De Petro-Tim à Africa Energy : les cas de conflit d’intérêts secouent la République

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 19 Octobre 2016 à 10:04 modifié le Mercredi 19 Octobre 2016 10:07

Dakarmatin


Le frère du président Sall, Aliou, a démissionné de son poste d’administrateur de Timis Corporation pour intégrer celui de Responsable de Marketing de cette même boîte pour l’Afrique entière. Presqu’une promotion. Certes, le frère du président a le droit de travailler comme tout le monde pour subvenir dignement à ses besoins, mais tout le tollé soulevé par l’Affaire Pétro-Tim, société qu’il aurait créée avant de la dissoudre et intégrer Timis Corporation, est né du fait que nombre de Sénégalais de l’opposition et de la société civile redoutent le conflit d’intérêts.

Eh bien, qu’est-ce que le conflit d’intérêts ? Le dictionnaire le définit comme « un conflit entre la mission d’un agent public et ses intérêts privés, conflit susceptible d’influencer la manière dont il exerce ses fonctions. En d’autres termes, le conflit d’intérêts peut potentiellement remettre en cause la neutralité et l’impartialité avec lesquelles la personne doit accomplir sa mission du fait de ses intérêts personnels ».

Pourtant, au moment où l’on parle de cette affaire, Omar Faye de Léral Askan wi a cru devoir mettre le doigt sur une autre de ce genre.

Il évoque notamment le fait qu’Alassane Diallo, Directeur général des Industries chimiques du Sénégal (ICS), soit aussi le Directeur de Africa Energy.

A l’en croire, il s’agit d’un cas manifeste de conflit d’intérêts, au moment où le marché de gré à gré de 300 milliards de la Centrale à charbon et de gaz de Mboro avait été donné à Africa Energy.

Dans ces cas de figure et dans bien d’autres, un agent chargé d’une mission publique crée une société privée tout en sachant que sa position peut favorablement influer sur la marche des choses. C’est une telle position qui fait que Frank Timis n’a pas envie de lâcher Aliou Sall parce qu’il est conscient qu’il est le frère du Président de la République. De la même manière, il est important qu’Alassane  Diallo s’explique sur sa double fonction au niveau d’une société publique aussi importante et une société privée.

En tout état de cause, il est important, pour nos hommes politiques, de comprendre qu’ils ne peuvent pas créer des sociétés privées au moment où ils assument des fonctions publiques. Ils doivent laisser les affaires aux hommes d’affaires.

Comme dans les cas de trafic d’influence ou de prise illégale d’intérêt, celui qui s’y adonne ne peut ignorer vouloir exploiter sa position à des fins personnelles. Par exemple, Aliou Sall, du fait de sa position au niveau de l’Ambassade du Sénégal en Chine, détenait certainement les informations sur les explorations potentielles de pétrole et les chances de réussir.

Nous pensons en effet que les positions avantageuses que procurent le Chargé des Affaires économiques dans une Ambassade et celui de Directeur général, doivent pousser les uns et les autres à la prudence et éviter que des lanceurs d’alerte saisissent les médias et plongent le pays dans des polémiques inévitables, par ailleurs.

En somme, il est malheureux qu’en Afrique les hommes politiques soient des hommes d’affaires et que les hommes d’affaires intègrent de plus en plus la politique.

C’est parce qu’ils sont conscients du fait que la politique et les affaires confèrent le pouvoir et l’argent. Du coup, au lieu d’avoir des hommes politiques et des hommes d’affaires, on a tendance à voir les mêmes hommes régner partout.

En Gambie par exemple, le Président Yaya Jammeh a poussé ce système à son paroxysme en devenant le principal commerçant, le meilleur agriculteur et le plus grand éleveur.

Si on laisse les hommes politiques profiter de leurs statuts de cette manière, cela va accentuer les inégalités sociales, créer des troubles sociaux et déstabiliser les Etats. Car les révolutions et actuellement les cas d’extrémisme religieux, naissent justement de ces genres de situations.
Cheikh Amidou Kane
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