Idrissa Seck, le calme après la tempête

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 28 Janvier 2021 à 10:25 modifié le Jeudi 28 Janvier 2021 10:27

Après avoir longuement occupé l’espace médiatique suite à sa nomination au Conseil économique social et environnemental (Cese), Idrissa Seck s’est encore éclipsé. Le leader de Rewmi est redevenu aphone, comme à son habitude. Après la parole, le temps du travail semble avoir sonné chez le nouvel allié du chef de l’Etat, Macky Sall.
Comme un air de renaissance. Avec son entrisme dans la majorité présidentielle suite au remaniement… institutionnel intervenu le 1er novembre 2020, Idrissa Seck est apparu à l’opposé de celui qu’on connaissait dans l’espace politique, surtout au plan communicationnel. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, presque tous les observateurs étaient d’accord que le président du Rewmi est un leader politique à la parole rare. Mais ça, c’était avant. Du temps où il était de l’autre côté, loin de la majorité politique. Avec tous les commentaires négatifs qui ont accompagné sa  nomination à la tête du Conseil économique Social et environnemental (Cese), le nouvel allié de Macky Sall s’est révélé (trop ?) loquace, s’exprimant volontiers et abondamment sur tous les sujets, toujours collé aux bottes de son «patron», Macky Sall. Puis, l’on a encore retrouvé le Idrissa Seck d’avant, silencieux et effacé. Il communique plus via les réseaux sociaux comme un commissaire-priseur qui vante à la criée les mérites de son nouveau maître politique. Cet adversaire d’hier, ce «traître» longtemps brocardé dans la presse, chez qui l’on cherche aujourd’hui une certaine fraternité, une gémellité. Passé le temps de la justification, l’heure est au travail chez le patron des rewmistes. «Idrissa Seck est bien là. Il est en train de travailler parce qu’il ne peut pas passer tout son temps à communiquer aussi. Il va presque tous les jours à son bureau et mène ses activités. Pas plus tard que vendredi passé, il y était», souffle un de ses proches collaborateurs.
   
  «Idrissa Seck est en train de donner corps à son cabinet»
  Dans ce contexte, Idrissa Seck a, selon ses proches, juste compris que «les actes sont plus éloquents que la parole et que bien faire vaut mieux que bien dire». «Au Cese, tout fonctionne normalement. Le Président Idrissa Seck procède quotidiennement au travail avec son cabinet et le personnel. Parallèlement, il continue à donner corps à son cabinet. Il nomme ses collaborateurs  graduellement. Il reçoit, donne des directives, écoute, ficelle des projets...pour le bien-être du peuple sénégalais», affirme Mory Gueye, secrétaire national de la jeunesse de Rewmi. Mais, avec le Covid-19, il a dû revoir son agenda. «Il n’y a plus d’audience, mais les gens travaillent», rapporte-t-on. Ce qui ne l’empêcherait pas de dérouler son programme, dans le respect strict des mesures édictées par les autorités étatiques et sanitaires. «Depuis l'apparition de la deuxième vague de la pandémie à Covid-19, le télétravail est privilégié au Cese, notamment les réunions de son cabinet via Zoom ou les autres plateformes digitales», poursuit, Mory Gueye qui rassure qu’Idrissa Seck est conscient des attentes qui pèsent sur lui. Surtout que trop de communication tue la communication. D’ailleurs, les prédictions du Docteur en communication Diouma Diallo se sont avérées. L’expert en communication a toujours été convaincu qu’Idrissa Seck reviendrait à ses vieilles habitudes. «Ce qu’il faut surtout dire, c’est que l’homme politique qu’il est n’a jamais été dans des stratégies d’occupation de l’espace médiatique. Il y a donc de bonnes raisons de croire qu’il va faire profil bas dans les médias et attendre le moment opportun pour prendre la parole. Idrissa Seck reste convaincu que le temps sera son meilleur allié pour faire oublier cet épisode et le réconcilier, éventuellement, avec ses militants et sympathisants qui constituent sa base électorale.»
   
  «Il n’y a pas une actualité politico-médiatique qui puisse mettre Idrissa Seck en avant»
  Dans cette nouvelle posture de Idrissa Seck, il faudra aussi y voir, selon le Docteur en communication, Momar Thiam, une absence de tribune pour s’exprimer. «Si Idrissa Seck était dans une  communication tous azimuts, c’était pour montrer qu’il existe bel et bien. Ce qui tranchait radicalement avec sa posture silencieuse qui était aussi une forme de communication attentive. Maintenant, s’il se tait, c’est parce que à part la tragédie de la Covid-19, il n’y a pas une actualité politico-médiatique qui puisse le mettre en avant», explique Dr Thiam. Pour le directeur de l’École des Hautes études en information et en communication (Heic Dakar), au début, Idrissa Seck était dans l’optique d’être un Président du Cese qui n’existerait que par la communication parce que le Président du Cese n’existe qu’une fois dans l’année, au moment de déposer son rapport d’activités ou son rapport de présentation des préconisations des recommandations à l’endroit du gouvernement du président de la République. «Il ne pouvait pas être dans un silence assourdissant et permanent.  C’est normal. Il fallait exister pour pouvoir capitaliser la valeur ajoutée de tout ce qu’il a fait jusque-là parce que l’opinion, dans sa grande majorité, a dénoncé quelque part, sa position.» Donc, après avoir tenté plusieurs fois de justifier son ralliement à la mouvance présidentielle, Idrissa Seck est passé à l’essentiel. «Idrissa Seck s’occupe peut-être de son cabinet, de ce qui reste du Rewmi et cela demande un silence républicain, managérial. Il n’a pas besoin de s’épancher dans la presse et quelque part, ça se comprend plus ou moins», analyse Dr Thiam.
   
  L’arrivée de Idrissa Seck a été accompagnée de plusieurs supputations. Une certaine presse a même fait état d’un deal dont l’acte final aurait été paraphé sur les bords de la Seine à Paris. D’autres ont parlé de fortes sommes d’argent qui auraient guidé le choix du Président du Rewmi, de s’allier avec son ennemi d’hier. Mais, aussi nombreuses qu’ont été ses sorties après sa nomination, Idrissa Seck s’est toujours gardé de répondre à ces accusations, se limitant à justifier sa décision par le contexte mondial dû à la pandémie du Covid-19. Au vu de tout cela, Dr Momar Thiam reste d’avis que la nouvelle posture de Idrissa Seck peut être justifiée. «La presse a parlé d’un protocole de Paris qui lierait Idrissa Seck à Macky Sall et il n’y a pas eu de démenti, ni par lui-même, ni dans le camp du pouvoir, notamment de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby), ni dans le camp de l’Alliance pour la république (Apr), ni au niveau du président de la République. Il a besoin de se faire de l’intérieur pour mieux rebondir et pour ça, un silence s’impose un moment.»
  CODOU BADIANE
Mamadou Ndiaye
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