Exclusion de Mboup et Farba Senghor – Les «visiteurs de minuit» vus au grand jour ?

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 29 Mars 2017 à 08:54 modifié le Vendredi 31 Mars 2017 07:33

Le fait a été à l’ordre du jour dans la journée du mardi 28 mars 2017. Au cours de la soirée de lundi 27 mars, la hiérarchie du Pds sortait -comme annoncé en exclusivité par dakarposte- un communiqué pour annoncer l’exclusion des «frères» Pape Samba Mboup et Farba Senghor du parti de Wade.
Aussitôt, la presse s’est intéressée aux réactions de ces derniers et, dès les premières éditions du matin du mardi on pouvait connaître la réaction des incriminés. Ils avaient déjà répondu aux questions des «requins» de l’information tapis dans les rédactions des radios privées et leurs propos avaient fait la Une des quotidiens. Mboup en rigole encore, Farba Senghor ne décolère pas contre Karim Wade qu’il accuse d’être à la base de cette décision.
Si l’un et l’autre ont des attitudes différentes face à leur exclusion, les deux ne s’en remettent pas au fond car, hors du Pds ils perdent leur crédibilité et donc leur… âme politique.
En faisant montre de sarcasme, Mboup semble faire croire que le Pds ne l’intéresse guère car il n’y est devenu une personnalité importante que par le bon vouloir de maître Wade.
Or Wade ne peut plus revenir au pouvoir et… Karim était l’un des personnages qu’il n’a jamais pu piffer pendant les douze années d’opulence qu’il a connues aux côtés d’un président de la République. De même que Farba Senghor dont l’arrogance et le manque de culture urbaine avaient largement participé à la perte du pouvoir par le régime de Wade. Le même Farba Senghor a toujours combattu tous les numéros deux que Wade avait librement choisis.
De Mame Madior Boye à Idrissa Seck, en passant par Macky Sall et Souleymane Ndéné Ndiaye, Farba Senghor a toujours été parmi les faucons les plus agressifs contre les numéros deux du Pds. Il a été de tous les combats pour virer les responsables les plus proches que le président et patron du Pds s choisissait mais il n’a jamais été apprécié ni par les militants libéraux, ni par les Sénégalais lambda qui, d’ailleurs ont largement exprimé cette opinion avec la défaite de Wade en 2012.
Tout comme Pape Samba Mboup, Farba Senghor n’a pas aimé la montée en puissance de Karim Wade et de la «Génération du concret» qui, de 2009 (date qui correspond aux élections municipales perdues à Dakar par le Pds) à 2012 a infiltré et infesté le parti en imposant ses militants à Pa’ Wade.
Mboup et Farba ont pourtant tous bénéficié de la générosité de Wade car leur cursus assez modeste ne leur aurait jamais permis d’atteindre les positions qu’ils occupaient entre 2000 et 2012. S’ils ont pu avoir villas, voitures et liquidités à volonté il leur manque sans doute un compte en banque très fourni ces derniers temps parce qu’ils ont «mangé leur pain en blé». Face à la dure réalité, incapables d’adhérer directement à l’Apr parce qu’ils tirent le diable par la queue mais ne souhaitent pas que cela se sche, ils sont sur la «voie de contournement» que décriait Abdoulaye Wade au lendemain de la perte du pouvoir.
On les appelle les «visiteurs de minuit de Macky Sall», non sans raison car la plupart d’entre eux ne peuvent justifier les  fortes dépenses en carburant, frais d’hôtels et «motivation» des troupes folkloriques qui les accueillent dans les départements et villages qu’ils visitent sans qu’ils ne soient mandatés par le Pds s’ils ne sont financés de manière occulte. Même s’ils prétendent avoir l’onction de Wade pour dire leur position car le Pds «accepte l’existence de courants en son sein», même s’ils prétendent que le candidat officiel du Pds, Karim Wade n’est pas libre de ses mouvements et qu’il convient en conséquence de préparer un plan B dans la perspective de la présidentielle de 2017, ce n’est pas une raison valable pour critiquer les décisions du Pds prises depuis Paris ou… Doha car c’est de là que doivent provenir les directives des décideurs. Wade, premier décideur a imposé Karim, son fils comme candidat du Pds aux prochaines présidentielles alors que ce dernier était en prison. Il avait, auparavant décidé que son «intérimaire» dans le parti n’est autre qu’Oumar Sarr, celui qui hormis le défunt Laye Diop Diatta a toujours battu le Ps et les autres adversaires du Pds à Dagana.
Wade est donc toujours le chef du Pds malgré son âge et son retrait (et non pas sa retraite) dans sa résidence de Versailles. Comme le dieu du Pds, Oumar Sarr est son représentant sur la terre du Sénégal et s’opposer aux directives et recommandations de ce dernier correspond à… s’allier à Cheytaan Apr.
Farba Senghor et Pape Samba Mboup risquent de faire les frais de leur inconséquence car il ne leur reste plus, s’ils veulent aller au bout de leur logique qu’à rallier un «frère libéral» chef d’un parti où les transhumants sont les bienvenus juste lorsque leur nom apparaît dans la presse comme nouveaux membres de l’Apr. Transhumance par voie de contournement !
En vérité il n’y aura aucune conséquence majeure pour le Pds car ces deux responsables élus ont toujours été parachutés par Wade et, aujourd’hui, leur train de vie habituel est en cause. Mboup s’est fait élire à la municipalité de Grand Yoff au titre de conseiller du quartier Khar Yalla mais il n’a jamais siégé. Farba a quitté son village de Nguelou pour briguer la mairie du Plateau à Dakar, il a été écrasé. Ne pouvant donc, par leur absence de représentativité dans le Pds revendiquer légitimement leur présence sur une liste pour les législatives, ils ont multiplié les manœuvres pour se rapprocher du salon où l’on donne l’argent au-delà de minuit. C’est la vision d’un des analystes anonymes de Dakarposte et, à y regarder de près ceci explique sans doute cela.
Mamadou Ndiaye
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