Cinq à dix mots sur la démission de Mody Niang de l’OFNAC

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 17 Mars 2016 à 23:14

Mody Niang, le sémillant chroniqueur et analyste politique, qui a moult fois accablé le régime libéral par ses interrogations particulièrement incisives sur les dérives politiques et économiques de Me Wade et compagnie, vient de démissionner de son poste de membre et porte-parole de l’OFNAC. Motifs invoqués : une santé fragile et une soif inextinguible de reprendre sa liberté d’expression. Ce serait sans doute malhonnête et même insensé de ne pas applaudir à cet acte de haute portée morale. Il n’empêche qu’on peut s’autoriser, à ce sujet, une lecture objective et pas forcément favorable au vieil éducateur à la retraite, qui continue encore d’enseigner par le poids des actes qu’il pose.



Il n’y a sans doute aucun superlatif à caractère moral qui soit trop fort pour qualifier les qualités éthiques propres à l’ancien inspecteur de l’enseignement Mody Niang. Les actes qu’il pose à travers ses contributions intellectuelles, éclatantes de profondeur et d’originalité, sont sans commune mesure avec une certaine coquetterie que l’on constate dans l’univers de la critique supposée patriotique.
Toutefois, la dernière décision qu’il vient de prendre peut ne pas forcément résister à l’analyse, et pour cause. Si tant il est vrai qu’il est convaincu que l’OFNAC est suffisamment doué de crédibilité dans l’exécution de la mission qui lui est assignée, alors nous ne voyons pas en quoi il est pertinent qu’il demande à être déchargé des fonctions qui y étaient les siennes. Et que Mody Niang n’évoque surtout pas une santé fragile pour justifier son départ. Tout le monde est malade dans ce pays. Evidemment, il y a trois groupes de malades : ceux qui le sont effectivement, ceux qui s’apprêtent à l’être, et enfin, ceux qui ont cessé de l’être et se préparent à le redevenir. Autrement dit, et Mody ne l’ignore pas, tous ceux qui travaillent dans ce pays sont sanitairement parlant en état de sursis.
Reprendre sa liberté d’expression. Un autre motif que le sieur Niang invoque et verse dans son dossier de démission comme pièce à conviction. Mais ne peut-on pas voir par là l’expression d’un abus de pré jugement dans la mesure où, que l’on sache, l’Autorité qui l’a nommé au poste qu’il vient de quitter de son  propre chef ne lui a jamais formellement interdit de porter des observations critiques sur les différents actes qu’elle pose. Mody, dans sa lettre de démission, rappelle à son patron, Nafy Ngom Keïta, que les autorités suprêmes de l’Etat sont allergiques à la critique. Certes. Mais dans son cas, à partir du moment où il n’avait pas exprimé de manière publique des critiques qui lui eussent valu un acte de recadrage de la part de l’Autorité, cette évidence était encore, forcément, en état d’éventualité. 
Pour tout dire, Mody aurait bien pu garder son poste et exercer sa liberté d’expression, et ensuite, voir si oui ou non les autorités qu’il soupçonne d’être, de fait, allergiques à la critique, allaient l’accabler par des retours de bâtons. 
Il y a lieu d’ailleurs de se demander si un intellectuel aussi net et aussi carré que Mody devait accepter de siéger dans cet organe, étant entendu qu’il était à priori parfaitement conscient qu’un jour ou l’autre, quelque lacune liée au mode de gouvernance de ses « employeurs » allait le sortir hors de ses gonds. Nous pensons que le seul lieu à partir duquel un esprit en éternelle alerte comme celui de Mody peut jouir d’un tant soi peu de confort, se trouve dans l’espace si exigeant des discours indignés qu’il sait si bien tisser contre le prince et sa cour, avec un art consommé. 
Moralité : tant vont les dents dans la forêt de la grimace qu’à la fin elles ne savent plus organiser un sourire !          
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