Avec sa mine faussement anxieux, son calme monacal que sédimente un regard de poète débordant d’inspiration, Cheikh Amar donne plutôt l’air de quelqu’un qui a survécu à toutes les confrontations contre l’appât du gain. Ne nous fions pas cependant aux apparences. Cheikh Amar est ce quadragénaire qui a su se faire une fortune immense dans un Sénégal pauvre, mais en empruntant le plus long chemin de l’éthique.
Après avoir bouclé ses études en France et décroché un diplôme de Technicien Supérieur, Cheikh Amar choisit de rester dans l’Hexagone et intègre le très prestigieux groupe Leclerc spécialisé dans la distribution. Mais dès les années 2000, le jeune garçon sent en lui se dresser la fibre patriotique. Il réintègre alors le bercail et créé Tracto Service Equipement, l’entreprise est aussi tôt placée sous le feu divin d’une bonne étoile. Cheikh Amar bénéficie du soutien et de la totale confiance de la communauté mouride, notamment par l’entremise du vénéré Serigne Saliou MBacké, qui le présenta en privé à l'ancien Chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade, en termes particulièrement ennoblissant qui faisaient de lui un homme d’initiatives hors pair, foncièrement imaginatif dans le domaine de la mie en valeur de la terre, et sur qui donc l’on pouvait compter.
Dans le cadre de l’exploitation de son célébrissime domaine agricole Khecom (dans le bassin arachidier) vaste de 45 000 ha, Serigne fait de l’expertise de Cheikh Amar un point d’appui fondamental. En effet, il lui confie à la fois l’entretien et l’approvisionnement en matériel agricole.
Sa réputation est rapidement faite dans le domaine du génie agricole, mais le jeune homme a des ambitions autrement plus diversifiées et ne tarde pas à se donner les moyens de leur donner corps. C’est ainsi qu’il investit le domaine de l’immobilier (notamment dans les Almadies) avec TRE, mais aussi dans l’automobile, en devenant l’un des plus importants associés du consortium Sen Iran auto, basé à Thiès et spécialisé dans le montage de bus.
A vrai dire, Cheikh Amar fait partie de cette race d’hommes qui ont la capacité sublime de faire fleurir des déserts. La preuve, à un moment où personne n’y croyait point, Cheikh Amar a procédé courageusement au rachat de la SERPAM (Société d’Etudes et de Rachat des Phosphates de Matam). Nous sommer en 2008 et l’Etat, qui détenait au moins 51% des parts de ce cette société, montre des signes de réticence réelle quant à l’engagement financier vis-à-vis de ce quasi désert industriel.
Eh bien celui que j'ai eu à surnommer au tout début de son odyssée "l'homme des rêves de Marie Amar" a joué et a gagné. Cette fois-ci aussi, a joué et a gagné le jackpot. Comme toujours !
Pour autant et même moins, cela charrie naturellement bien des jalousies. Normal, serait on tenté de dire!
Heureusement, que Cheikh, comme le surnomment son parent et confident, "sait distinguer la bonne graine de l'ivraie".