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George Michael, une œuvre marquée par une sexualité..."cachée et dangereuse"

Rédigé par Dakarposte le Lundi 26 Décembre 2016 à 13:58 modifié le Lundi 26 Décembre 2016 - 14:00

Le chanteur, décédé le jour de Noël, a fait son coming-out en 1998, après son arrestation pour «atteinte à la pudeur» à Beverly Hills. Le journaliste et écrivain Didier Lestrade revient sur une discographie nourrie de complexes et d'amours contrariées.


Oui, bien sûr, George Michael aurait dû faire son coming-out plus tôt et beaucoup de gays pensaient que les années 80 étaient déjà propices à ce type de franchise. Jimmy Somerville avait montré l’exemple dès 1984 et d’autres artistes de cette époque (Boy George, Pete Burns, les Pet Shop Boys, etc.) ont longtemps joué avec une double identité ou ont rétrospectivement expliqué les raisons de leur déni avec plus ou moins de conviction. C’était le moment du début du sida, il y avait trop d’enjeux économiques derrière cette terreur épidémiologique, les artistes étaient mal conseillés. Mais ces artistes ont raté un tournant politique qui aurait profité à tout le monde ainsi qu’à leur psyché.

Génie et frustration

Car les tubes et les vidéos de George Michael étaient sans équivoque, il était bien trop folle pour être autre chose qu’un garçon talentueux et excentrique. Pas besoin de gaydar pour savoir qu’il était gay. C’était comme le proverbial nez au milieu de la figure. En tant que fans, nous avons vu ces années de silence avec une amertume qui nous a parfois écartés de l’immense portée de son talent. On savait bien qu’il souffrait. Sa jeunesse est passée si vite. Et à travers ce mal-être que l’on voyait trop bien, on décelait celui des millions de gays qui n’osaient pas sortir du placard. On se disait : «Mais si eux, avec un tel succès, n’arrivent pas à s’affirmer, comment pourrions-nous le faire ?» Et nous avons décidé d’aller plus vite que la pop. La musique nous a encouragés à faire ce que les grands artistes ne pouvaient pas. Ce ne sont pas vraiment ses premiers disques qui nous ont marqués, mais la culture populaire et musicale des années 90 qui ont fini par reconnaître que son génie musical était nourri par une frustration. Un tel talent aurait mérité de vivre en toute liberté.

George Michael était à la poursuite de ses grands prédécesseurs comme Elton John. Il voulait être reconnu comme compositeur avant d’être vu comme un entertainer. Son héritage a nourri l’énergie d’autres artistes, comme Gary Barlow de Take That, et on peut mettre George Michael au centre du wall chart de la pop anglaise. Il a prouvé que l’on pouvait être issu de la pop commerciale (et Wham! était surtout ça) et devenir un grand songwriter international. Pour moi, le sommet de sa carrière se situe au milieu des années 90 avec l’album Older qui lui permet d’atteindre une vraie liberté lyrique (Jesus to a Child, Fastlove) mais surtout Songs of the Last Century (1999) où il reprend les classiques qui ont vraiment marqué son art comme You’ve Changed de Joni Mitchell. En 1996, sa reprise acoustique de I Can’t Make You Love Me de Bonnie Raitt fut vraiment une des plus belles choses qu’il ait chantées : ces paroles sont vraiment au cœur de la difficulté de vivre de George, le gay toujours à la recherche d’un amour impossible. Il y avait du Cavafy dans cet amour des hommes hétéros, dans ces regards échangés dans la rue et George (de son vrai nom Georgios Kyriacos Panayiotou) est le seul artiste pop moderne qui nous ait reliés à l’héritage grec.

Difficultés cruelles

Après tout, George Michael n’a jamais été à l’aise avec son apparence. Il ne se trouvait pas beau, il avait des complexes, il était moins à l’aise sur scène que dans la vie de tous les jours. C’était un homme gentil et abordable, mais extrêmement torturé et toute sa discographie a été marquée par une sexualité débordante, cachée, dangereuse. A partir du moment où il a été pris en train de draguer dans des toilettes publiques de Beverly Hills en 1998, il est devenu le Hugh Grant de la pop. Jimmy Somerville me racontait que lorsqu’il a été pris en train de draguer dans un parc de Londres, les paparazzi l’ont suivi en voiture jusqu’à Brighton. Il a eu beau dire qu'il n'avait aucune honte on peut imaginer à quel point cette difficulté de vivre au grand jour sa sexualité a été cruelle. En 2011, on a tous été heureux de le voir partager un joint sur le balcon d’un hôtel de Venise avec Fadi Fawaz que l’on avait vu pour la première fois dans un film du célèbre studio allemand Cazzo, Matchmaker, sous le nom d’Isaac Mazar. C’est à ce jour le seul exemple de collusion entre le monde de la pop et celui du porno gay. Sur ces photos, on voit enfin George épanoui, avec un homme qui rassemble tous les attributs du beau mec méditerranéen. Et les nombreuses photos où on les voit se tenir la main dans la rue attestent que George Michael a été heureux ces dernières années.

"You have been loved". C’est tout ce qui compte.

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