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Harvey et Katrina: deux monstres très différents

Rédigé par Dakarposte le Mardi 29 Août 2017 à 10:44 modifié le Mardi 29 Août 2017 - 10:45

Harvey et Katrina: deux monstres très différents

Les adjectifs ne semblent pas suffire à décrire la puissance destructrice de Harvey: trente-cinq mille milliards de litres d'eau tombés du ciel et de nouvelles couleurs sur les cartes météo pour arriver à visualiser le monstre.

Mais si les dégâts matériels vont se chiffrer en dizaines de milliards de dollars, le nombre de morts est lui relativement bas: trois morts confirmés liés à Harvey et six autres "probablement" liés à la tempête. Par comparaison, il y a douze ans Katrina a fait plus de 1.800 morts et a changé La Nouvelle-Orléans pour toujours.

Eau de mer contre eau de pluie
Le plus grand danger de Katrina a été la montée brutale du niveau de la mer provoquée par les vents violents. Dans le cas de La Nouvelle-Orléans, même avant la montée du niveau de la mer, les digues avaient déjà été battues en brèche. Une combinaison fatale pour une ville construite dans une cuvette dont une partie est sous le niveau de la mer. Il a fallu du temps pour que l'eau puisse être pompée hors de la ville.

La rupture des digues le long du Mississippi et ailleurs a été soudaine et fatale, rappelle Brian McNoldy, un chercheur de l'Université de Miami. En quelques heures, la ville était sous l'eau. Pour donner une idée de la puissance destructrice du phénomène, le professeur explique que si un mur liquide de 8 mètres de haut comme celui créé par Katrina touchait un immeuble de 24 étages même bien construit avec du béton et de l'acier, "l'ossature tiendrait probablement mais ce ne serait plus qu'une coquille vide". 

A Houston, depuis vendredi dans la nuit, l'eau est tombée du ciel et tombée encore. Ce sont jusqu'à 150 centimètres de pluie qui se sont abattus par endroit. Du jamais vu aux Etats-Unis. Mais la ville est plate et donc les inondations sont moins soudaines --"les gens ont eu le temps de grimper sur leur toit", note M. McNoldy-- et l'eau pourra aussi s'écouler plus facilement une fois le déluge passé. En attendant, la quatrième ville des Etats-Unis et plus grande ville du Texas ressemble à un lac.

La vie avant Twitter
Imaginez une catastrophe naturelle de la magnitude de Katrina et d'être privé de son smartphone et des réseaux sociaux. Pourtant c'est ce qui est arrivé à La Nouvelle-Orléans. Twitter et l'iPhone n'existaient pas encore et Facebook avait un an. La majeure partie de la ville était noire et pauvre et même ceux qui avaient des téléphones portables ne pouvaient pas s'en servir faute de réseau et d'électricité. 

Harvey arrive dans une autre ère technologique. L'électricité n'a pas été coupée partout, les alertes aux tornades ou aux crues subites par texto sont devenues la bande son de la tempête. Et une fois qu'ils étaient en difficulté, les gens pouvaient appeler les services de secours.

"Maintenant que nous sommes dans l'ère du téléphone portable, nous sommes en mesure d'être alertés par des gens pris au piège. C'est important", souligne Ed Emmett, le responsable du comté de Harris, dont dépend Houston. Le nombre de mort est bas à Houston et il ne devrait pas bondir, selon John Mutter, un géophysicien de l'université de Columbia qui a mené une campagne pour compter les morts de Katrina. 

"Un merveilleusement petit nombre pour une tempête si gigantesque" se félicite le chercheur. "A ce moment là, à La Nouvelle-Orléans on ne savait pas que c'était 2.000 (morts NDLR) mais il y avait des cadavres qui flottaient partout", se souvient-il. 

Pauvre et sans droits
M. Mutter a compris que les habitants les plus pauvres de La Nouvelle-Orléans vivaient non seulement dans les quartiers les plus exposés en cas d'inondation mais qu'ils sont aussi morts de s'être trop méfiés des autorités locales. Leur attitude était de dire: "ils n'ont jamais rien fait pour nous, pourquoi je devrais les croire quand ils me disent de quitter la ville? Et si je n'ai pas de voiture, je fais quoi?"

A Houston il est quasiment impossible de se passer d'un véhicule, qui peut permettre de partir plus vite plus loin, même si la ville n'a pas donné d'ordre d'évacuation pour éviter le chaos sur les routes et que les gens ne s'y noient. "Pratiquement tout le monde savait, ne serait ce qu'un peu, comment se préparer ou comment sortir de la ville", souligne M. Mutter.

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