de Riyad et le premier importateur de pétrole saoudien. Les liens se multiplient aussi avec l’Inde, ils se renouent avec la Turquie et se renforcent avec la Russie (l’Union soviétique est l’un des premiers pays à reconnaître l’Arabie) et Poutine s’y rend fin 2023, bien que ce dernier soit visé par un mandat d’arrêt de la CPI. Mais MBS reçoit aussi à trois reprises le président ukrainien Volodymyr Zelensky et fournit à Kiev neuf avions.

Depuis la chute de Bachar el-Assad en Syrie et l’affaiblissement de l’Iran, qui a laissé un énorme vide stratégique, Riyad est retour. Une réunion interministérielle d’aide à la Syrie s’est tenue dans le royaume, en présence de tous les pays du Golfe, ainsi que les chefs de la diplomatie égyptienne, libanaise et jordanienne, des membres du Conseil de coopération du Golfe, de la Ligue arabe, de l’ONU etc. Le nouvel homme fort de Damas Ahmad el-Charaa y a effectué son premier déplacement à l’étranger début février. L’Arabie saoudite, c'était également le premier déplacement du ministre des Affaires étrangères syrien en janvier. Riyad représente aujourd’hui un potentiel investisseur de taille pour la Syrie, mais également un allié qui peut l'aider à réintégrer le monde arabe et la scène internationale.

Quant au Liban, MBS a pesé de tout son poids avec la France et les États-Unis pour permettre l’élection du général Aoun à la présidence et a désigné un envoyé spécial pour le pays du Cèdre, un symbole qui a toute son importance car le royaume avait stoppé toute aide financière à Beyrouth à cause de l’omniprésence du Hezbollah. Le nouveau dirigeant libanais va de son côté effectuer son premier voyage à l’étranger ce 2 mars pour se rendre en Arabie saoudite. Le royaume pratique aujourd’hui la « polygamie diplomatique », selon les termes du journaliste français Georges Malbrunot.

Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Charaa (C), accompagné du ministre des Affaires étrangères Asaad al-Chibani (G), rencontrant le prince Mohammed ben Abdulrahman ben Abdulaziz, gouverneur adjoint de la région de Riyad, à leur arrivée à Riyad pour la première visite à l'étranger de M. Charaa, le 2 février.
Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Charaa (C), accompagné du ministre des Affaires étrangères Asaad al-Chibani (G), rencontrant le prince Mohammed ben Abdulrahman ben Abdulaziz, gouverneur adjoint de la région de Riyad, à leur arrivée à Riyad pour la première visite à l'étranger de M. Charaa, le 2 février. AFP - -
Un alignement de vues avec Washington
Aujourd’hui, Riyad se propose de jouer les médiateurs d’un accord entre les États-Unis et l’Iran, sur le nucléaire notamment, auquel Donald Trump se dit prêt. Mais l’Arabie saoudite à une ligne rouge : le conflit israélo-palestinien. Aucune normalisation avec Israël ne se fera sans contrepartie pour les Palestiniens. Il en va de l’aura régionale du royaume et MBS n’entend pas finir comme l’Égyptien Anouar el-Sadate, assassiné après avoir entrepris des négociations avec Israël.

L’alignement de vue entre Riyad et Washington est lointain. « Le prince héritier Mohammed ben Salman a une grande vision et est très respecté dans le monde entier », a répondu Donald Trump à une question de la chaîne saoudienne Al-Arabiya sur le conflit en Ukraine. Mais quand le président américain a indiqué ses plans pour le futur de la bande de Gaza, les tensions ont été immédiates. « Maintenant, avec ce discours choc, l'idée était peut-être de pousser un peu plus les Saoudiens sur la question de la reconstruction, de l'argent qui va être mis pour reconstruire Gaza, pour prendre en main ce dossier parce que les États-Unis ne veulent pas le faire, explique la professeur de relations internationales. Il y a quand même, qu'on le veuille ou non, une forme de chantage. Un pays comme l'Arabie saoudite peut faire beaucoup, certes, mais le problème est la question du politique. Et là, on n’a vraiment aucune visibilité. »

Malgré cela et bien que le prince héritier soit proche de la Russie, le royaume est un allié quasi-indéfectible des États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Du 7-Octobre jusqu'à son départ de l'administration Biden, le secrétaire d'État Antony Blinken s’est rendu à de multiples reprises à Riyad. MBS est le premier chef d’État étranger à avoir appelé Donald Trump après sa victoire à la présidentielle, le 23 janvier, lui annonçant au passage 600 milliards de dollars d’investissements saoudiens Outre-Atlantique. « Nous travaillons ensemble pour assurer la stabilité dans la région et dans le monde », a déclaré ce 24 février le ministre saoudien de la Défense Khalid ben Salman au secrétaire américain de la Défense Pete Hegseth au Pentagone.























Rfi

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