Décès de l’artiste plasticien Dout’s Ndoye à 50 ans

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 9 Juin 2023 à 11:23 modifié le Vendredi 9 Juin 2023 11:52

L’artiste plasticien sénégalais Mouhamadou Ndoye dit Dout’s Ndoye est décédé à 50 ans, ce vendredi 9 juin 2023 à Dakar. Nous publions ici le portrait que le Soleil avait consacré, au début des années 2000, à ce talentueux artiste sorti major de sa promotion 1999 en Arts plastiques à l’école nationale des Beaux-Arts de Dakar. 
Douts Ndoye, la passion au bout du pinceau

Les quartiers défavorisés et les bidonvilles populeux sont ses thèmes favoris. Couchés sur de la toile, ces thèmes portent l’artiste jusqu’en Belgique, à la foire de Liège, à Bamako, à Paris, ou dans le Net. Des destinations que Mohamadou Ndoye dit Douts n’a pas choisi. Ce sont plutôt ses tableaux qui séduisent des mécènes ou galeristes venus divers horizons. 

Sorti de l’école nationale des Arts en 1999, Douts Ndoye est du lot de ces jeunes artistes plasticiens qui font leur petit bonhomme de chemin. Ces jeunes doivent d’abord faire accepter à leur entourage le choix de leur passion : l’Art. Ensuite convaincre, par leur talent, les mécènes et les galeristes du monde artistique.

Dès la classe de première, au lycée Blaise Diagne, le bonhomme a choisi son
chemin, celui de l’Ecole nationale des Arts :  » Mon professeur d’éducateur
artistique me disait souvent que j’avais la main. Et j’ai tenu à faire le concours pour entrer aux Beaux-Arts.  » À vingt-huit ans, ce choix est irréversible selon Ndouts Ndoye. Mais Il faut l’expliquer aux parents qui, souvent, ont une certaine conception négative de l’art et des artistes. Les couleurs de ses œuvres feront le reste.

L’artiste peintre est versé dans le collage. Les couleurs vives des toiles de Douts Ndoye semblent donner une vie aux bidonvilles qu’il représente pêle-mêle dans ses toiles. Les matériaux utilisés par Douts Ndoye, du carton, des coupures de journaux, à la limite rudimentaires, s’allient à
merveille à ses pastels.  » J’aime représenter le désordre architectural, l’accumulation des individus dans les bâtiments. J’y pénètre pour mieux faire voir…  » Dèjà, élève à l’Ecole Nationale des Arts, Douts séduit par sa technique :  » J’ai vendu ma première toile d’une manière fortuite. Un Directeur de société a remarqué une de mes œuvres chez le menuisier chargé d’y mettre un cadre, me l’a achetée à cent cinquante mille francs.  » Et c’est le déclic chez l’élève ! Avec cette somme, il a acheté du matériel de travail. Sorti de la promotion 1999 de l’ENA, Douts Ndoye, est exposé par un commandant de la DA-160 de l’Armée française à Ouakam. Ce dernier ayant découvert certaines des œuvres du peintre à travers une exposition d’école décide de lui donner un coup de pouce. Le militaire lui-même formé aux Beaux-arts de Paris, entretien une galerie virtuelle sur le net ; d’où la facilité pour Douts d’avoir, ses toiles en ligne. Des contacts de galeristes du Canada, du Brésil s’en suivent. Au Sénégal, les contacts ne manquent pas non plus pour le jeune peintre plasticien. Lors de la précédente Biennale Dak’Art, 2000, Douts Ndoye a participé, avec onze grands noms de la
peinture sénégalaise, à l’initiative  » Un artiste, une œuvre, une carte « .

Durant cette même Biennale, il a été aux côtés des jeunes peintres au « Salon de la jeune création plastique sénégalaise « . Des expositions collectives qui lui permettent de rencontrer d’autres sensibilités : « J’aime bien la critique, le regard que les autres portent sur mon œuvre. Certains épousent mes idées. Mais, je me dis qu’un artiste ne doit pas s’inspirer de quelqu’un, de risque d’être étouffé dans sa création. Ainsi je tiens à m’exprimer librement…  »

En compagnie d’autres jeunes artistes plasticiens, Douts Ndoye a participé du 14 au 28 février dernier à une exposition collective au musée de l’Ifan de la place Soweto. Une expérience renouvelée, en mars au centre culturel Blaise Senghor. Il a animé, en compagnie des ses camarades de promotion de l’Ecole des Arts, Samba Fall et Aïcha Aïdara, l’exposition  » L’Art en faveur de l’éducation  » d’Afro-Panorama, une association de Noirs de la Diaspora basée aux Etats-Unis. Ces deux expositions étaient surtout destinées à venir en aide aux enfants déshérités. Souvent Douts se retrouve avec une dizaine d’autres jeunes plasticiens dans l’association  » Art’Express  » intervenant en faveur des enfants. C’est dans le cadre de cette association qu’ils ont animé des ateliers de peinture au centre Talibou Dabo de Grand Yoff, à l’Institution Mariama Bâ de Gorée, à Enda Ecopole et à Ziguinchor, toujours
en faveur des enfants. Une manière pour ces jeunes artistes plasticiens sortis de l’Ecole Nationale des Arts de Dakar, de prouver quoiqu’ils soient animés du désir de concrétiser des perspectives et des voyages, que la peinture est d’abord pour eux une passion. Mais Douts Ndoye croit ferme que
la réussite est au bout du pinceau : peindre, peindre et peindre encore.
L’art nourrira son homme un jour…















Le Soleil

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