Jeux et enjeux autour d’une illusion de plan - L’impossible résurrection d’une révolution bâillonnée (Par Mamadou Ndiaye)

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 25 Janvier 2024 à 23:27 modifié le Dimanche 4 Février 2024 01:27

L’évolution de la situation politique dans notre pays durant ces dernières heures est particulièrement déroutante. Si bien que, pour y voir clair, une remontée de la pente, autant dire un retour vers un passé récent, s’impose.


Où serait Ousmane Sonko si l’imprudence, une trop grande confiance en soi sublimée par des compagnons incapables de se rappeler qu’un véhicule c’est un accélérateur et des freins, se serait trouvé à l’heure où nous parlons ? Dehors, pour sûr, en train de humer l’air libre et de réfléchir sur la manière la plus charmante de se tenir sur un fauteuil présidentiel qui n’attendrait alors que la mi-journée du 24 février pour l’accueillir sous les hourras et les vivats d’un peuple presque unanimement acquis à sa cause. Mais le jeune loup aux dents longues, projeté très tôt dans les cœurs des Sénégalais par son discours messianique, a payé au prix fort son immaturité et son insoutenable refus de reconnaître la capacité de nuisance de ses vis-à-vis qui animent le « Système ».
La dissolution du « Pastef », l’incarcération de son leader charismatique, l’emprisonnement systématique de nombre de ses plus proches partisans, tout ceci procède donc d’une mise à mort politique qui n’aurait jamais été possible si les mécanismes de la révolution incarnée par cet homme procédaient d’une démarche plus intelligente, mûrement réfléchie.

Diomaye : une carte à jouer ou une carte déjouée ?

On a laissé donc un bel étalon politique grandir plus vite que de raison, et aujourd’hui, tout le monde – camarades de parti, militants, sympathisants…reçoit les contrecoups d’un chavirement massif, que beaucoup d’analystes de la chose politique avaient vu venir.

Conséquence ? Toutes les solutions imaginées par la grosse machine révolutionnaire pour ne pas rater le si important rendez-vous présidentiel de février prochain ne sont que de purs pis-aller ; et qui plus est, ne tiennent que sur un fil, qu’un délestage peut encore toujours griller, même au bout du bout, même aux derniers instants où le soleil de la Démocratie s’efforcera d’offrir sa vertueuse lumière à la Vérité des urnes.

Ce que nous volons dire par là est qu’il est absolument insensé de jubiler ou de pavoiser parce que le Conseil Constitutionnel a, contre toute attente, validé la candidature du détenu Bassirou Diomaye Faye, l’homme de confiance de l’autre détenu Sonko, sur qui il a décidément jeté son dévolu. Parce que de toute les façons, si les « pastefiens » vivent encore, à tort ou à raison, avec la conviction que des nombreux accablements judiciaires de leur leader jusqu’à son embastillement mouvementé, tout procède d’un plan machiavélique rigoureusement concocté en haut lieu, et de façon très matinale, alors en quoi serait-il donc pertinent de penser que le « monstre froid » qui a creusé la tombe politique du Chef va introduire en plein tournage une si idiote scène d’indulgence, en permettant à son lieutenant de le relayer dans cette course vers le Palais de Roume ?
Sachant surtout que si jamais il y est entraîné (dans ce Palais) par le vent des urnes, le premier acte qu’il va poser sera de libérer son mentor ?
En termes d’hypothèses crédibles, vraiment crédibles, ce qui reste constant et qui malheureusement reste difficile à nier, est que, qui peut le plus peut forcément le moins ; et que cela étant, s’il est vrai que le monstre redouté a pu faire échec à l’énormissime plan A, il s’est sans doute suffisamment préparé aussi pour ne faire des plans B jusqu’au plan Z qu’une seule bouchée, à l’heure voulue.

Mais moins naïfs que les mendiants de réintégration !

De toute évidence, il y a donc quelque chose de foncièrement irréfléchi et naïf, trop naïf même peut être, dans la stratégie par procuration déployée par la troupe « pasteficste » en débandade. Car s’il est vrai que Machiavel se réincarne en certains de nos politiciens, il ne peut prendre la figure d’un sage débonnaire er altruiste que de façon temporaire. Son dessein ubuesque est feu sous la cendre. Il ne meurt jamais. S’il endort et caresse sa proie dans le sens du poil, évidemment, c’est pour mieux l’abattre ! C’est aussi simple que ça.

Ainsi, la transition est donc toute trouvée pour parler de ce fameux Groupe des 15 recalés qui s’est fait recevoir par le Chef de l’Etat pour se plaindre de leur triste sort et l’amener gentiment à le repeindre (leur sort) sous de nouvelles couleurs, qui plus est, à quelques encablures du démarrage officielle de la Campagne électorale.

Ah ! A-t-on jamais vu initiative politique plus saugrenue ? Peut-être jamais. Ceux qui font partie du Collectif et qui ont choisi de se dérober in extrémis (genre Bougane et Mimi), on peut, toute proportion gardée, les considérer comme des miraculés, des élus du Seigneur, qui leur a fait retrouver toute leur intelligence corrective au moment de traverser le sombre fleuve de Ridicule que notre pays ait jamais connu.
Eh oui, les générations futures, en visionnant ces images, riront sans doute à gorge déployée, riront à en perdre le souffle, en regardant ces « talibés » en costumes aller mendier leur réintégration dans la course auprès de l’homme qui n’est plus dans la course, mais qu’ils croient encore assez fort et puissant pour tordre le bras aux Sept Sages du Conseil Constitutionnel.






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Mamadou Ndiaye
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