Grève de la faim au Camp pénal de Dakar : les oubliés de la justice crient leur détresse

Rédigé par Dakarposte le Mardi 29 Avril 2025 à 13:17 modifié le Mardi 29 Avril 2025 13:18

Ce lundi 8 avril 2025, le calme du Camp pénal de Dakar a été perturbé par une grève de la faim sans précédent. Un certain nombre de prisonniers a choisi de ne plus se nourrir afin de protester contre ce qu'ils décrivent comme un abandon judiciaire et des conditions de détention inhumaines. Une situation qui, d'après leurs déclarations, perdure depuis plus de dix ans.

Des appels dans le vide depuis l'année 2010.
« Depuis 2010, 2011, 2012, nous avons interjeté appel de nos sentences. » Mais personne ne nous donne de réponse. « On dirait qu’on nous a mis de côté », confie un détenu qui purge une peine depuis 17 ans. En dépit de la succession de changements à la tête de l'institution – près de huit directeurs en quinze ans – aucun d'eux n'aurait fourni d'information tangible concernant le destin des détenus ayant interjeté appel.

Conditions de détention préoccupantes
Le Camp pénal, conçu pour recevoir 600 prisonniers, héberge actuellement plus de 1 250 d'entre eux. « Nous n'avons même pas de place pour dormir », se plaint un autre prisonnier. Ce surpeuplement permanent génère des frictions, nuit à la santé physique et psychologique des prisonniers, et rend toute perspective de réintégration sociale vaine.

Libérations conditionnelles et réductions de peine : des engagements non respectés.
Les prisonniers critiquent aussi le manque de libérations conditionnelles depuis 2019 et une inégalité dans l'attribution des grâces présidentielles. « C'est toujours ceux qui ont des peines légères qui en profitent. » « J'ai passé 19 ans ici et je n'ai rien vu », déclare un détenu purgeant une peine de réclusion à perpétuité.

Ambiance tendue avec l'administration pénitentiaire.
Plusieurs détenus critiquent une atmosphère de crainte instaurée par l'administration en place. « Le directeur est jeune, dépourvu d'expérience. » Un de ses assistants nous menace et nous terrorise. « Les fouilles deviennent des actes de torture », dénonce un détenu. Si ces actions sont confirmées, elles violent les standards internationaux concernant le traitement des individus privés de liberté.

Un appel à la justice et au respect de la dignité humaine
Par le biais de cette action de grève de la faim, les prisonniers cherchent à sensibiliser les autorités judiciaires et pénitentiaires, ainsi que l'opinion publique. Ils exigent que leurs droits soient respectés, que les procédures d'appel soient accélérées, que les mesures de clémence soient appliquées de manière équitable, et une amélioration rapide de leur qualité de vie. Pour l'heure, les autorités concernées n'ont pas encore donné de réponse officielle à cette mobilisation.




















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