Dans une contribution qu’il a faite sur «la crise des pèlerins laissés en rade à Dakar», au nombre desquels se trouve sa propre maman, un fonctionnaire des Nations Unies est monté au créneau pour montrer au monde le film macabre qui se joue dans le Hangar des pèlerins à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor.
Dans son récit, il s’est voulu anonyme, mais exprime toute sa peine. «Je suis un honnête citoyen qui nourrissait le rêve d'emmener sa mère à la Mecque. Cela m'a coûté plusieurs mois d'épargne vu que le billet pour la Commission (Etat) coûte 2 650 000 F Cfa (deux millions six cent cinquante mille). J'ai pu réunir cette somme grâce à mes économies. Ma mère s'est inscrite sur le vol 5 (l'une des premières inscriptions sur ce vol). Pendant les formalités, les membres de la commission m'ont informé que l'Etat avait du mal à remplir son quota cette année vu que les billets sont chers et qu'ils seront obligés de prolonger les délais d'inscription pour atteindre le quota. Ma mère a donc accompli toutes les formalités avant l'extension des délais. Elle a été convoquée pour être au Hangar des pèlerins, le jeudi 10 septembre à 18 heures pour prendre son vol la nuit. Toute la famille s'est réunie pour les prières et pour lui souhaiter un bon Hadj. Vous imaginez à cet instant le bonheur que je ressentais d'avoir accompli un vœu qui m'est très cher et avec mes propres moyens, à la sueur de mon front (…).
«Bagarres, crises, pleurs collectifs, séquestrations. Tout y passe !»
Seulement, dit-il, «grande à été sa surprise quand sa mère l’a appelé le lendemain matin à 10 heures pour l'informer que 2 vols sont partis le jeudi, dans une bousculade énorme. Et que, des centaines de personnes, militants de l’Apr, à qui Macky Sall et Marième Faye ont offert des billets à la dernière heure ont pris les places et les visas de celles qui avaient payé pendant les inscriptions», dit le fonctionnaire international. Lequel souligne, pour le regretter que cela a fait que sa «mère et plusieurs autres pèlerins des vols 3, 4 et 5 (plus de 300 personnes) sont toujours dans le Hangar des pèlerins où se joue un drame sans commune mesure. Un pèlerin, sous le coup de l'émotion, refusant de rentrer chez lui pour affronter les questions de sa famille et voisins est décédé de Avc (accident cardiovasculaire) dans le hangar au cours du week-end dernier. Une autre femme, très affectée est aux urgences. C'est terrible. Bagarres, crises, pleurs collectifs, séquestrations. Tout y passe ! De l'extérieur, on ne peut pas s'imaginer le drame humain qui est en train de se jouer dans le hangar des pèlerins», regrette l’auteur de la contribution.
Poursuivant ses dénonciations, il note des mesures draconiennes imposées aux pèlerins laissés en rade, dans le hangar qui leur est réservé. «Pour couronner le tout, le hangar à l’air d’un bunker digne des camps staliniens. En effet, à côté de la Gendarmerie qui assure la sécurité, de gros gaillards en lunettes noire s»,présentés comme des jeunes de l’Apr, «veillent au grain en faisant la ronde et surveillant le ‘’délégué’’ choisi par les victimes pour la circonstance. On veille en effet à ce qu’il n’adresse pas la parole aux inconnus. ‘’Je suis surveillé’’, me dit le ‘’délégué’’ lorsque j’ai insisté pour avoir quelques informations. D’autres militants l’invitent à venir leur dire qui est l‘’intrus’’ qui tente de lui soutirer des informations. Dans quel pays sommes-nous?»
«2 vols sont partis le jeudi, dans une bousculade énorme»
Dans le hangar, l’auteur de la contribution qui se décrit comme «un citoyen révolté», de préciser qu’il y a 2 camps dans le lot des pèlerins encore à Dakar. Il s’agit des "pro-Macky" qui sont des militants qui attendent leurs billets et visas promis par le couple présidentiel et les "autres" qui ont acheté leur billet avec leurs moyens propres et qui sont laissés en rade. Entre les 2 camps, des bagarres éclatent souvent parce que les premiers n'acceptent aucune critique de la part des seconds qui sont très remontés. La tension est vive! Ceci est indigne de notre pays le Sénégal ?», peste-t-il, en menaçant d’engager des poursuites contre tous les acteurs en charge du pèlerinage à la Mecque.
«En ce qui me concerne, je compte porter plainte contre l'Etat, contre la Commission et contre Sénégal Airlines qui est la Compagnie qui a vendu les billets aux pèlerins. Je comprends bien maintenant l'adage qui dit: Si vous n'allez pas à la politique, la politique viendra à vous. Je compte m’engager en politique à partir de ce jour (je l’étais déjà sur d’autres fronts) et j’exhorte tous les jeunes sénégalais à faire de même, comme à la veille du 23 juin pour reprendre notre pays des mains d'incapables qui nous gouvernent! Assez, c’est assez !».
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