Il réclame 10 millions à Mo Gates pour empêcher son arrestation

Rédigé par Dakarposte le Mardi 4 Février 2025 à 15:44 modifié le Mardi 4 Février 2025 15:45

Placé sous mandat de dépôt le 30 janvier 2025 pour tentative d’escroquerie, Issa S. est poursuivi en justice par Mohamed Bakara Diallo alias Mo Gates. Il a réclamé 10 millions de francs à l’homme d’affaires et célèbre « milliardaire » vivant aux Usa pour, dit-il, empêcher son arrestation sur ordre du procureur de la République près le tribunal de grande instance de Dakar. `


Tout part d’une condamnation assortie d’un mandat d’arrêt contre Mohamed Bakara Diallo alias Mo Gates. Devant cette décision de justice, Issa S., administrateur de société, domicilié à Amitié, est entré en contact avec le concerné pour lui faire savoir que son arrestation est imminente. Seulement, il peut l’empêcher en versant 10 millions de francs à monsieur Ibrahima Ndoye, procureur de la République près le tribunal de grande instance de Dakar. Pour vérifier l’information, Mo Gates est parti voir le chef du parquet dans son bureau. Toutefois, ce dernier a infirmé les déclarations de l’escroc présumé qui est une connaissance depuis 20 ans. Pour avoir suffisamment de preuves contre le mis en cause, Mo Gates l’a immédiatement appelé en activant le haut-parleur. Au cours de l’entretien téléphonique, l’avocat de la société a ainsi entendu son « ami » réitéré ses propos « mensongers ». Arrêté, Issa S. a nié les faits lors de l’enquête, arguant que le représentant du Ministère public n’a pas bien entendu ce qu’il a dit. Malgré ses contestations, le quinquagénaire, marié, père de trois enfants, a été déféré au parquet. Sachant que les carottes sont cuites, il plaide coupable. Issa est ainsi inculpé pour tentative d’escroquerie, puis envoyé en taule le 30 janvier 2025. Attrait hier, à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, le prévenu clame son innocence. « On m’a forcé à reconnaître les faits devant le procureur », a-t-il lancé. Sur ces entrefaites, la partie civile a sollicité un renvoi pour faire comparaître le procureur, Ibrahima Ndoye comme témoin, mais aussi constituer un avocat. Le président de la séance n’a pas accédé à sa requête.

Il a continué les débats. « Je n’ai jamais appelé la partie civile. C’est lui qui m’a appelé. Trois jours après, je me suis retrouvé ici. C’est Libasse qui lui a remis mon numéro », a allégué le prévenu qui s’est enfermé dans ses dénégations. En revanche, le comparant a avoué qu’il connaît le procureur Ibrahima Ndoye depuis plus de 20 ans. Mo Gates a, de son côté, maintenu ses accusations : « Issa m’a appelé pour me dire que le procureur de la République voulait m’arrêter, car il y a un mandat d’arrêt contre moi. Il m’a dit qu’il travaillait pour le maître des poursuites. Ainsi, il m’a réclamé 10 millions de francs pour régler le problème au niveau du procureur. Quand je suis allé voir celui-ci, il m’a fait savoir qu’il n’envisage pas mon arrestation. J’ai appelé le prévenu devant lui et Issa a réitéré ses déclarations ». Malgré la constance des faits, le substitut du procureur n’a pas requis une peine. Il a juste fait des observations. Dans un premier temps, il a soutenu que le tribunal aurait dû renvoyer l’affaire pour permettre à la partie civile de prendre un avocat. « Ses droits devaient être respectés au même titre que ceux du prévenu qui a constitué trois avocats », peste-t-il. Relativement aux faits, le représentant du Ministère public a manifesté son amertume, soulignant qu’ils portent atteinte à l’image de la justice. « Jamais dans ce procès-verbal, vous n’avez vu le prévenu reconnaître les faits. Il a fait l’objet de lynchage lors de la réunion du parquet. On lui a dit vous reconnaissez les faits ou bien on vous envoie en instruction », a dénoncé Me Gaye, un des avocats de la défense.



Selon lui, la partie civile fait l’objet d’une condamnation et un mandat pèse sur lui. Néanmoins, déplore-t-il, il est allé voir le procureur. « Aujourd’hui, il ose porter son plus bel costume pour venir à la barre. Tout le monde pense que c’est un milliardaire. Il a escroqué plusieurs personnes aux États-Unis. Nous avons beaucoup de dossiers contre lui », a affirmé Me Gaye qui a donné rendez-vous au 6 février prochain dans un dossier qui oppose le frère de la partie civile au neveu du prévenu. Mes Omar Faty et Maïmouna Dièye ont abondé dans le même sens en demandant la relaxe du prévenu. Ils ont ainsi introduit une demande de mise en liberté provisoire. Compte tenu de la « persistance du trouble à l’ordre public » et du « défaut de garantie suffisante de représentation en justice », le parquet a rejeté la requête des robes noires. Il a été suivi par le président du tribunal qui a mis l’affaire en délibéré au 10 février prochain. Issa S. est ainsi retourné en taule.













rewmi
```
Recommandé Pour Vous