Le prédisent burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, a accordé vendredi dernier, une longue interview à trois médias de la place, au cours de laquelle il a passé en revue des sujets comme la lutte contre le terrorisme, les tentatives de déstabilisation des institutions par certains acteurs politico-militaires stipendiés, l’organisation des futures élections et tutti quanti.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que certains Burkinabè sont sortis tout estourbis de cet entretien, le chef de l’Etat ayant ruiné à l’occasion leurs espoirs de voir le Burkina renouer avec les élections dès la fin de cette transition prévue pour juillet 2024, comme il s’y était lui-même engagé.
Le capitaine Ibrahim Traoré a, en effet, martelé qu’il n’y aura pas de votes au Burkina Faso aussi longtemps que les sauvageons de terroristes n’auront pas capitulé et libéré les zones qu’ils ont conquises. Il est d’ailleurs ébaubi du fait que des Burkinabè appellent à l’organisation d’élections dans ce pays dont une bonne partie échappe au contrôle de l’Etat, avec tous ces risques de mettre la vie des candidats et de leurs électeurs potentiels en danger.
La fin du terrorisme au Sahel est impossible à prédire
Le message subliminal ainsi lancé à tous ceux qui rêvent de postes électifs, est que ces derniers doivent d’abord contribuer ou participer à la lutte contre l’insécurité et au retour de la paix sur toute l’étendue du territoire au lieu de rester dans l’ombre à tirer à hue et à dia, pour des dividendes politiques égoïstes.
Reste à savoir si les autorités de la Transition pourront faire avaler par tous les acteurs, cette pilule particulièrement amère de la non organisation des élections, au cas où, touchons du bois, la crise sécuritaire perdurait jusqu’à la date qui doit, selon la charte et conformément à l’accord conclu avec la CEDEAO, marquer la fin du processus en cours.
Rien n’est moins sûr, surtout quand on sait désormais que la fin du terrorisme au Sahel est impossible à prédire, et qu’on ne peut pas gagner une guerre asymétrique en un temps record comme l’ont appris à leurs dépens, de grandes puissances militaires comme les Etats-Unis, la France et la Russie.
On peut dès lors se demander si cette sortie du président Traoré ne va pas pousser les politiciens de métier et de carrière à sortir du bois malgré la suspension de leurs activités, pour ruer dans les brancards et exiger le respect strict du calendrier de la Transition.
En tout état de cause, cet art de se dribbler soi-même tout en gardant le ballon, si c’est de cela qu’il s’agit, pourrait être un pari risqué pour celui qui pensait pouvoir « émasculer » les terroristes et leurs complices dans un délai rélativement court, d’autant qu’il pourrait fédérer tous ceux qui se sentent marginalisés, pour ne pas dire martyrisés depuis l’avènement du MPSR2, qui y voient déjà une entourloupe des autorités militaires pour continuer à gérer le pouvoir d’Etat.
Pour le « peuple » qui ne jure que par Ibrahim Traoré, le bon sens veut, selon eux, qu’au regard du florilège de bonnes intentions de leur champion dévoilées pendant l’interview et de toutes les réformes en-veux-tu-en-voilà promises par ce dernier, les Burkinabè lui accordent bien plus qu’un « lenga » à la tête de l’Etat.
Ces arguments, bien que développés par des partisans endoctrinés du régime, ne sont pas dénués de pertinence quand on sait que le capitaine Traoré est, quoi qu’on dise, l’un des présidents les plus volontaristes et les plus engagés dans la lutte pour la survie territoriale du Burkina.
Pour autant, il devrait, tout en restant droit dans ses Rangers face aux grands défis de l’heure, faire preuve de flexibilité et de mesure dans certains cas, en créant les conditions d’un consensus minimum autour des questions qui touchent notamment à la vie politique et sociale de ses concitoyens.
La place du chef de l’Etat doit être au-dessus de la mêlée
Car, à vrai dire, tous ceux qui ont l’esprit critique ne sont pas forcément des ennemis de la Transition, tout comme toutes les personnes dogmatiques qui forment la « muraille de Chine » autour du régime, pourraient ne pas être d’une grande utilité si les choses venaient à déraper.
La place du chef de l’Etat doit donc être au-dessus de la mêlée, afin de ne pas donner des arguments aux branquignols et aux 3e couteaux qui seraient tentés, par dépit ou en désespoir de cause, de se lancer dans des entreprises de sabotage et/ou de déstabilisation.
La dernière tentative du genre, ourdie selon le président Traoré, par des valets locaux de l’impérialisme, a certes fait flop, mais pourrait laisser des traces dommageables à la cohésion de nos forces de défense et de sécurité, avec des conséquences regrettables sur les opérations sur le terrain. Il faudra gérer cette délicate situation avec beaucoup de tact, car le Burkina Faso n’a pas besoin, à l’heure actuelle, d’une profonde crise politico-militaire qui complexifierait davantage la lutte contre le terrorisme que l’équipe au pouvoir dit avoir introduite sur les chapeaux de roue, avec l’acquisition d’équipements en quantité et en qualité, et le recrutement massif de Forces de défense et de sécurité (FDS) et de supplétifs.
Même si les choses semblent pour le moment piétiner avec le nombre de morts et de déplacés internes toujours en hausse, il faut reconnaître que nos « boys » sont plus offensifs qu’ils ne l’étaient il y a seulement an, et que les « oiseaux du ciel » ont créé l’aviophobie chez les terroristes qui paradaient dans nos zones rurales, en se marrant de cette armée burkinabè constituée de « bras cassés et de pieds niquelés.»
En clair, les capacités opérationnelles sur lesquelles le capitaine-président avoue s’être mépris à son accession au pouvoir, se sont considérablement accrues, au point que notre pays se sent capable de déployer des forces combattantes au Niger voisin au nom de la solidarité entre les deux peuples, pour défendre ce pays au cas où les sous-fifres de la CEDEAO viendraient à y intervenir militairement pour rétablir le président déchu, sur instigation de la France.
Si on ajoute à cette militarisation du pays, le lancement de plusieurs unités de production agroalimentaire, la diversification de nos partenaires et le lifting en vue de la Constitution afin de donner à certains acteurs sociaux, la place qu’ils méritent dans la République, on peut dire que si ce train de la refondation ne déraille pas, c’est un nouveau Burkina qui sortira de terre, dans les mois ou années à venir.
Tout dépendra de ceux qui ont la lourde charge de conduire ce train sur cette route escarpée, et on espère que le conducteur dont le dernier entretien a laissé entrevoir à la fois des zones d’ombres et des lueurs d’espoir dans sa façon de faire, aura assez de sang-froid et de hauteur d’esprit pour amener tout le monde à bon port.
« Le Pays »
Le moins qu’on puisse dire, c’est que certains Burkinabè sont sortis tout estourbis de cet entretien, le chef de l’Etat ayant ruiné à l’occasion leurs espoirs de voir le Burkina renouer avec les élections dès la fin de cette transition prévue pour juillet 2024, comme il s’y était lui-même engagé.
Le capitaine Ibrahim Traoré a, en effet, martelé qu’il n’y aura pas de votes au Burkina Faso aussi longtemps que les sauvageons de terroristes n’auront pas capitulé et libéré les zones qu’ils ont conquises. Il est d’ailleurs ébaubi du fait que des Burkinabè appellent à l’organisation d’élections dans ce pays dont une bonne partie échappe au contrôle de l’Etat, avec tous ces risques de mettre la vie des candidats et de leurs électeurs potentiels en danger.
La fin du terrorisme au Sahel est impossible à prédire
Le message subliminal ainsi lancé à tous ceux qui rêvent de postes électifs, est que ces derniers doivent d’abord contribuer ou participer à la lutte contre l’insécurité et au retour de la paix sur toute l’étendue du territoire au lieu de rester dans l’ombre à tirer à hue et à dia, pour des dividendes politiques égoïstes.
Reste à savoir si les autorités de la Transition pourront faire avaler par tous les acteurs, cette pilule particulièrement amère de la non organisation des élections, au cas où, touchons du bois, la crise sécuritaire perdurait jusqu’à la date qui doit, selon la charte et conformément à l’accord conclu avec la CEDEAO, marquer la fin du processus en cours.
Rien n’est moins sûr, surtout quand on sait désormais que la fin du terrorisme au Sahel est impossible à prédire, et qu’on ne peut pas gagner une guerre asymétrique en un temps record comme l’ont appris à leurs dépens, de grandes puissances militaires comme les Etats-Unis, la France et la Russie.
On peut dès lors se demander si cette sortie du président Traoré ne va pas pousser les politiciens de métier et de carrière à sortir du bois malgré la suspension de leurs activités, pour ruer dans les brancards et exiger le respect strict du calendrier de la Transition.
En tout état de cause, cet art de se dribbler soi-même tout en gardant le ballon, si c’est de cela qu’il s’agit, pourrait être un pari risqué pour celui qui pensait pouvoir « émasculer » les terroristes et leurs complices dans un délai rélativement court, d’autant qu’il pourrait fédérer tous ceux qui se sentent marginalisés, pour ne pas dire martyrisés depuis l’avènement du MPSR2, qui y voient déjà une entourloupe des autorités militaires pour continuer à gérer le pouvoir d’Etat.
Pour le « peuple » qui ne jure que par Ibrahim Traoré, le bon sens veut, selon eux, qu’au regard du florilège de bonnes intentions de leur champion dévoilées pendant l’interview et de toutes les réformes en-veux-tu-en-voilà promises par ce dernier, les Burkinabè lui accordent bien plus qu’un « lenga » à la tête de l’Etat.
Ces arguments, bien que développés par des partisans endoctrinés du régime, ne sont pas dénués de pertinence quand on sait que le capitaine Traoré est, quoi qu’on dise, l’un des présidents les plus volontaristes et les plus engagés dans la lutte pour la survie territoriale du Burkina.
Pour autant, il devrait, tout en restant droit dans ses Rangers face aux grands défis de l’heure, faire preuve de flexibilité et de mesure dans certains cas, en créant les conditions d’un consensus minimum autour des questions qui touchent notamment à la vie politique et sociale de ses concitoyens.
La place du chef de l’Etat doit être au-dessus de la mêlée
Car, à vrai dire, tous ceux qui ont l’esprit critique ne sont pas forcément des ennemis de la Transition, tout comme toutes les personnes dogmatiques qui forment la « muraille de Chine » autour du régime, pourraient ne pas être d’une grande utilité si les choses venaient à déraper.
La place du chef de l’Etat doit donc être au-dessus de la mêlée, afin de ne pas donner des arguments aux branquignols et aux 3e couteaux qui seraient tentés, par dépit ou en désespoir de cause, de se lancer dans des entreprises de sabotage et/ou de déstabilisation.
La dernière tentative du genre, ourdie selon le président Traoré, par des valets locaux de l’impérialisme, a certes fait flop, mais pourrait laisser des traces dommageables à la cohésion de nos forces de défense et de sécurité, avec des conséquences regrettables sur les opérations sur le terrain. Il faudra gérer cette délicate situation avec beaucoup de tact, car le Burkina Faso n’a pas besoin, à l’heure actuelle, d’une profonde crise politico-militaire qui complexifierait davantage la lutte contre le terrorisme que l’équipe au pouvoir dit avoir introduite sur les chapeaux de roue, avec l’acquisition d’équipements en quantité et en qualité, et le recrutement massif de Forces de défense et de sécurité (FDS) et de supplétifs.
Même si les choses semblent pour le moment piétiner avec le nombre de morts et de déplacés internes toujours en hausse, il faut reconnaître que nos « boys » sont plus offensifs qu’ils ne l’étaient il y a seulement an, et que les « oiseaux du ciel » ont créé l’aviophobie chez les terroristes qui paradaient dans nos zones rurales, en se marrant de cette armée burkinabè constituée de « bras cassés et de pieds niquelés.»
En clair, les capacités opérationnelles sur lesquelles le capitaine-président avoue s’être mépris à son accession au pouvoir, se sont considérablement accrues, au point que notre pays se sent capable de déployer des forces combattantes au Niger voisin au nom de la solidarité entre les deux peuples, pour défendre ce pays au cas où les sous-fifres de la CEDEAO viendraient à y intervenir militairement pour rétablir le président déchu, sur instigation de la France.
Si on ajoute à cette militarisation du pays, le lancement de plusieurs unités de production agroalimentaire, la diversification de nos partenaires et le lifting en vue de la Constitution afin de donner à certains acteurs sociaux, la place qu’ils méritent dans la République, on peut dire que si ce train de la refondation ne déraille pas, c’est un nouveau Burkina qui sortira de terre, dans les mois ou années à venir.
Tout dépendra de ceux qui ont la lourde charge de conduire ce train sur cette route escarpée, et on espère que le conducteur dont le dernier entretien a laissé entrevoir à la fois des zones d’ombres et des lueurs d’espoir dans sa façon de faire, aura assez de sang-froid et de hauteur d’esprit pour amener tout le monde à bon port.
« Le Pays »