Démission du magistrat Ibrahima Hamidou Dème – La trop forte «dépendance» de la Justice à l’Exécutif en cause ?

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 9 Février 2017 à 20:53 modifié le Vendredi 10 Février 2017 14:55

Cela devait fatalement arriver. Qu’un magistrat se sente mal à l’aise et décide de la dire était dans l’air du temps. Car depuis plusieurs années maintenant, ces hauts fonctionnaires font l’objet de fortes critiques, fondées ou non. Le citoyen lambda reste convaincu que la justice est mal rendue dans notre pays, qu’elle est corrompue et particulièrement dépendante du pouvoir politique. Ces critiques récurrentes ne pouvaient manquer d’attirer l’attention des magistrats eux-mêmes tant leur réputation est ternie auprès de l’opinion. Qui plus est, quelques scandales ont éclaté ces dernières années pour venir «confirmer» cette mauvaise réputation de notre justice qui regorge pourtant d’hommes et de femmes de qualité. Il y a eu l’affaire Taïfour Diop, ce magistrat, ancien 1er président de la Cour d’appel de Saint-Louis, accusé par un de ses pairs d’avoir rendu des décisions peu orthodoxes et en dehors de tout cadre légal dans une affaire qui opposait la Société Résidence des Jardins et la société Wartsila West Africa. Et c’est au sein même de l’Union des magistrats du Sénégal que des révélations sur cette affaire ont été faites, reprises dès le lendemain par une certaine partie de la presse nationale. Or, ce même magistrat qui faisait l’objet d’accusations sur sa probité, était également en cause dans un recours électoral entre candidats à la mairie de Podor, en l’occurrence madame Aïssata Tall Sall et monsieur Racine Sy. Dans cette affaire également, de forts soupçons de partialité avaient entaché la décision rendue par le juge Taïfour Diop.
Lorsque la CREI a été ressuscitée, des voix s’étaient élevées au sein même de la magistrature pour dénoncer le caractère par trop inquisitorial de cette juridiction qui ne donnait aucune chance de bonne défense aux personnes poursuivies. Et les récents procès qualifiés de «politiques» intentés contre des adversaires du pouvoir viennent corser le dossier de la justice auprès des citoyens : Dans notre pays la justice est mal rendue ! Qu’un magistrat le dise si crûment sans mettre de gants tout en démissionnant avec fracas de l’Union des magistrats du Sénégal, loin de déplaire à ses pairs, devrait plutôt être perçu comme une manière de secouer le cocotier afin d’en faire tomber les fruits mûrs et les feuilles mortes, un prétexte pour remettre les pendules à l’heure par une réforme en profondeur.

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