Décès de Serigne Babacar Mbow, fondateur de l’ONG des villageois de Ndem

Rédigé par Dakarposte le Lundi 4 Mars 2024 à 00:50 modifié le Lundi 4 Mars 2024 00:53

Serigne Babacar Mbow, le président fondateur de l’ONG des villageois de Ndem, est décédé dans la nuit de vendredi à samedi peu après son arrivée à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass après des soins en France, a appris l’APS du maire de Ngogom, commune du département de Bambey (Diourbel, centre) dont fait partie son village.

Il a été inhumé, samedi, à Mbaké Kadior dans la région de Diourbel.

Né à Dakar où il a grandi, Serigne Babacar Mbow dirigeait l’ONG des villageois de Ndem, engagée dans le commerce équitable et le développement socio-économique de la région de Diourbel.

“C’est avec tristesse que nous avons appris le rappel à Dieu de Serigne Babacar Mbow, un fils du Baol, mais particulièrement de la commune de Ngogom mais aussi notre conseiller et partenaire”, a déclaré le maire de la commune de Ngogom, Papa Momar Ngom.

Il a qualifié sa disparition de grande perte pour toute la communauté mouride, rappelant que le défunt jouait un rôle important dans la diffusion du mouridisme en Europe.

Les enseignements de Cheikh Ibra Fall comme repères

“La démarche de Serigne Babacar Mbow était basée sur les enseignements de Cheikh Ibrahima Fall, disciple de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du mouridisme, à savoir la foi et le travail altruiste”, a témoigné l’édile de Ngogom.

Pour Pape Momar Ngom, Serigne Babacar Mbow a transformé successivement les villages de Ndem et de Mbacké Kadior en de véritables villages artisanaux. Le défunt a aidé aussi beaucoup de femmes de ces localités dans la formation pratique dans les métiers de l’artisanat.

‘’Le Sénégal, l’Afrique et la Oumma ont perdu un illustre homme, un vrai soufi et un vrai développeur’’, a témoigné le géographe et chercheur, docteur Cheikh Guèye. Il est largement revenu sur le parcours atypique de cet homme, militant gauchiste, intellectuel soufi et acteur du développement local.

Il indique que le défunt était un militant de la gauche qui s’est ‘’reconverti’’ dans la voie de l’islam et du développement, jusqu’à sa mort.

‘’Il fut un membre actif du mouvement marxiste au Sénégal dans les années 1970. Son activisme lui a valu plusieurs arrestations et des privations. C’est ce qui avait poussé sa famille à l’envoyer à l’étranger, en France, pour poursuivre ses études’’, indique Guèye, auteur du livre ”Touba, la capitale des mourides”.

Le prédicateur suisse Tariq Ramadan a rendu un vibrant hommage à Serigne Babacar Mbow, soulignant que toute sa vie durant, il ”n’avait qu’une adoration, une qibla, une destination”.

”Depuis plus de 36 ans, nous avons cheminé ensemble avec le coeur, avec les mots et les signes. (…) Il m’a enseigné à communiquer dans le silence et à me rappeler que le temps ne se compte pas en heure, mais en confiance et en amour”, écrit l’islamologue suisse.

Projet à caractère social

Disciple de Serigne Hamdy Modou Mbenda Fall, guide suprême des Baye Fall, Serigne Babacar Mbow a initié depuis plus de trente ans un projet à caractère social à Ndem et dans les autres villages du terroir.

Aspirant soufi dès son plus jeune âge, Serigne Babacar Mbow a suivi la voie tracée par Cheikh Ahmadou Bamba et son disciple Cheikh Ibrahima Fall.

Il a fondé en 1984 un “daara” (école coranique) au village de Ndem. Depuis lors, il se consacre à la “voie Baye Fall”, caractérisée par l’adoration pieuse et le travail sanctifiant, fondement de son engagement dans le projet socioculturel et économique avec les populations de Ndem.

Après trente ans d’efforts, le village de Ndem est ainsi devenu un pôle de développement local pérenne, exemplaire et reconnu par les institutions gouvernementales sénégalaises qui veulent en faire un modèle pour le reste du pays.

L’ONG y mène une action à caractère endogène de lutte contre le déclin tant économique qu’écologique de la zone, durement affectée par l’exode rural et le changement climatique. Pour ce faire, elle a progressivement élaboré une stratégie globale permettant de valoriser les ressources naturelles locales, favorisant l’émergence d’idées et de pratiques orientées vers une gestion durablement viable de l’environnement et la réhabilitation de savoir-faire locaux.

Inflexion des dynamiques d’exode rural

L’approche communautaire et systémique qu’elle développe dans les domaines notamment de la santé, de l’artisanat, l’accès à l’eau et à l’assainissement a permis progressivement d’infléchir les dynamiques d’exode rural dans ses zones d’action, autour des villages de Ndem, Darou Ndimb et Mbacké Kadior, dans le cadre de la réhabilitation du site historique de Nguiguiss Bamba.

Ses voyages à travers le monde lui ont permis de développer de nombreux échanges interculturels et inter-religieux.

Sérigne Babacar Mbow était également un grand intellectuel. Il a écrit cinq ouvrages, dont “la noblesse spirituelle de l’âme”, “l’aura de la femme dans le verbe divin” ou “Cheikh Ibrahima Fall : la lumière de la sainte piété”. Sa vie était un exemple de la liaison entre la recherche spirituelle et le travail, conformément aux enseignements de son guide, Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de la confrérie mouride.

Il a aussi écrit : ‘’Mohamed : le soleil de l’existence’’, ‘’La lumière de l’Eternel ou Khadimou Rassôl, Selon sa parole’’, ‘’Sur les traces du dévot et La voie Baye-Fall ou La Lumière du Dedans’’.

‘’Tout ceci démontre clairement la liaison entre sa recherche spirituelle et l’homme intellectuel reconnu qu’il fut’’, estime Docteur Cheikh Guèye.

En plus de ses activités intellectuelles, Sérigne Babacar Mbow était le guide spirituel de disciples d’origines différentes et était très impliqué dans des activités humanitaires.



























aps
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