Des images d'apocalypse, des rues transformées en torrent et des montages de voitures ont fait le tour du monde. Ce que beaucoup appellent déjà « la pire goutte froide du siècle » commence à se déplacer vers la Castille-La Manche et surtout l’Andalousie.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé jeudi 31 octobre les habitants de la région de Valence, dévastée par des inondations meurtrières, à « rester chez eux » et à écouter « les appels des secours d'urgence », le risque étant encore présent. L'épisode de mauvais temps à l'origine de ces inondations « continue », a déclaré à la presse Pedro Sanchez au terme d'une visite à Valence, capitale de la région éponyme qui a enregistré le plus grand nombre de victimes.
Le roi Felipe VI s'est également exprimé, déclarant que l'épisode météorologique « n'est pas encore terminé ». Dans une allocution lors d'une cérémonie à Madrid, le souverain espagnol a souligné que « dans certains cas, il y a toujours des prévisions de risque », dans une référence apparente à l'annonce par l'Agence nationale de météorologie (Aemet) d'une « alerte rouge » (risque le plus élevé) pour la province de Castellón, située au nord de Valence.
C'est en tout cas d'ores et déjà officiellement une catastrophe nationale. Trois jours de deuil ont été décrétés à l'échelle de tout le pays par Pedro Sanchez, le chef du gouvernement, qui a assuré que tous les moyens seront mis à disposition pour « nous récupérer de cette tragédie », rapporte notre correspondant à Madrid, François Musseau.
Les habitants ont été surpris par la violence inouïe du phénomène : des immenses vagues d'eau boueuse ont, par exemple, dévalé les rues de Letur, petit village de montagne dans la province d'Albacete, emportant tout sur leur passage. Julian Gil est le directeur de l'école de Letur. Ses élèves et lui ont vécu l'inimaginable.
« C’était tellement soudain ! On ne l’a pas vu venir ! Mardi, autour de 13h15, à la pause de la mi-journée, la rivière qui traverse notre village, Letur, est brutalement sortie de son lit et a tout emporté sur son passage ! Elle a emporté des troncs d'arbres, des maisons. C’était un véritable désastre ! Vous n'imaginez pas la peur que nous avons eue, les élèves et moi. Parce que nous étions à l’intérieur, et on voyait depuis une salle de classe la rivière dévaler la montagne avec toute cette eau », raconte l'enseignant au micro d'Angelica Perez.
Dans la banlieue de Valence, la situation reste très difficile. Mercredi soir, notre envoyée spéciale sur place, Élise Gazengel, a assisté à un véritable exode de la population qui quittait Paiporta et Picanya, deux zones particulièrement touchées en banlieue de Valence, qui dénombrent le plus de victimes. Ces habitants partaient à pied rejoindre Valence avec leurs animaux de compagnie et quelques sacs ou quelques valises pour aller loger chez des proches. Certains nous expliquaient qu'ils préféraient rester sur place malgré le manque d'eau et d'électricité, toujours pour garder leur maison, alors que quelques vols et pillages de supermarchés ont été recensés.
Des signaux d'alerte ignorés ?
Un millier de militaires de l'unité de secours continuent à quadriller la région à la recherche de disparus. Pendant ce temps, des milliers de personnes sont parties à la chasse de leur véhicule. On estime qu'au moins 5 000 ont été totalement détruits par cette tempête d'une violence inouïe, tout comme des édifices, des ponts, des routes. Les trains rapides entre Valence et Madrid ont été stoppés. Deux autoroutes sont toujours coupées, encore jonchées de camions renversés.
Cela n'empêche pas la polémique de s'accentuer entre le pouvoir socialiste à Madrid et le gouvernement régional de droite. Ce dernier n'aurait pas écouté les avertissements de l'Agence nationale de météorologie et aurait informé la population valencienne huit heures plus tard, lorsque les trombes d'eau s'abattaient déjà et faisaient déjà des victimes.
Le système d’alerte en question
Les Espagnols sont aujourd'hui très en colère contre les autorités, car une question se pose. Est-ce que les habitants des zones dévastées ont reçu des alertes à temps pour se mettre à l'abri ? En Espagne, le système d'alerte précoce fonctionne selon un protocole bien spécifique. C'est l'agence nationale de météorologie qui émet un niveau de vigilance en cas de phénomène extrême. Dans le cas de Valence, c'est l'alerte rouge qui est déclenchée mardi matin à 7h31, accompagnée de ce message : « Grande prudence ! Le danger est extrême ! »
Mais ensuite, ce n'est pas au gouvernement central d'en informer le public, mais aux gouvernements régionaux. Cette information passe par un message d'urgence, envoyé via SMS, accompagné d'un son strident, à tous les portables présents dans les zones affectées, qu'ils soient espagnols ou étrangers. Or, mardi, le gouvernement de Valence, actuellement dirigé par l'opposition de droite, n'envoie cette alerte qu'à 20 heures. À ce moment-là, il est déjà trop tard.
Des heures précieuses ont été perdues. Et le président régional, le conservateur Carlos Mazon, va devoir s'expliquer. Ce même Carlos Mazon qui, l'an dernier à son arrivée au pouvoir, avait pris la décision de supprimer l'Unité d'urgence valencienne, la cellule en charge d'organisation des secours, avec comme argument qu'elle coûtait trop cher aux contribuables.
Rfi
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé jeudi 31 octobre les habitants de la région de Valence, dévastée par des inondations meurtrières, à « rester chez eux » et à écouter « les appels des secours d'urgence », le risque étant encore présent. L'épisode de mauvais temps à l'origine de ces inondations « continue », a déclaré à la presse Pedro Sanchez au terme d'une visite à Valence, capitale de la région éponyme qui a enregistré le plus grand nombre de victimes.
Le roi Felipe VI s'est également exprimé, déclarant que l'épisode météorologique « n'est pas encore terminé ». Dans une allocution lors d'une cérémonie à Madrid, le souverain espagnol a souligné que « dans certains cas, il y a toujours des prévisions de risque », dans une référence apparente à l'annonce par l'Agence nationale de météorologie (Aemet) d'une « alerte rouge » (risque le plus élevé) pour la province de Castellón, située au nord de Valence.
C'est en tout cas d'ores et déjà officiellement une catastrophe nationale. Trois jours de deuil ont été décrétés à l'échelle de tout le pays par Pedro Sanchez, le chef du gouvernement, qui a assuré que tous les moyens seront mis à disposition pour « nous récupérer de cette tragédie », rapporte notre correspondant à Madrid, François Musseau.
Les habitants ont été surpris par la violence inouïe du phénomène : des immenses vagues d'eau boueuse ont, par exemple, dévalé les rues de Letur, petit village de montagne dans la province d'Albacete, emportant tout sur leur passage. Julian Gil est le directeur de l'école de Letur. Ses élèves et lui ont vécu l'inimaginable.
« C’était tellement soudain ! On ne l’a pas vu venir ! Mardi, autour de 13h15, à la pause de la mi-journée, la rivière qui traverse notre village, Letur, est brutalement sortie de son lit et a tout emporté sur son passage ! Elle a emporté des troncs d'arbres, des maisons. C’était un véritable désastre ! Vous n'imaginez pas la peur que nous avons eue, les élèves et moi. Parce que nous étions à l’intérieur, et on voyait depuis une salle de classe la rivière dévaler la montagne avec toute cette eau », raconte l'enseignant au micro d'Angelica Perez.
Dans la banlieue de Valence, la situation reste très difficile. Mercredi soir, notre envoyée spéciale sur place, Élise Gazengel, a assisté à un véritable exode de la population qui quittait Paiporta et Picanya, deux zones particulièrement touchées en banlieue de Valence, qui dénombrent le plus de victimes. Ces habitants partaient à pied rejoindre Valence avec leurs animaux de compagnie et quelques sacs ou quelques valises pour aller loger chez des proches. Certains nous expliquaient qu'ils préféraient rester sur place malgré le manque d'eau et d'électricité, toujours pour garder leur maison, alors que quelques vols et pillages de supermarchés ont été recensés.
Des signaux d'alerte ignorés ?
Un millier de militaires de l'unité de secours continuent à quadriller la région à la recherche de disparus. Pendant ce temps, des milliers de personnes sont parties à la chasse de leur véhicule. On estime qu'au moins 5 000 ont été totalement détruits par cette tempête d'une violence inouïe, tout comme des édifices, des ponts, des routes. Les trains rapides entre Valence et Madrid ont été stoppés. Deux autoroutes sont toujours coupées, encore jonchées de camions renversés.
Cela n'empêche pas la polémique de s'accentuer entre le pouvoir socialiste à Madrid et le gouvernement régional de droite. Ce dernier n'aurait pas écouté les avertissements de l'Agence nationale de météorologie et aurait informé la population valencienne huit heures plus tard, lorsque les trombes d'eau s'abattaient déjà et faisaient déjà des victimes.
Le système d’alerte en question
Les Espagnols sont aujourd'hui très en colère contre les autorités, car une question se pose. Est-ce que les habitants des zones dévastées ont reçu des alertes à temps pour se mettre à l'abri ? En Espagne, le système d'alerte précoce fonctionne selon un protocole bien spécifique. C'est l'agence nationale de météorologie qui émet un niveau de vigilance en cas de phénomène extrême. Dans le cas de Valence, c'est l'alerte rouge qui est déclenchée mardi matin à 7h31, accompagnée de ce message : « Grande prudence ! Le danger est extrême ! »
Mais ensuite, ce n'est pas au gouvernement central d'en informer le public, mais aux gouvernements régionaux. Cette information passe par un message d'urgence, envoyé via SMS, accompagné d'un son strident, à tous les portables présents dans les zones affectées, qu'ils soient espagnols ou étrangers. Or, mardi, le gouvernement de Valence, actuellement dirigé par l'opposition de droite, n'envoie cette alerte qu'à 20 heures. À ce moment-là, il est déjà trop tard.
Des heures précieuses ont été perdues. Et le président régional, le conservateur Carlos Mazon, va devoir s'expliquer. Ce même Carlos Mazon qui, l'an dernier à son arrivée au pouvoir, avait pris la décision de supprimer l'Unité d'urgence valencienne, la cellule en charge d'organisation des secours, avec comme argument qu'elle coûtait trop cher aux contribuables.
Rfi