Un AVC se produit toutes les 4 minutes en France et il s’agit de la seconde cause de mortalité mondiale. Chaque année, 6 millions de personnes meurent dans le monde à la suite d’un accident vasculaire cérébral, et 5 millions d’autres vivent avec des séquelles à vie. Car s’il n’est pas pris en charge rapidement, un AVC endommage de façon irréversible de larges zones du cerveau . Or aucun médicament ou traitement n’existe aujourd’hui pour protéger de ce type de lésions neuronales.
L’espoir va peut-être venir d’une origine assez surprenante. En séquençant l’ADN du venin d’une très dangereuse araignée australienne, des chercheurs de l’Université de Queensland ont réussi à isoler une molécule qui permet de réduire les dommages sur les neurones.
Jusqu’à huit heures après l’AVC
Dans leurs travaux, publiés dans la revue PNAS, les chercheurs montrent comment la protéine Hi1a, présente dans le venin de l’araignée australienne Hadronyche infensa, est en quelque sorte capable de bloquer le mécanisme qui amène aux lésions neuronales en agissant au niveau du canal ionique 1a.
Dans une étude antérieure, une autre protéine provenant du venin d’une tarentule avait été étudiée sur les rats et avait montré un effet neuroprotecteur. Les chercheurs avaient démontré que l’injection d’une petite dose du venin, entre 2 et 4 heures suivant un AVC réduisait de 70 à 50% le volume de l’infarctus cortical. Mais rien ne donnait de résultats satisfaisants au-delà des 4 heures. Or, 60% des victimes n’atteignent la salle des urgences que 2 heures après le début de l’accident et les soins nécessaires sont souvent dispensés bien plus tard.
La nouvelle protéine, Hi1a accorderait donc plus de temps et plus de chances au cerveau car Hi1a peut, elle, «protéger» le cerveau jusqu’à 8 heures après l’AVC. Hi1a a pour l’instant été testé in vitro sur des cultures de neurones puis in vivo sur des rats dont l’AVC a été provoqué chimiquement. La viabilité des cellules a été de 77% dans le premier cas et de 68% dans le second. De ce fait, les animaux traités au Hi1a ont montré une forte réduction des déficits neurologiques et moteurs. De plus, aucun effet secondaire n’a été observé sur les rats dans le 72h suivant le traitement. «Nous travaillons actuellement à réunir les fonds nécessaires pour financer des essais cliniques afin de pouvoir commercialiser rapidement ce traitement prometteur», a précisé à l’AFP le professeur Glenn King, auteur de l’étude.
Des venins méconnus et peu exploités
Les venins disposent d’un grand potentiel pour de nouveaux traitements. Néanmoins, ils sont encore souvent méconnus et très peu exploités. Les toxines présentes chez certains animaux pourraient, à terme, constituer de nouveaux médicaments. Pour preuve, une nouvelle banque de données a récemment été ouverte sous le nom de Venomics. Celle-ci se concentre sur les venins destinés exclusivement à la recherche médicale dans l’espoir de nouveaux traitements.