Beaucoup d’observateurs avaient déjà mis l’accent sur le fait que le slogan «restez chez vous » repris d’une communication venue d’ailleurs n’était pas suffisant pour faire adhérer les populations à une démarche de changement de comportement qui était la véritable clé du succès dans cette lutte contre ce nouveau coronavirus.
Dans une analyse faite ici, nous avions noté que s’arrêter à ce slogan, sans tenir compte de nos réalités et dynamiques sociologiques vouait la communication à des impairs.
Comme dans une forme d’infantilisation des populations des mesures unilatérales avaient été prises avec fortes convictions et grandes certitudes.
En lieu et place d’une communication inclusive, impliquant les différentes instances de la décentralisation ainsi que les relais sociaux de base, il y a eu comme une sorte de remède miracle prescrit par des gourous persuadés que des recettes venues d’ailleurs pouvaient, ici, prospérer.
Une stigmatisation des premiers malades a été entretenue par la presse sans que l’Etat n’y mette le holà.
On pouvait entendre, à travers les ondes, des sénégalais traiter des malades de méchants et de lâches sans qu’aucune autorité ne relève le caractère déplacé de tels propos.
Pendant un moment, le dialogue fut rompu entre les pouvoirs publics et les populations au nom d’un argument selon lequel les sénégalais seraient indisciplinés et qu’il fallait plutôt les soumettre.
La première nuit de couvre-feu a donné lieu à des violences, parfois gratuites, sur des populations qui avaient plus besoin d’explications que de coups de matraques de la part des forces de défense et de sécurité.
En lieu et place d’une démarche qui aurait mis les imams et autres chefs religieux devant leurs responsabilités quant à la gestion des lieux de culte par la rationalisation des fréquentations et la garantie des mesures de distanciation, on leur a servi un discours « sacrilège » de fermeture sans concession.
Les commerçants furent stigmatisés comme propagateurs du virus et les marchés furent le lieu d’expérimentation de la toute-puissance de l’Etat.
Ils furent, certaines fois, fermés manu militari comme si on y avait fait une alerte à la bombe.
De mauvais signaux furent donnés par le traitement différencié entre les marchés classiques et les grandes surfaces à un moment où, comme pour les marchés, les personnels de ces dernières contractaient aussi le virus.
Dans l’application des mesures d’interdiction de circulation entre les différents départements, il est apparu des failles occasionnées par ceux-là même chargés du suivi.
De tout cela a résulté une forme de cacophonie qui a brouillé la perception des populations quant à la dangerosité de la maladie.
Des légendes ont commencé à foisonner partout sur une possible théorie du complot.
Une forme de déni, qu’on le veuille ou non, a fait florès au niveau de certaines couches de la population faisant crédit à ceux qui ramaient à contre-courant des décisions prises et non accompagnées d’une bonne sensibilisation.
La maladie qui semblait maitrisée pendant un mois et demi prit comme du poil de la bête et commença ainsi à imprimer son rythme à un brave personnel de santé qui, malgré le manque de moyens, avait mis en place une organisation à la mesure de cette situation non sans avertir que si on arrivait à des milliers de cas, elle deviendrait ingérable.
On en est justement là et cette perte de contrôle mêlée à une situation économique qui se dégrade de jour en jour a surement pesé sur la balance de la décision du chef de l’Etat.
C’est évidemment de sa responsabilité d’agir. Cependant l’analyse de ses deux premiers discours nous avait laissé comprendre que dans cette lutte la vie était la première exigence et que pour l’économie, des mesures de correction des méfaits seraient prises à travers le fonds COVID 19.
Nous avions pensé qu’il existait une véritable force stratégique qui veillait sur les événements, les analysait et nous indiquait la bonne conduite à tenir.
Nous avions pensé que des plages d’intercessions étaient possibles entre les pouvoirs publics et les nombreux groupes d’intérêt que les mesures prises n’arrangeaient forcément pas.
Naïvement, nous avions pensé que les mesures d’hier auraient été un véritable exercice de rectification du dialogue entre pouvoir et administrés en vue de faire prendre corps à l’idée que la vie était le curseur dans cette lutte.
Au lieu de cela nous avons eu droit à une forme de lâcher prise dans la stratégie avec un revirement spectaculaire qui laisse entrevoir une possible recrudescence de la maladie et une létalité élevée.
Il semblerait que cette décision en demi-teinte, d’ailleurs, soit faite au nom de l’économie.
Ce serait louable si nous avions au moins sur ce plan une maitrise sur le cours des événements.
Or nous courons le risque en cas de prolifération inconsidérée de la maladie de nous retrouver au banc des pestiférés de des échanges et investissements internationaux.
Nous risquons, également, dans le contexte local, au regard du maintien de la fermeture des frontières départementales, de nous retrouver dans une forme d’immobilisme économique qui ne relancera pas la consommation.
Tout ça pour l’économie ?
Cheikh A T MBAYE
Dans une analyse faite ici, nous avions noté que s’arrêter à ce slogan, sans tenir compte de nos réalités et dynamiques sociologiques vouait la communication à des impairs.
Comme dans une forme d’infantilisation des populations des mesures unilatérales avaient été prises avec fortes convictions et grandes certitudes.
En lieu et place d’une communication inclusive, impliquant les différentes instances de la décentralisation ainsi que les relais sociaux de base, il y a eu comme une sorte de remède miracle prescrit par des gourous persuadés que des recettes venues d’ailleurs pouvaient, ici, prospérer.
Une stigmatisation des premiers malades a été entretenue par la presse sans que l’Etat n’y mette le holà.
On pouvait entendre, à travers les ondes, des sénégalais traiter des malades de méchants et de lâches sans qu’aucune autorité ne relève le caractère déplacé de tels propos.
Pendant un moment, le dialogue fut rompu entre les pouvoirs publics et les populations au nom d’un argument selon lequel les sénégalais seraient indisciplinés et qu’il fallait plutôt les soumettre.
La première nuit de couvre-feu a donné lieu à des violences, parfois gratuites, sur des populations qui avaient plus besoin d’explications que de coups de matraques de la part des forces de défense et de sécurité.
En lieu et place d’une démarche qui aurait mis les imams et autres chefs religieux devant leurs responsabilités quant à la gestion des lieux de culte par la rationalisation des fréquentations et la garantie des mesures de distanciation, on leur a servi un discours « sacrilège » de fermeture sans concession.
Les commerçants furent stigmatisés comme propagateurs du virus et les marchés furent le lieu d’expérimentation de la toute-puissance de l’Etat.
Ils furent, certaines fois, fermés manu militari comme si on y avait fait une alerte à la bombe.
De mauvais signaux furent donnés par le traitement différencié entre les marchés classiques et les grandes surfaces à un moment où, comme pour les marchés, les personnels de ces dernières contractaient aussi le virus.
Dans l’application des mesures d’interdiction de circulation entre les différents départements, il est apparu des failles occasionnées par ceux-là même chargés du suivi.
De tout cela a résulté une forme de cacophonie qui a brouillé la perception des populations quant à la dangerosité de la maladie.
Des légendes ont commencé à foisonner partout sur une possible théorie du complot.
Une forme de déni, qu’on le veuille ou non, a fait florès au niveau de certaines couches de la population faisant crédit à ceux qui ramaient à contre-courant des décisions prises et non accompagnées d’une bonne sensibilisation.
La maladie qui semblait maitrisée pendant un mois et demi prit comme du poil de la bête et commença ainsi à imprimer son rythme à un brave personnel de santé qui, malgré le manque de moyens, avait mis en place une organisation à la mesure de cette situation non sans avertir que si on arrivait à des milliers de cas, elle deviendrait ingérable.
On en est justement là et cette perte de contrôle mêlée à une situation économique qui se dégrade de jour en jour a surement pesé sur la balance de la décision du chef de l’Etat.
C’est évidemment de sa responsabilité d’agir. Cependant l’analyse de ses deux premiers discours nous avait laissé comprendre que dans cette lutte la vie était la première exigence et que pour l’économie, des mesures de correction des méfaits seraient prises à travers le fonds COVID 19.
Nous avions pensé qu’il existait une véritable force stratégique qui veillait sur les événements, les analysait et nous indiquait la bonne conduite à tenir.
Nous avions pensé que des plages d’intercessions étaient possibles entre les pouvoirs publics et les nombreux groupes d’intérêt que les mesures prises n’arrangeaient forcément pas.
Naïvement, nous avions pensé que les mesures d’hier auraient été un véritable exercice de rectification du dialogue entre pouvoir et administrés en vue de faire prendre corps à l’idée que la vie était le curseur dans cette lutte.
Au lieu de cela nous avons eu droit à une forme de lâcher prise dans la stratégie avec un revirement spectaculaire qui laisse entrevoir une possible recrudescence de la maladie et une létalité élevée.
Il semblerait que cette décision en demi-teinte, d’ailleurs, soit faite au nom de l’économie.
Ce serait louable si nous avions au moins sur ce plan une maitrise sur le cours des événements.
Or nous courons le risque en cas de prolifération inconsidérée de la maladie de nous retrouver au banc des pestiférés de des échanges et investissements internationaux.
Nous risquons, également, dans le contexte local, au regard du maintien de la fermeture des frontières départementales, de nous retrouver dans une forme d’immobilisme économique qui ne relancera pas la consommation.
Tout ça pour l’économie ?
Cheikh A T MBAYE