La cour d'assises du Brabant wallon, au terme de plus de six heures de délibération, a condamné lundi soir Hassen Ben Ammar, un ressortissant tunisien né en 1983, à 22 ans de réclusion pour le meurtre de son épouse Delphine Purnelle et la tentative de meurtre commise sur sa belle-mère. Les faits avaient été commis le 19 janvier 2014 à Villers-la-Ville. Ne reconnaissant aucune circonstance atténuante à l'accusé, la cour a opté pour une motivation sévère de son arrêt. On y lit notamment que l'accusé n'a épargné "aucune horreur" à son fils de 13 mois, qui a assisté au drame.
L'arrêt, soulignant l'extrême gravité des faits et la présence de l'enfant sur les lieux, indique explicitement que l'accusé a laissé son enfant baigner dans le sang de sa mère, pendant qu'il poignardait sa belle-mère. Il souligne également qu'Hassen Ben Ammar n'a pas tenté de porter secours aux victimes et que s'il a fini par appeler le 101, ce ne fut pas son premier réflexe après avoir porté deux coups de couteau mortels à son épouse et douze coups de couteau à sa belle-mère.
Encore aujourd'hui, d'après la cour, l'accusé ne perçoit "aucunement" la détresse de son épouse, victime de dépression. Quant à la "pression" qu'il a invoquée en cours de procès en se plaignant de l'omniprésence de sa belle-mère dans la maison du couple qu'il formait avec Delphine Purnelle, l'arrêt rendu lundi soir constate que dans la culture méditerranéenne qui est celle de l'accusé, la présence des ascendants sous le même toit que les époux est fréquente. La situation de cohabitation à Villers-la-Ville ne peut donc pas expliquer les "actes destructeurs" d'Hassen Ben Ammar.
Duplicité
La cour relève encore que dans des conversations Facebook, l'accusé a évoqué plusieurs fois le mot "vengeance" devant l'insoumission de sa jeune épouse, qui ne voulait pas renoncer à boire de l'alcool et à fumer des joints. La décision considère aussi que l'accusé à instrumentalisé la police en dénonçant Delphine Purnelle, qu'il isolait socialement et psychologiquement. Tout en se présentant en victime d'une épouse qui consommait du cannabis, l'accusé n'accorde en revanche aucune importance au franchissement des limites qu'il s'autorisait, par exemple en travaillant au noir, en vendant des produits dopants interdits ou en déposant une fausse attestation devant la cour d'assises. Et l'arrêt d'évoquer une "duplicité" de l'accusé.
Si aucune circonstance atténuante n'est formellement retenue par la cour, l'arrêt rendu lundi soir, pour fixer le taux de la peine, retient tout de même que l'accusé est en aveu depuis le premier jour, n'a pas d'antécédents judiciaires, manquait de repères en vivant dans un pays qui n'est pas le sien, et reconnait qu'il existe une extrême difficulté à vivre avec une personne dépressive. Sa volonté de travailler en Belgique et les efforts qu'il a consenti depuis son incarcération sont également mentionnés dans l'arrêt.