Ibrahima Kane, directeur général Air Sénégal SA: « Il y aura un glissement de la mise en œuvre du plan de développement d’Air Sénégal »

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 14 Octobre 2020 à 23:00 modifié le Jeudi 15 Octobre 2020 02:14

Après une année 2020 difficile due à la pandémie de la Covid-19, Air Sénégal Sa se projette déjà sur l’avenir à travers un plan de relance que ses dirigeants entendent mettre en œuvre avec le soutien des plus hautes autorités. Son directeur général, Ibrahima Kane, revient, dans cet entretien, sur les mois difficiles traversés par la compagnie nationale et décline les stratégies qui devraient permettre de poursuivre son développement.


Comment Air Sénégal a vécu la pandémie de la Covid-19 ?

Comme pour toutes les compagnies du monde, la situation sanitaire a beaucoup affecté nos opérations. Les frontières fermées progressivement ont conduit à une activité quasi inexistante dans le secteur. Air Sénégal a connu, dans un premier temps, une phase de résilience pendant laquelle nous avons réduit au maximum nos engagements financiers tout en participant à l’effort sanitaire par des vols de rapatriement et des vols de fret. Nous entamons maintenant la phase de relance qui s’étend sur les mois et années à venir avec un appui  déterminant de l’État du Sénégal.

En termes de manque à gagner, comment se présente le tableau ?

Nous projetons, en 2020, une baisse du nombre de passagers transporté de l’ordre de 33 % comparé à l’année 2019. C’est un impact critique et majeur, même si nous nous situons dans la fourchette basse de l’industrie. Nous avons eu, entre autres, l’opportunité d’opérer des vols de rapatriement en provenance de l’Afrique et de l’Europe, pour ensuite reprendre progressivement les vols.

La pandémie est survenue au moment où on peut dire que la compagnie prenait son envol. Jusqu’à quel point cette crise sanitaire risque-t-elle de ralentir le développement d’Air Sénégal ?

Nous sommes, aujourd’hui, face à une situation exceptionnelle et sans précèdent. Les certitudes et planifications peuvent changer du jour au lendemain. Il serait hasardeux de se prononcer sur ce sujet. Je peux dire qu’Air Sénégal résiste relativement bien pendant cette période difficile. Actuellement, nous opérons sur sept destinations (Paris, Marseille, Barcelone, Abidjan, Conakry, Ziguinchor, Bamako) et sommes sur le point de lancer une nouvelle destination : Milan. Le voyageur-type a aussi changé. Il y a moins de touristes et peu d’hommes d’affaires dans la mesure où les séminaires et conventions ont été annulés depuis un certain temps. Aujourd’hui, la clientèle est locale et fait des allers-retours ou par nécessité. Il y aura donc un glissement de la mise en œuvre du plan de développement d’Air Sénégal.

Tout cela ne risque-t-il pas de remettre en cause les stratégies que vous aviez mises en place lorsque vous avez été porté à la tête de la compagnie ?

Bien évidemment ! Nous sommes, aujourd’hui, dans une période où nous devons nous adapter aux nouvelles conditions du secteur dues à cette crise sanitaire. Notre stratégie à long terme sera mise en œuvre sur un délai plus long. Au moment de la reprise, la concurrence sera bien plus ardue. Cela nous oblige à revoir notre organisation et la renforcer avec un accent particulier sur le marketing et le commercial. Nous considérons également que cette crise est une opportunité pour accélérer l’amélioration de notre service aux passagers. Ainsi, sur les mois de septembre et octobre, nous arrivons, par exemple, à des niveaux de ponctualité supérieurs à 90 %. Beaucoup de travail reste encore à faire et je souhaite profiter de l’occasion que vous m’offrez pour remercier encore le personnel de la compagnie pour son engagement. Je remercie également nos passagers pour leur confiance.

Comment êtes-vous arrivés à maintenir à flot la compagnie durant la fermeture des espaces aériens ?

Comme toutes les compagnies, nous avons continué à opérer des vols de rapatriement vers la France, l’Italie, la Grande-Bretagne, la Côte d’Ivoire, etc. Nous avons aussi fortement augmenté nos revenus de fret aérien. Au-delà de ces revenus, nous avons mis en œuvre un plan de réduction de nos charges avec l’accord du personnel de la compagnie, de nos fournisseurs et banquiers. Enfin, et cela est absolument déterminant, nous avons bénéficié de l’aide et du soutien de l’État.

Le plan de relance de la compagnie est inclus dans celui de relance globale de l’économie sénégalaise lancé récemment par le Président de la République. Pour Air Sénégal, comment cela va-t-il se passer concrètement ?

Nous nous réjouissons du soutien sans faille du Chef de l’État à travers le plan de résilience Covid-19.  L’État du Sénégal a ainsi octroyé un apport financier de 45 milliards à la compagnie nationale. En plus de son impact financier direct, cet apport a été un signal fort pour l’ensemble de nos partenaires qui, aujourd’hui plus que jamais, nous font confiance et pensent que notre compagnie nationale sera parmi celles qui traverseront cette crise et bénéficieront des opportunités à venir.



























Le Soleil
Mamadou Ndiaye
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