Echanges poétiques entre Hamidou Abdoul Sall et Abou Abel Thiam sur Facebook

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 25 Septembre 2016 à 18:16

Cela se passe sur les réseaux sociaux, pas toujours espace de délires et de rumeurs... Quand le senghoriste Hamidou Abdoul Sall et la fine plume Abou Abel Thiam se saluent, cela donne de belles envolées autour du thème de l'eau et des fleuves, auxquelles n'est pas insensible Jean-Michel Nzikou. Et d'autres... A lire!


Il  y a quelques décennies, s'attaquant au concept de la Négritude et pour railler Senghor, le jeune et fougueux Soyinka, en une formule qui fit mouche, s'était écrié : "le tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore".  

Les années ont passé et nombre de contempteurs sont allés à Canossa. Aussi, il ne me semble pas inutile de rappeler que dans le Paris fébrile des années 30, en ces années de braise, les futurs pères de la Négritude, étudiants au quartier Latin, partageant les bancs avec d'autres dans les hauts lieux de savoir français, n'étaient nullement dans une forêt giboyeuse où tigre a tout loisir de bondir sur sa proie et la dévorer . Hors du monde de l'animalité, en intellectuels sans proie, il leur fallait juste parler à leurs semblables, égarés ou malhonnêtes, sans pour autant bondir sur eux pour les dévorer. 
Incapables de feuler (comme le tigre) et dépourvus de la vélocité de ce redoutable félin, ils usèrent des armes miraculeuses de la réflexion, de l'échange, de la contradiction ( agôn, disaient les anciens Grecs), pour une salutaire anthropologie de la dé-construction. Et ce fut la Négritude dans le monde des hommes. Ils ne furent pas tigres mais hommes. Hommes parmi les hommes, porteurs d'un message humanisme voué à rappeler aux hommes que la culture noire est certes différente mais fondamentalement égale aux autres cultures. Par la Négritude, ils attaquèrent par la plume et par le dire serein mais solide la citadelle d'une pensée obscure, rétrograde et raciste. 
Oui, le tigre peut, dans son monde animal, bondir sur sa proie et l'homme dans son monde des humains proclamer sa différence et converger vers l'universel pour l’avènement de " l'aube transparente d'un jour nouveau" pour reprendre la belle formule du grand poète Leopold Sédar Senghor. 
Les Écritures saintes( l'Ecclésiaste) nous enseignent qu'il y a un temps pour tout, un temps pour jeter les pierres et un temps pour les ramasser. 
 Bruxelles, au BOZAR, ce soir-là, avec Soyinka, nous avons, dans la joie, ramasser les pierres. 
  
-Abou Abel  Par la langue (au sens de parole) -le propre de l'homme- et non par les crocs, par le verbe qui émancipe de l'épée, par l'écriture qui affranchit du canon, ceux qui choisirent la parole pour combattre n'étaient certes pas les moins courageux, leur voie pour faire entendre leur voix étant la plus ardue... 
-Hamidou Abdoul Sall  Le grand Abou, comment vas-tu mon frère? 
-Abou Abel Thiam  Ton jeune frère va bien, inégalable Laam Tooro. Je suis arrivé à Paris ce soir, en provenance de Istanbul 
 -Hamidou Abdoul Sall   Et moi, ce soir à Dakar en provenance de Bruxelles via Paris.
Par tes pérégrinations, te voilà tout rempli du Bosphore dans sa splendeur et de l'Anatolie dans sa majesté. Une Asie mineure qui féconda la lumineuse Grèce. C'est là en réalité que naquit la philosophie.  
La Turquie, vieille terre de culture où l'on trouve une ville qui porta 3 noms. Je t'attends à Dakar. 
- Abou Abel Thiam  Eskey! Hâte d'être à Dakar, dans quelques jours inch Allah, pour que tu m'apprennes davantage sur cette partie du monde et sur d'autres, sur les fleuves, abreuvoirs et sources de savoir, parce que mémoires si joliment chantées par de grands hommes de lettres, dont toi, et parmi lesquels l'auguste Birago Diop ne fut pas le moindre... 
-Hamidou Abdoul Sall  La lumière de ton verbe au cœur sombre de la nuit noire. Sombre clarté ou clarté sombre, oxymore dans les deux sens. 
Oui ta parole est lumineuse et de haute altitude. La légitimité contagieuse des Lumières. Puissions- nous toujours rester d'éternels apprenants. Nous ne savons qu'une chose, c'est que nous ne savons rien. C'est là le premier degré de la connaissance, le premier pas vers le savoir. Et si nous savons être non économes de nos efforts, tout peut être à notre portée. Merci pour ce bel et tonifiant échange. 
-Jean-Michel Nzikou  Merci pour l'allusion à cette goutte d'eau du fleuve; goutte d'eau vivifiante, que fut Birago Diop. Je déplore qu'il n'y ait pas d'évènement autour de son œuvre si riche et si nourrissante à souhait, dans ces temps qui courent. 
- Jean-Michel Nzikou je partage parfaitement votre avis sur l'immense Birago Diop, celui dont les écrits m'ont donné le goût de la lecture. Je me ferai l'immense plaisir de participer à toute célébration 
Abou Abel Thiam l'auteur inoubliable des "Contes d'Amadou Coumba", le père de: « Mais que l'eau désirant demeurer toujours belle efface à chaque instant les replis de sa peau"... 
Les échanges sont passionnants et d'autres hommes de culture y participent sur la page facebook du poète Hamidou Abdoul Sall .  

Rassemblés Par Mamadou LY-afriquemidi.com 
Cheikh Amidou Kane
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