Explosion des réseaux sociaux au Sénégal : Les deux faces d'une révolution

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 28 Octobre 2015 à 17:02 modifié le Mercredi 28 Octobre 2015 17:04

Les réseaux sociaux, moyens de communication aujourd’hui incontournables dans nos sociétés, sont de nos jours utilisés pour s’informer, discuter, faire de nouvelles connaissances etc. Facebook, Instagram, Twitter, Tango, Whatsapp Messenger, Imo, Skype, Messenger, Viber, sont les principaux réseaux qui nous permettent d’échanger, de publier, de partager des images, vidéos avec les amis. 

Cependant, ces réseaux sociaux ne sont pas utilisés que par des adultes. Les adolescents aussi s’y invitent. Ils ne sont pas épargnés par les conséquences néfastes de ces réseaux sociaux. Facebook est devenu un réseau social où beaucoup viennent s’exposer. Photos et vidéos y sont publiés à longueur de journée. Contenus, qui tombent facilement, sans contrôle, entre les mains d’un public jeune ou adolescent. Si avant, il était quasiment impossible qu’un enfant pose les yeux sur du contenu  pornographique, aujourd’hui, à l’ère de Facebook,  tout est devenu plus facile. La drague y est devenue monnaie courante entre jeunes filles et dragueurs virtuels, sur fond de messages d’amour enflammés ou salaces. Le tout, sans que les parents soient au courant. Parfois, filles et garçons envoient des photos tout en exposant leurs corps et même leurs parties intimes.


 «Je me connecte pour communiquer avec les amis sans me déplacer et sans acheter du crédit. J’utilise Facebook, Whatsapp, Viber et aussi wahattpad qui me permet de lire des documents écrits par des ados de mon âge», explique Ndéye Ndoumbé Sarr. Fillette de 13 ans, élève en classe de 3eme, elle est férue de réseaux sociaux. Gaie dans son body blanc, tresses longues sur la tête, elle nous explique : «Pendant les vacances, je passe tout mon temps à naviguer sur ces réseaux sociaux. Car je n’ai rien à faire. Beaucoup d’inconnus m’écrivent sur Facebook et autres mais je ne réponds pas».

Si certains ados se connectent pour communiquer uniquement avec leurs amis, d’autres, en revanche, le font pour tisser des nouvelles amitiés et découvrir le monde tout en publiant et en échangeant des fichiers sur le web. Ousmane Sow, fait partie de ceux-là. «Je me connecte pour publier des photos, télécharger des images sur youtube, partager des vidéos sur Facebook, et je me fais de nouvelles connaissances».

Pas de connexion avant 18 ans
Aliou Dieng, lui est père de famille, évoluant dans l’événementielle. Il confie: «Moi je n’accepte sérieusement pas que mon enfant se connecte sur les réseaux sociaux vu leur impact sur l’éducation de nos enfants. Certains se connectent et communiquent avec des inconnus, s’envoyant des messages indécents. Ma fille ainée a 12 ans et ce n’est que durant les vacances que je lui donne un téléphone. Je ne lui télécharge que de la musique. Je ne condamne pas les autres enfants, mais moi je voyage trop, je connais ce qui se passe dans le monde. Donc je ne souhaite pas que mes enfants soient comme moi», indique le père de famille. «Lorsque mes enfants auront 17 ans voire 18 ans, ils seront libres de faire ce qu’ils veulent», dit-il.

Saliou Baldé, est un amoureux de Facebook. Pour lui, les réseaux sociaux c’est deux voies. La bonne et la mauvaise. «Ils nous permettent de nous informer, nous cultiver, de tisser des relations avec de nouveaux amis, de nous épanouir. Cependant, il y a du négatif. Car, certains ados passent tout leur temps dessus. C’est un espace qui leur offre toute la liberté pour s’exprimer. Ce qui verse parfois vers des échanges de photos et vidéos très intimes», explique-t-il. Pis, sur un domaine purement scolaire, le langage utilisé dans les échanges sur les réseaux sociaux, nuit beaucoup à la maitrise linguistique: « l'échange des Sms affaiblit la maitrise de la grammaire, l'orthographe et la conjugaison. J'invite les responsables scolaires, universitaires, parents et à tous les niveaux à une causerie avec les jeunes sur le "comment" se servir des réseaux sociaux». Et aujourd’hui, ils sont nombreux ces ados qui utilisent de fausses identités pour s’inscrire.

Mamadou Mansour Diop, est un jeune community manager.  Il explique: «L’internet est devenu un outil incontournable, parce qu'on peut en faire  divers utilisations. On travaille avec les réseaux sociaux dans nos activités. Les autres utilisent les réseaux sociaux pour échanger avec des amis, collègues, connaissances. Mais, comme on le dit, tout excès est nuisible. Les réseaux sociaux ont deux conséquences. Malheureusement, les conséquences négatives sont les plus énormes. Les enfants passent tout leur temps sur  Twitter, Instragam, Facebook en train de regarder les mêmes pages, des photos publiées par des inconnus, télécharger des images vidéos. Tout ça ne leur rapporte rien absolument dans la vie concrète. Ils s’enferment dans un monde virtuel tout en oubliant le monde réel», diagnostique-t-il. Pour lui, la primeur doit être donnée à la vie réelle : «Les jeunes ont plein d’autres choses à faire. Par exemple étudier ou partager des moments en famille, au lieu  de rester tout leur temps à naviguer sur les réseaux sociaux».

Cependant, si les jeunes ont envie de faire une bonne utilisation des réseaux sociaux, il y a plusieurs manières de le faire. «A cotés des conséquences négatives, l’internet ou les réseaux sociaux ont aussi une grande importance chez les enfants. Les réseaux sont utilisés dans le cadre  du travail. On peut y apprendre comment rédiger un rapport de stage ou un mémoire. Actuellement  il y a des écoles, des établissements qui sont en train d’utiliser Facebook comme moyens d’apprentissage aux jeunes tout en créant des groupes pour les différentes salles de classes. Ils postent les supports de cours sur le réseau. Les membres de la classe inscrits y reçoivent le support du cours. Messenger et Viber sont aussi utilisés pour réviser ensemble compte tenu de la distance», ajoute-t-il.

Les parents, les véritables coupables
Basile Niane, lui, n’est plus à présenter dans le milieu sénégalais des nouvelles technologies de l’information et des réseaux sociaux. Il explique que l’utilisation des réseaux sociaux est devenue un fait très banal aujourd’hui. «Parce que l’avancée des nouvelles technologies de l’information et de la communication a permis à chacun d’avoir un téléphone ou Smartphone. Les ados on les voit même avec des Ipads, alors qu’ils n’ont même pas 10 ans et ils commencent à utiliser ces réseaux sociaux. Nous sommes en 2015, les enfants ne doivent pas être comme leurs parents qui n’ont pas connu les Ntic. C’est le temps qui l’impose», explique-il. 

Pour M. Niane, «les réseaux sociaux sont comme un couteau à double tranchant». «Il faut savoir les utiliser. La mauvaise utilisation des réseaux sociaux est causée  par les parents. C’est eux qui donnent aux enfants ces machines là. Ils doivent avoir la protection des parents. Avec ces Smartphones les jeunes ont la possibilité de publier des photos, regarder des films pornographiques. C’est aux parents de vérifier ce que les enfants font sur ces réseaux. Nous avons vu beaucoup de choses dans les réseaux sociaux. Des gens qui ont été tués, violés, cambriolés. Aujourd’hui les gens ne font plus la différence entre vie privée et vie publique. Avec les ados, ça devient plus grave. Pour attirer, elles pensent qu’il faut publier des photos où elles sont à moitié habillées ou très sexy. Les jeunes ne vont plus sur les sites internet pour lire. Ils passent leur temps sur Facebook, Twitter, cela permet de connaitre beaucoup de choses mais tout excès est nuisible. Cela peut même causer des maladies psychiques», avertit Basile Niane.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux occupent une place centrale dans la communication sociale. Ils ont des bons comme de mauvais côtés. A chacun de savoir bien s’en servir.
 

Auteur: Rayhanatou DIALLO - Seneweb.com

Cheikh Amidou Kane
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