Un adage bien de chez nous renseigne que, traduction non garantie, «Satan n’a pas vocation à dire la vérité. Mais, tout ce qu’il dit est susceptible d’installer le doute dans les esprits.» Au début du lancement du dialogue national qui s’est mué, depuis, en dialogue politique tout court -on y discute, depuis lors, d’élections- Idrissa Seck avait justifié son refus d’y participer par le fait que ce dit dialogue n’avait pour but que de servir d’habillage à un «deal» conçu ailleurs. Les têtes bien pensantes du pouvoir avaient vite fait de lui trouver tous les péchés, coupable qu’il est d’avoir juste eu le flair de sentir ce mauvais coup de Jarnac qu’on allait porter à la bonne gouvernance et à la transparence. D’aucuns iront jusqu’à lui rappeler, tel un épouvantail, le fameux «protocole de Rebeuss» qui servit de fondement à son élargissement après la pieuvre politico-judiciaire dite des chantiers de Thiès et de l’atteinte à la sûreté de l’Etat. Mais, les actes, tous les actes posés par Macky Sall, semblent donner raison au Président de Rewmi.
Acte 1 : Le 29 mai, soit moins de 24 heures après le lancement officiel du dialogue dit national, le président de la République, comme s’il était senti soulagé d’un fardeau difficile à porter, dégaine son téléphone pour souhaiter joyeux anniversaire à son prédécesseur. Ce qu’il n’a jamais fait depuis que, un soir du 25 mars 2012, les suffrages le donnèrent victorieux sur Me Abdoulaye Wade.
Acte 2 : Pendant que le microcosme en était à disserter sur ce coup de fil subit et à en sonder les intentions réelles ou cachées, le ministère de la Justice fait le ménage dans l’entourage de Karim. Pour des «raisons humanitaires», une libération conditionnelle est accordée à la bande à Bibo Bourgi, Pape Mamadou Pouye, Diassé, tous accablés il n’y a guère des crimes économiques les plus abominables et écroués à la Mac de Rebeuss, au même titre que Karim Wade, pour une longue durée. La démarche est cousue de fil blanc. Mais, comme les peuples ont la mémoire courte et n’ont que les dirigeants qu’ils méritent, tant pis pour les formes. L’essentiel étant de parvenir à ses fins, à moindre frais. En l’espèce, Macky Sall semble avoir fait sienne la bonne vieille formule de Nicolas Machiavel. Ce dernier, dans Le Prince, livre de chevet des dirigeants, disait que, «en politique, la fin justifie toujours les moyens.»
Acte 3 : Comme à son habitude, lui qui est né paradoxalement après les indépendances, Macky qui a bien assimilé les leçons de ses devanciers, réserve toujours la primeur des décisions les plus importantes pour son pays aux médias étrangers. Rfi ou France 24, la Voix de l’Amérique, ça fait chouette et plus tendance que Walf, Rfm ou autre Rts. Alors, au micro de Rfi, comme s’il était piqué par une mouche, Macky se laisse aller aux confidences les plus inimaginables. Entre autres, que Karim Wade pourrait sortir de prison avant même la fin de l’année. Ses affidés se chargent, de façon maladroite, du service après-vente. D’un débat sur l’opportunité, ils glissent subrepticement vers la constitutionnalité du droit de grâce. Ce, alors que personne n’en fait cas. Le moins instruit des Sénégalais sait que le droit de grâce est une prérogative constitutionnelle exclusivement réservée au président de la République, sorte de monarque de droit divin, qui a seul pouvoir de pardon quand tous les mécanismes de répression sont épuisés. Là n’est pas la question. La question, c’est : avait-on besoin de maintenir tout le Sénégal en haleine, interpellant, poursuivant et condamnant, au mépris des règles élémentaires de procédure et des décisions d’organismes internationaux (Cedeao, Groupe d’experts de l’Onu…) pour finalement en arriver à ce résultat ? En l’espèce, qu’est-ce qui a changé ? Pas Karim Wade, en tout cas ! Depuis la fin de la procédure, ses avocats ont été invariables dans leurs déclarations : le détenu Karim Meissa Wade n’a sollicité et ne sollicitera pas de grâce présidentielle.
Acte 4 : Sous le prétexte d’une visite de remerciements aux khalifes généraux de Touba et Tivaouane qui lui ont permis de désamorcer la bombe qu’allait constituer la radiation collective des enseignants, Macky Sall chuchote, si l’on en croit les confidences recueillies par la presse d’hier, à l’oreille de ses hôtes, que Karim pourrait même passer la Korité chez lui. Quel sera, alors, le prochain acte ? L’amnistie, pardi ! Cette mesure de portée législative donc plus efficace, dans ses effets, que la grâce aura la vertu d’effacer de la mémoire collective les infractions, les peines prononcées et tout ce qui leur est rattaché. Y faire référence pourrait même vous conduire en prison. Alors, est-on tenté de dire : tout ça pour ça !
Ibrahima ANNE
Walf.net
Acte 1 : Le 29 mai, soit moins de 24 heures après le lancement officiel du dialogue dit national, le président de la République, comme s’il était senti soulagé d’un fardeau difficile à porter, dégaine son téléphone pour souhaiter joyeux anniversaire à son prédécesseur. Ce qu’il n’a jamais fait depuis que, un soir du 25 mars 2012, les suffrages le donnèrent victorieux sur Me Abdoulaye Wade.
Acte 2 : Pendant que le microcosme en était à disserter sur ce coup de fil subit et à en sonder les intentions réelles ou cachées, le ministère de la Justice fait le ménage dans l’entourage de Karim. Pour des «raisons humanitaires», une libération conditionnelle est accordée à la bande à Bibo Bourgi, Pape Mamadou Pouye, Diassé, tous accablés il n’y a guère des crimes économiques les plus abominables et écroués à la Mac de Rebeuss, au même titre que Karim Wade, pour une longue durée. La démarche est cousue de fil blanc. Mais, comme les peuples ont la mémoire courte et n’ont que les dirigeants qu’ils méritent, tant pis pour les formes. L’essentiel étant de parvenir à ses fins, à moindre frais. En l’espèce, Macky Sall semble avoir fait sienne la bonne vieille formule de Nicolas Machiavel. Ce dernier, dans Le Prince, livre de chevet des dirigeants, disait que, «en politique, la fin justifie toujours les moyens.»
Acte 3 : Comme à son habitude, lui qui est né paradoxalement après les indépendances, Macky qui a bien assimilé les leçons de ses devanciers, réserve toujours la primeur des décisions les plus importantes pour son pays aux médias étrangers. Rfi ou France 24, la Voix de l’Amérique, ça fait chouette et plus tendance que Walf, Rfm ou autre Rts. Alors, au micro de Rfi, comme s’il était piqué par une mouche, Macky se laisse aller aux confidences les plus inimaginables. Entre autres, que Karim Wade pourrait sortir de prison avant même la fin de l’année. Ses affidés se chargent, de façon maladroite, du service après-vente. D’un débat sur l’opportunité, ils glissent subrepticement vers la constitutionnalité du droit de grâce. Ce, alors que personne n’en fait cas. Le moins instruit des Sénégalais sait que le droit de grâce est une prérogative constitutionnelle exclusivement réservée au président de la République, sorte de monarque de droit divin, qui a seul pouvoir de pardon quand tous les mécanismes de répression sont épuisés. Là n’est pas la question. La question, c’est : avait-on besoin de maintenir tout le Sénégal en haleine, interpellant, poursuivant et condamnant, au mépris des règles élémentaires de procédure et des décisions d’organismes internationaux (Cedeao, Groupe d’experts de l’Onu…) pour finalement en arriver à ce résultat ? En l’espèce, qu’est-ce qui a changé ? Pas Karim Wade, en tout cas ! Depuis la fin de la procédure, ses avocats ont été invariables dans leurs déclarations : le détenu Karim Meissa Wade n’a sollicité et ne sollicitera pas de grâce présidentielle.
Acte 4 : Sous le prétexte d’une visite de remerciements aux khalifes généraux de Touba et Tivaouane qui lui ont permis de désamorcer la bombe qu’allait constituer la radiation collective des enseignants, Macky Sall chuchote, si l’on en croit les confidences recueillies par la presse d’hier, à l’oreille de ses hôtes, que Karim pourrait même passer la Korité chez lui. Quel sera, alors, le prochain acte ? L’amnistie, pardi ! Cette mesure de portée législative donc plus efficace, dans ses effets, que la grâce aura la vertu d’effacer de la mémoire collective les infractions, les peines prononcées et tout ce qui leur est rattaché. Y faire référence pourrait même vous conduire en prison. Alors, est-on tenté de dire : tout ça pour ça !
Ibrahima ANNE
Walf.net