Du besoin d'un consensus politique, sur la base d'un dialogue national constructif

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 16 Novembre 2016 à 14:02 modifié le Mercredi 16 Novembre 2016 14:04

« Je ne supporte pas les conflits. Arrondir les angles est le slogan de ma névrose », disait  David Foenkinos. Je fais miens ces propos. En effet, il est fondamental que l’on restaure le dialogue responsable, et que l’intérêt de la nation prédomine, dans ce contexte marqué par une floraison de conflits dont le plus lourd de dangers est le contentieux électoral qui se profile à l’horizon, avec l’histoire de la refonte du fichier électoral.

Au vu du stock mort contenu dans l’ancien fichier, le régime de Macky Sall a décidé unilatéralement en effet de faire table rase de tout, au lieu  de conserver comme l’y invite l’opposition un noyau dur constitué à partir des derniers votants ne serait-ce que de la présidentielle de 2012. Car, il est de notoriété que « les gens ne se dérangent que pour les élections qui ont un sens », comme le remarque un ancien diplomate chevronné. 

Éviter les contentieux électoraux, pré ou post, est obligatoire, car cela  garantit une stabilité sociopolitique, surtout que par le passé nous avons été confrontés à de violents conflits ayant dégénéré à cause d'un processus électoral mal géré, ou, pire, biaisé par des velléités partisanes de manipulations de suffrages.

Il ne faut surtout pas donner raison aux pronostics les plus sombres prédisant une volonté délibérée de renvoi des élections législatives en 2018, ou leur couplage avec la présidentielle de 2019. Cette législature actuelle est une injure à notre histoire et il serait opportun d'abréger la souffrance des sénégalais, qui ont honte d'une telle représentation.


Sans dialogue constructif avec l'opposition, sans consensus fort sur les questions d’intérêt national, il sera difficile d’asseoir une stabilité politico-sociale propice au développement.

La lettre de la coalition Manko Wattu Sénégal est une prise de contact, une main tendue, quelle que soit son contenu. Au Président Macky Sall de décoder le message, et de saisir pour une fois la balle au rebond !

Connaissant les faucons du palais experts en coups tordus et autres traquenards politiciens de toutes sortes, je devine déjà leurs propos : « Qu'importe (…) Nous avons désappris la République, mais nous avons appris à gouverner (…) Le gouvernement fait les élections, les élections font le gouvernement (...) Les populations regardent, le pays est prié de payer ! »

Mais, au vu du parcours de l'homme politique et en sa qualité de responsable conscient des enjeux liés à la pacification de l'espace politique, je ne peux me permettre de douter que le Président Macky Sall  ne manquera pas cette perche, pour, dans la foulée du dialogue national, ouvrir ses portes à l'opposition, pour un règlement définitif des questions liées au respect de l'agenda électoral.

Toute la classe politique devrait savoir une fois pour toutes, au vu de la maturité des sénégalais et du dynamisme de notre démocratie que « le peuple est le gardien de la démocratie. Il est le fondement de la légitimité politique, il se fait entendre à l’occasion des élections intermédiaires, et tranche, souverainement, au terme des mandats nationaux ». 

 Veillons à ne pas réveiller sa colère, et ne le poussons pas à s’exprimer avant les élections. Me Wade en a vécu l’amère expérience. Un 23 juin mémorable.
Cheikh Amidou Kane
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