Profitant de l'exil du président élu et surtout des menaces des chefs d'état de la CEDEAO de venir le 19 janvier assister à la prestation de serment de M. Adama Barrow, Yaya Jammeh a fait voter cet après midi en procédure d'urgence une loi autorisant l'application de l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire national à partir de ce jour à 19 heures.
Une façon de couper l'herbe sous les pieds des chefs d'état qui auraient souhaité faire atterrir leur avion à Yundum Airport le 19 prochain, tout comme Adama Barrow qui aura d'énormes difficultés à rallier Banjul pour sa prestation de serment.
Il est évident (comme annoncé par dakarposte.com) que Yaya Jammeh allait subir les foudres de la CEDEAO pour avoir tenu tête à l'organisation sous régionale sur la base du respect de la charte fondamentale de la Gambie et au non du principe sacro saint de Non Ingérence dans les affaires intérieures d'un pays.
Mais c'était sans compter la volonté de son voisin sénégalais qui le premier a pris le devant de la scène à l'entame de la crise, en saisissant le Conseil de Sécurité des Nations Unies et plus tard l'union Africaine aux de voter des résolutions contre le régime de Jammeh qui de l'avis des membres de l'Association des Juristes Africains ( AJA) n'a eu que le tort de vouloir faire respecter les lois et règlements de son pays et dont il est le garant.
Arguments à l'appui, les Conseils de l'état gambien en l'occurrence le ministre de la Justice ne comprends pas les raisons de cette volonté d'en finir avec le régime du président Jammeh quand on sait que les mêmes situations se sont produites au Mali avec le coup d'état du Capitaine Khaya Sanogo ou au Burkina Faso avec le Général Diendéré et pourtant la CEDEAO ne s'est pas empressée d'envoyer des troupes pour rétablir la légalité. Et de s'interroger sur ce deux poids deux mesures dont la Gambie est victime.
Nonobstant la recevabilité des actes posés par le président sortant, la CEDEAO tenait coûte que coûte à installer son président élu en la personne de Mr Adama Barrow, réfugié au Sénégal après sa présence illégale au Sommet France/Afrique de Bamako. Comment une organisation regroupant des soit disant démocratie peut elle admettre qu'une telle forfaiture soit cautionnée quand on sait que dans tous ces pays, des questions liées au processus électoral continuent d'alimenter les débats. Pas loin de la Gambie, l'opposition sénégalaise essaie de faire respecter ces droits les plus élémentaires et sont victimes de la justice des vainqueurs comme le disent les membres de cette opposition. Dans ce pays qui se veut phare de la démocratie, l'opposition est quasi écartée du processus électoral qui fait inédit depuis le code consensuel de 1992, vient de subir l'unilatérale décision du gouvernement de faire vote toutes les lois en procédure d'urgence au grand dam de l'opposition encore sous le choc.