A quelques jours de la célébration de la Tabaski, les « goor goor lu » ne savent pas sur quel pied danser. Et depuis quelques années maintenant, l’approche de ladite fête est l’occasion pour les privilégiés et les fortunés de se donner en spectacle pour attirer l’attention à travers l’achat de béliers qui valent le prix d’une dizaine. Entre ceux qui tirent le diable par la queue et ceux qui exposent fièrement leurs fortunes et moutons, il est impossible de savoir à quel Sénégal se fier. En observant bien le quotidien de la majorité de nos compatriotes, on en arrive parfois à se demander si les notions de solidarité et de compassion nous sont toujours connues. Dans nos voisinages respectifs, il est tout à fait fréquent de voir des personnes qui se débrouillent pour assurer les trois plats du jour mais ne parviennent jamais à joindre les deux bouts. Partout ou presque, c’est le système-D chez les misérables tandis que les privilégiés se plaisent dans le m’as-tu-vu et le gaspillage. Quelle que puisse être la race, quand un mouton s’acquiert à coût d’un million ou plus pour le simple plaisir de rivaliser avec celui du voisin, c’est que l’on semble ne pas mesurer la portée du sacrifice dont l’esprit est tout autre. Cela choquerait d’autant plus que cette classe de nouveaux bourgeois expose leurs béliers sur la toile comme s’ils voulaient faire passer un message. La discrétion est pourtant une qualité supérieure en islam et, sans elle, on ne récolterait que le plaisir de se voir louer la magnificence de son mouton en lieu et place de grâces. Dieu recommande certes de tuer un gros bélier mais s’empresse de préciser que la viande et le sang qui en émanent l’intéressent moins que la foi du sacrifice. Pour ce faire, il n’est pas impératif de se doter d’un mouton qui coûte 1 000 000 de francs CFA, le prix de 10 têtes de 100 000 francs. Le m’as-tu-vu est plus flagrant quand quelqu’un, se prenant pour Crésus, expose des liasses de billets devant la caméra pour se vanter et faire passer un message à un rival. Peut-être qu’il s’en mord le doigt après que le peuple de l’internet s’est mis à le flécher. Mais le mal est déjà fait et rien que le fait de se faire filmer avec tout cet argent autour témoigne d’une certaine immaturité et à la limite d’une inintelligence extrême. Balla Gaye 2, pour ne pas le nommer, oublie certainement qu’il n’est pas né riche et que son entourage comme son voisinage compte des personnes très démunies. Donc par décence et par respect pour eux, il devait s’abstenir à une telle démonstration qui ne le grandit pas tout au contraire. Le titre de Roi des Arènes s’obtient sur le terrain et nulle part ailleurs ; il ne faut pas mélanger les genres. Qu’ils aient pour noms Balla Gaye, Wally Seck, Pape Diouf ou autres, le fait d’étaler sa fortune en acquérant un mouton ou en exposant ses billets ne peut qu’être mal reçu. Il est d’autant moins acceptable que ce sont des leaders d’opinions qui comptent parmi leurs inconditionnels des gens très pauvres qui auraient besoin d’aide de leur part. Je suis très persuadé qu’ils le font déjà car ils ne cessent de professer l’entraide dans leurs chansons et discours mais il faudrait aller plus non pas en donnant l’exemple mais en étant l’exemple dans leurs faits et gestes. Le Sénégal regorge de ce genre d’esprits qui s’en donnent à cœur joie au gaspillage, à l’arrogance, à la fierté sans tenir compte de la situation de ceux qui vivent à côté et dans une pauvreté chronique. Toutefois, il n’y a rien de plus normal si l’on sait, comme le dit La Rochefoucauld dans ses maximes que: « l’amour propre est le plus grand de tous les flatteurs ». Ababacar Gaye
Coup de Gueule : «des millions pour un mouton, des millions pour un Roi : quand des leaders d’opinions étalent leur amour-propre »
senenews.com
Mamadou Ndiaye
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