Jean Paul-Barthélémy : le Jazz d’une triste mélodie de sang

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 26 Octobre 2016 à 09:28 modifié le Mercredi 26 Octobre 2016 09:30

Il aurait été saugrenu que Jean Paul Diaz ne prenne pas position pour son fils et ce serait burlesque de le lui reprocher. Wade a défendu et continue de défendre avec ardeur et ténacité son fils Karim Wade.Macky Sall même a pris la défense de son petit-frère Aliou Sall contre ceux qui l’accusent de s’êtreanormalement trempé dans le pétrole sénégalais.

Dans cette affaire Feu Ndiaga Diouf, ce n’est donc point l’homme politique Jean-Paul Diaz, allié de Macky Sall, qui s’exprime. C’est le père qui assume ses responsabilités pour défendre son fils, qu’il soit coupable ou innocent.

La subjectivité des sorties de Jean-Paul Diaz, d’abord contre le Ministre de l’Intérieur, et ensuite contre le Garde des Sceaux, n’est que l’expression d’une solidarité naturelle, à la limite congénitale d’un père à l’endroit de son fils. La réalité familiale est fondée sur l’amour parental et filial. En s’exprimant devant un mal que vit un fils, une fille, une mère, un père ou un allié familial, c’est la solidarité naturelle qui se manifeste comme donnée constitutive des rapports de sang.

Une subjectivité évidente

Personne n’a donc le droit de reprocher à Jean-Paul Diaz le devoir de prendre la défense de son fils menacé par la force judiciaire. Il est normal qu’un père oriente ailleurs une accusation contre son fils en ayant pour ambition légitime d’œuvrer pour que la Loi et les Institutions de l’Etat s’abstiennent de le blesser par une décision de justice ou un acte d’autorité qui l’anéantit.

Ce serait une tragédie quand un membre d’une famille soit abandonné par les siens pour une question politicienne de pouvoir. Au Togo, Faure Gnassingbé et son frère Kpacha Gnassingbé se sont mené une lutte farouche pour le contrôle du pouvoir à la mort de Eyadéma. Ce spectacle fut un drame national pour leur pays avec l’embastillement de Kpacha. La politique a brisé tragiquement cette famille.

Le mérite de Jean-Paul Diaz est donc de s’ériger dans le contexte actuel non en homme politique, mais en père de famille qui, le cœur meurtri, la conscience troublée et la mort dans l’âme, se dresse pour protéger son fils. Ce n’est quand même point un délit mais plutôt une responsabilité assumée.

Le point de départ pour un rapport correct entre les membres d’une famille qui se sent ciblée ou atteinte,est la reconnaissance pour la société de l’évidence de la subjectivité qui les anime. En défendant son fils Barthélémy Diaz et en prenant l’autorité d’Etat impliquée comme l’incarnation du démon, Jean-Paul Diaz ne fait qu’exprimer et garantir l’identité authentique de sa famille. Faute de Barthélémy, erreur de Feu Ndiaga Diouf

Les sorties au vitriol de Jean Paul sont la mélodie atrabilaire d’un Jazz qui sanglote, sanglote et sanglote en psalmodiant la complainte d’une famille qui a mal.

Il est dans la même situation que Abdoulaye Wade qui lance des flèches contre Macky Sall dont le régime a mis aux arrêts son fils. La politique ne peut et ne doit d’ailleurs point absorber, ni substituer, ni réduire la dimension étroite d’une famille. Autant la société doit être solidaire à la famille de feu Ndiaga Diouf, autant elle doit reconnaitre le droit de la famille de Barthélémy Diaz d’être sur la défensive.

Barthélémy Diaz est fautif pour avoir dégainé un revolver, tiré et déclaré avoir tué, même s’il s’est rétracté avec la marche du temps. Mais Ndiaga Diouf a aussi commis la grosse erreur de se laisser transformer en marionnette par un clan politique pour être de ceux qui

 ont assailli la Mairie de Sacré-Cœur-Mermoz. Il est mort. Que la terre lui soit légère. Mais il s’est lui-même jeté dans un chaos mortel. Son erreur et la responsabilité supposée de Barthélémy Diaz sont aujourd’hui le chœur d’un Jazz judiciaire qui chagrine deux familles.
 
Le Piroguier
Cheikh Amidou Kane
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