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Inondations à Keur Massar : les parents d’élèves obligés de transférer leurs enfants dans d’autres établissements

Rédigé par Dakarposte le Mardi 10 Octobre 2023 à 11:29 modifié le Mardi 10 Octobre 2023 - 12:13

Des eaux verdâtres et puantes stagnent dans certaines écoles situées à MTOA, un quartier de la commune Keur Massar nord. Les écoles de l’unité 11, 13,14 des Parcelles assainies de Keur Massar entre autres, sont les plus touchées les récentes inondations. Les parents, dont l’essentiel des biens a été englouti par les eaux, font aujourd’hui face aux difficiles heurts de la rentrée des classes. Ils sont obligés de transférer leurs enfants dans d’autres établissements scolaires.


Ils usent de la pointe de leurs pieds, chancellent, font des cabrioles pour traverser les nids de fnge. Le soleil émet ses rayons ardents qui font suer à grosses gouttes du front des passants. A Keur Massar, les habitants de ont tout de même l’amabilité de servir de guides aux étrangers qui empruntent les rues pour leur éviter une infortune. 

« Passez par ici Madame !», incite un d’entre eux, d’un ton fragile et aigu. M. Fall, le Directeur de l’école unité 13, qui était dans les parages, s’amène à pas soutenus, lorsque l’une des deux dames trouvées en train de balayer la cour de l’école le hèle pour ensuite l’informer d’une visite. « A cause de ces inondations, le nombre d’élèves inscrits pourrait être revu à la baisse. Heureusement, l’école a pu bénéficier d’un formidable élan de solidarité. Des jeunes et des bénévoles ont procédé au « setsetal » (grand nettoyage), le weekend dernier. Les gens ont fait preuve d’une générosité incroyable. On a reçu des camions de sables entiers qui sont venus devant l’école, faire un remblai », explique le directeur.

« J’ai préféré les laisser chez leur grand-mère paternelle et les inscrire là-bas»
Après un temps de conversation qui n’aura duré qu’une dizaine de minutes, une jeune femme, la trentaine manifeste, en ressort avec un certificat de scolarité et un bulletin de notes. « Ce sont les dossiers de ma fille, je souhaite la transférer », lance Khadidiatou. D’une beauté discrète avec son foulard bleu, cette dernière est mère de deux enfants dont l’une était en classe de CI.

« Je logeais à la Cité grand Médine de Keur Massar. Notre maison a été envahie par les eaux. Mon mari nous a fait quitter pour nous installer dans sa grande famille aux Parcelles Assainie. Nous ne pouvons pas encore retourner chez nous parce que la maison est tellement insalubre que même les grandes personnes ne pourront y évoluer. En plus de cela, l’accès n’est toujours pas facile. La situation s’est beaucoup améliorée, mais il y a encore des flaques d’eaux qui sont en train d’être pompées. J’ai préféré les laisser chez leur grand-mère paternelle et les inscrire à l’école, là-bas», soutient la dame d’un ton empreint de mélancolie.


C’est parce que dans l’esprit de Léa Traoré taraude une équation qu’elle ne sait encore comment résoudre le problème de la rentrée des classes. « Je serai obligée d’aller voir le directeur de l’école parce qu’il est impossible que les enfants réintègre cette école à cause des eaux stagnantes. Je tiens aux études de mes enfants, parce que moi, je n’ai pas eu la chance de faire les bancs.»

L’école de  l’unité 14, située dans l’un des quartiers de la commune de Keur Massar nord touchée aussi par les inondations, a payé le plus lourd tribut dans les dernières inondations. Les efforts de pompage des eaux se font aujourd’hui sentir sur le terrain. Les populations qui avaient recours aux charrettes pour se déplacer vaquent à leurs occupations avec moins d’entraves qu’avant. Certaines ont même regagné leur domicile pour permettre à leurs enfants de reprendre les classes à l’ouverture.


La quarantaine sonnante, la dame A. Sow, physique grassouillet, le teint passablement dépigmenté, drapée dans un boubou wax, est inquiète par l’état de l’école où ses enfants doivent s’inscrire. L’établissement n’a toujours pas reçu le lifting nécessaire. La plaque verdâtre qui colonise la cour rappelle aux parents les durs moments vécus durant les inondations. « Je suis inquiète pour la rentrée des enfants parce que l’eau n’est toujours pas partie. Je ne peux ni les transférer, ni les laisser chez leurs grands parents pour qu’ils aillent  étudier là-bas. Je ne pourrai pas supporter les frais de transport», explique cette vendeuse de légumes trouvée dans une des nombreuses ruelles entrelacées de ce quartier de Keur Massar. 

« Plus de 30% de nos élèves du préscolaire et de l’élémentaire sont partis »
A quelques rues de là, est implanté, depuis 2003, l’école de l’unité 16, un établissement en plein dans la lutte contre les inondations depuis des années. Un fait constaté dès qu’on se pointe au seuil de l’école. Un établissement devant lequel traversent deux tuyaux de diamètres différents qui charrient les eaux dégagées par la motopompe installée à environ 500 mètres. Il n’est toujours pas aisé de se rendre dans ce bâtiment R+1. La rue qui y mène est envahie par la boue. Preuve que l’école a vécue au cœur des inondations, il est impératif de marcher sur les chaussées des maisons.

«Dans cette zones, presque deux écoles sont affectées par les eaux. Ce qui fait que nous avons reçu plusieurs cas de transfert d’élèves dont les parents se sont déplacés à cause des eaux. Plus de 30% de nos élèves du préscolaire et de l’élémentaire sont partis parce qu’ils n’habitent plus dans la zone. Là, c’est moins grave parce que le parent peut chercher un dispositif de transport ou laisser l’enfant chez un proche», renseigne la Directrice de l’école Isseu Diagne. 


Selon elle, plusieurs parents ont souhaité retourner dans leurs localités d’origine pour fuir les inondations. «Il y a des gens qui quittent leurs maisons pour regagner la grande famille, dans leurs villages. Nous avons reçu des transferts pour la Casamance, le Fouta… », poursuit-elle. Et ce n’est pas le seul cas de figure auquel elle fait face. «Certains sont venus inscrire leur enfant et demander qu’on leur accorde 10 à 15 jours pour pouvoir rejoindre leur maison parce que les eaux sont toujours dans la zone. Il y a des maisons qui ne sont pas encore entièrement débarrassées des eaux», ajoute la directrice qui y habite elle aussi.

« Ma fille a perdu toutes ses fournitures dans les eaux »

Tout comme MTOA, les populations du quartier Darou Missette ont vécu des journées sombres et des nuits blanches du fait des inondations. « Ma fille a failli perdre ses fournitures le jour même de la rentrée à cause de la boue. La petite a eu la chance de tomber sur une directrice compréhensive et sensible à la situation ». Mais d’après cette dame au physique svelte couvert par une robe bicolore jaune-rouge, tout est parti dans les eaux. «Toutes ses fournitures étaient au complet pour la classe de Cm1. Elle avait reçu livres, cahiers, stylos, tout. 
L’école de « Boune » compte elle aussi, ses départs. Chassés de leurs maisons par les eaux, plusieurs élèves sont venus récupérer leur certificat de scolarité pour poursuivre leurs études ailleurs. «Pas plus tard que ce matin, une brillante élève du nom de Maman Ndiaye est passé récupérer ses dossiers. Elle doit rentrer avec ses parents à Fatick parce que leur maison était inondée», dit la directrice de l’école. La dame poursuit : «Nous avons déjà reçu 10 demande de transfert pour le même motif. Nous perdons des élèves brillants à cause des inondations au niveau des écoles et maisons. Nous en perdrons probablement d’autres et nous ne savons pas comment combler ces gaps ». 

Dans la « zone de recasement » des écoles ont été touchées par les inondations, plusieurs transferts ont été enregistrés par des établissements. Même s’il est difficile pour les responsables de ces écoles de faire le lien entre le relogement et les pléthoriques nouvelles demandes d’inscription.



























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