François Bayrou et son gouvernement en sursis se réunissent pour leur premier Conseil des ministres

Coup d'envoi de l'année 2025 pour les membres du nouveau gouvernement et leur chef, François Bayrou. Ils effectuent leur premier Conseil des ministres ce vendredi 3 janvier à l'Élysée autour d'Emmanuel Macron à 10h. Au préalable, ils se réuniront place Beauvau pour le petit-déjeuner de rentrée. Une tradition remontant au socialiste Gaston Defferre, ministre de l'Intérieur sous François Mitterrand entre 1981 et 1984.

Le 30 décembre 2024, François Bayrou a donné le ton en formulant ses vœux depuis Mayotte où il se rendait pour annoncer une batterie de mesures, quinze jours après le passage dévastateur du cyclone Chido. Trois mots pour résumer ses souhaits: "réconciliation", "action" et "stabilité".

Le maire de Pau aimerait durer à Matignon. Un défi de taille eu égard au contexte politique, caractérisé par une Assemblée nationale fracturée en trois blocs. Sans majorité, son prédécesseur Michel Barnier a tenu quasiment trois mois, avant qu'une motion de censure ne soit votée par la gauche et l'extrême droite sur le budget.

François Bayrou réussira-t-il à faire mieux? Force est de constater que les équilibres de son gouvernement de centre droit ressemblent beaucoup à ceux de l'équipe précédente. Le Palois, lui, compte sur l'expérience de ses ministres, avec le retour d'Élisabeth Borne (Éducation nationale) ou celui, plus surprenant, de Manuel Valls (Outre-Mer). Deux anciens Premiers ministres. Mais aussi, des ministres qui ont, dixit une source gouvernementale, "une histoire" avec la gauche, tels Éric Lombard (Économie) ou François Rebsamen (Aménagement du territoire).
Quelle relation avec Emmanuel Macron?

François Bayrou, qui comparait lors de sa nomination les difficultés se présentant devant le gouvernement à "l'Himalaya", s'est préparé à ce premier rendez-vous de l'année et au projet de budget qu'il devra présenter - étape de son début de mandat qui s'annonce la plus ardue. Il a reçu ce jeudi plusieurs ministres et déjeuné longuement - plus de deux heures - avec le président Emmanuel Macron à l'Élysée.

Ce Conseil des ministres ressemblera à des retrouvailles officielles entre les deux têtes de l'exécutif, qui a connu de vives tensions quand le chef de l'État a hésité à nommer le patron du MoDem, ce dernier menaçant alors de rompre avec lui.

Resté en retrait sous le court bail de Michel Barnier, un opposant de droite, le président a semblé mettre davantage son grain de sel dans le travail du gouvernement, lors de ses vœux aux Français.

Le nouveau gouvernement "doit pouvoir tenir un chemin de compromis pour agir", il faut que la France "continue d'être attractive", "travaille et innove plus", "continue de créer des emplois" et "assure sa croissance en tenant ses finances", a-t-il exhorté. Matignon se défend de toute inimitié avec l'Élysée. François Bayrou parle d'une relation de "coresponsabilité". Le président s'est abstenu pour l'heure de la qualifier.
Menu léger

Outre le manque de soutiens à l'Assemblée, le nouveau Premier ministre entame son bail avec une cote de popularité historiquement basse, selon le baromètre Ifop-Journal du Dimanche publié le 22 décembre.

Son arrivée à Matignon a été marquée par une vive polémique quand il s'est rendu à Pau pour participer au conseil municipal de sa ville au lieu de participer à une réunion de crise sur Mayotte, dévasté par un ouragan le lendemain de sa nomination.

Depuis, François Bayrou a annoncé son plan "Mayotte debout" lors de sa visite dans l'archipel. Mais le projet de loi "d'urgence" pour Mayotte ne sera pas présenté lors de ce Conseil des ministres, comme promis initialement. Il le sera la semaine prochaine, même si ce report ne devrait pas avoir d'impact sur son examen par le Parlement, qui reprend ses activités le 13 janvier.

Le menu risque donc d'être léger à la table de l'Élysée vendredi, où un conseil de défense et sécurité nationale se tiendra également dans la matinée. Une nouvelle porte-parole du gouvernement, l'ex-sénatrice Les Républicains Sophie Primas, fera le compte-rendu de ces réunions. Un exercice rapatrié à l'Élysée, à la demande de François Bayrou, alors que son prédécesseur avait choisi de le délocaliser dans un bâtiment des services du Premier ministre.

Le rendez-vous permettra d'appréhender les grandes lignes de la déclaration de politique générale que François Bayrou prononcera devant le Parlement le 14 janvier. Pour préparer ce discours en même temps que le budget, les ministres de l'Économie et du Budget ont commencé à entendre les groupes politiques.