Une fois les pieds posés sur le sable de Ngor, les sollicitations des filles de joie pleuvent de partout. «Baye Fall bi, désirez-vous une chambre, une tente ou un parasol ». Un jeune homme, la vingtaine dépassée, me sert de guide et me promet un moment de détente inégalée. Pendant que nous nous faufilons sur les étroites allées de l’île, je m’avance presque hésitant avant de lui faire part de ma volonté plutôt cocasse. « Où puis-je me procurer les services d’une fille de joie ? », lui demandais-je.
Un instant après j’entends mon guide du jour dire au téléphone : «Tu es où ? J’ai du travail pour toi ». Et quelques minutes après, surgissent deux dames. La conversation lancée, je prends mes aises avant qu’elles ne me conduisent vers leurs repères. Dès mon entrée dans la chambre, mon guide prit congé. Les deux femmes, assises devant moi, me demandent de faire un choix…
Nous discutons prix. Je lui propose 2000 Fcfa, mais juste pour une conversation. Native du village de Nadem, à 120 km à l’Est de Dakar, dans la région de Thiès, Eva n’a pas atterri sous une tente par choix, mais par accident de parcours. Ancienne étudiante de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Eva n’a pas honoré les attentes de la Faculté de Droit. Après avoir cartouché durant deux ans, elle jette l’éponge. Entre pressions sociales, attentes parentales et propre fierté, «j’ai dû trouver un autre moyen de subsistance», se justifie-t-elle. C’est autre moyen et bien, c’est la prostitution.
Elle a trouvé son filon sur l’île paradisiaque de Ngor. Avec un gain journalier de 15.000 Fcfa par jour soit 450.000 Fcfa par mois, il n’est pas facile d’arrêter cette activité. Mais à l’occasion des fêtes ou vacances universitaires, Eva retourne dans son village de Ndem en tant qu’étudiante.
Après une journée de travail bien remplie, c’est à Scat Urbam que Eva s’offre du repos. Elle partage un petit appartement avec trois autres copines qui exercent le même métier dans tous les lieux huppés de Dakar.
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