Cheikh Mbacké Ndiaye, responsable de l'APR : "Ce que le Pr Macky Sall a vite senti chez Amsatou Sow Sidibé (...) Cheikh Bamba Dièye doit se taire (...) Ne me parlez pas d'un Idrissa Seck dont les aptitudes sont reconnues au bavardage (...)"

Rédigé par Dakarposte le Vendredi 12 Février 2016 à 00:57 modifié le Samedi 13 Février 2016 13:44

L'intitulé de cette interview à bâtons rompus avec ce proche collaborateur du Président de la République pourrait être: "Cheikh Mbacké Ndiaye se fâche et se lâche!" En cause? Dans cet entretien exclusif que ce jeune responsable du parti au pouvoir a bien voulu nous accorder, Cheikh Mbacké Ndiaye,puisqu'il s'agit de lui, n'a pas mâcher ses mots. L'homme,décrit "calme", "secret", "réservé" ...s'est exprimé crument avant de vider son chargeur sur l'opposition. Aussi, en tant que responsable politique de l'APR à Yeumbeul, a t'il accepté d'évoquer la fameuse bataille rangée de la banlieue. Interview!


Dakarposte: M. Ndiaye, en tant que proche collaborateur du Président Macky Sall, que vous inspire en toute objectivité le débat sur la double nationalité de Karim Wade ?

Cheikh Mbacké Ndiaye: Cela m’inspire à la fois dégoût et révolte. J’entends des gens plaider cela avec la plus totale duplicité et, je suis dégoûté par une telle manifestation de mépris pour l’intelligence et le bon sens des Sénégalais. L’ancien Président Abdoulaye Wade vient de remporter la médaille d’or dans cet infâme exercice. Il a commis une tribune dans la presse pour, dans un discours qui se veut savant, tenter de nous transfuser une fausse compréhension d’un problème élémentaire, qui nécessite tout juste une connaissance acceptable de la langue française et un minimum de bon sens. La Constitution dit que pour être candidat à l’élection présidentielle, il faut être de nationalité exclusivement sénégalaise. Si on a des difficultés pour comprendre le sens de cette phrase, il suffit de consulter le premier instituteur qualifié, qui enseigne quotidiennement à ses écoliers les termes de la phrase et la valeur réelle des mots dans une phrase. Le débat ne porte pas sur les conditions dans lesquelles un citoyen sénégalais s’est retrouvé avec une autre nationalité. Il s’agit de constater que tout Sénégalais, disposant en plus, d’une autre nationalité, est disqualifié de l’élection présidentielle. Et c’est là que la tribune d’Abdoulaye Wade inspire la révolte. Parce qu’avec le cynisme qui le caractérise, il nous dit simplement : mon fils veut bien vous diriger, vous Sénégalais. Mais sa nationalité française est importante pour lui, et il ne saurait y renoncer sans avoir la garantie qu’un tel sacrifice sera compensé par son élection effective à la Présidence de la République du Sénégal. De quel attachement une personne qui raisonne ainsi peut-elle se prévaloir pour notre pays ? Pour qui nous prend Abdoulaye Wade pour oser nous tenir un tel discours ? Et comme l’homme ne recule devant aucune énormité quand il est question de ses désirs, il tente une opération d’amalgame particulièrement grotesque, en soulevant cette question d’une stupidité sans égale : qu’est ce qui prouve que les autres candidats ne disposent pas d’une autre nationalité ? La réponse est simple : sur la base d’une déclaration sur l’honneur, tout candidat est présumé sincère sur sa nationalité jusqu’à ce que la preuve du contraire soit apportée. Pour le cas de son fils, l’aveu, reine des preuves, lève toute équivoque. S’il y a un autre postulant sur qui on apporte des preuves aussi tangibles, il subira le même sort de disqualification. C’est aussi simple que cela.
Au total, dans cette affaire, je constate avec beaucoup d’amertume le manque de sérieux avec lequel les partisans des Wade considèrent le jeu démocratique sénégalais, en reconnaissant avoir investi en toute connaissance de cause un candidat disqualifié par la Constitution de notre pays. C’est lamentable.

Dakarposte: Vous êtes un des responsables de l'APR à Yeumbeul et aux dernières nouvelles, la fameuse bataille rangée du meeting de la banlieue ne vous a pas trouvé au Sénégal. Qu'en pensez-vous ?

Cheikh Mbacké Ndiaye: Effectivement j'étais absent du territoire national pour les besoins de la coopération décentralisée en faveur de la commune de Yeumbeul Nord dirigée par le jeune maire Daouda Ndiaye. Cependant je suis bien imprégné de la situation politique à Pikine et qui nécessite  d'ailleurs des éclaircissements. Il ne s'agit point d'un cabale contre Abdoulaye Timbo ou d'une défiance aux orientations du Président de l’APR, il s'agit juste d'une volonté commune exprimée par 5 maires, des élus et responsables avec les militants pour redynamiser les activités politiques à la base et faire face aux opposants de mauvaises augures qui rôdent dans la banlieue afin d'assurer au Président Macky Sall une réélection au premier tour.
C’est une situation aussi déplorable et regrettable qui ternit l’image du département de Pikine et des responsables de l’APR. J’en suis très gêné. Cela dit, je pense que la léthargie que traverse le parti dans le département de Pikine en ce moment incite à une redistribution des rôles afin de favoriser une relance des activités.


 Selon vous, quel est le profil idéal pour présider aux destinées de votre parti dans la banlieue dakaroise?

Vous savez le département de Pikine est un grenier électoral, d’où, son caractère stratégique. C’est aussi une ville de banlieue, avec toutes les caractéristiques sociopolitiques de banlieue. Ainsi, sa gestion est complexe et nécessite des aptitudes spécifiques. Le leadership idéal là-bas intègre nécessairement une appartenance réelle au milieu, une parfaite maîtrise des enjeux par une connaissance de l’environnement, des défis et contraintes, des atouts et opportunités. Il est important aussi de savoir gérer la diversité et les différences, par de réelles capacités de fédération. On ne dirige pas avec un esprit de clan, et cela réussit moins encore en banlieue où la culture de refus et de résistance est très ancrée.

A y regarder de près, l'APR ressemble à une armée mexicaine où chacun se dit ou se croit chef. Ne pensez-vous pas qu'il est impérieux que votre parti soit enfin structuré ?

En matière de structuration, l’APR est une particularité, mais elle a établi son efficacité dans cette particularité. Evidemment, la massification du parti a entrainé comme effet pervers l’exacerbation des rivalités entre prétendants aux positions de responsabilité. Je pense que le problème consiste à trouver les moyens de réguler ces rivalités pour les cantonner dans un cadre sain, loin des dérapages observés récemment à Pikine.

 M. Ndiaye, d'aucuns dans votre parti déplorent ces recyclages tous azimuts de dignitaires de l'ancien régime, je fais allusion au cas Awa Ndiaye, revenue aux affaires, Me Ousmane Ngom, Abdou Fall pour ne citer qu'eux...Quel est votre point de vue ?

Il faut savoir que y’a un temps pour la politique et un temps pour le travail. Et quand vient le temps du travail, chaque fils de ce pays à un rôle à jouer, qu’il soit de l’APR, d’un autre parti ou qu’il soit sans parti. C’est cette logique qui anime le Président Macky Sall.

Le secrétaire général du Front pour le socialisme et la démocratie/Benno jubël (Fsd/Bj) je veux nommer Cheikh Bamba Dièye  n’a pas été tendre, le samedi dernier, à la Patte d’Oie, avec le président Macky Sall. Il l’a en effet, attaqué, avant de tourner en dérision sa gestion.   Il a dit: " Macky Sall n’a pas de politique de développement et il fait de l’escroquerie. Alors qu’il avait prôné une gouvernance sobre et vertueuse. Vous pensez que si Macky Sall nous avait informés, en 2012, qu’il allait faire revenir Awa Ndiaye et Ousmane Ngom, on allait l’écouter??", s’est interrogé Cheikh Bamba Dièye. Votre commentaire ?

 L’une des vertus mais aussi des vices de la démocratie, c’est, dans son souci égalitariste, de favoriser un semblant de nivellement par le bas entre les acteurs.  Ainsi, Cheikh Bamba Dièye qui n’est même pas capable de gagner sa ville aux élections locales, qui n’a jamais atteint 2% de suffrage à une élection présidentielle, dont le peu d’expérience qu’il a pu acquérir dans la gestion d’un Etat a été réalisé à la faveur de sa nomination au gouvernement par le Président Macky Sall. Par ailleurs Cheikh Bamba Dièye qui doit son existence politique à son ascendance, ayant hérité un nom et un parti de son père, c’est cet homme qui tente de donner des leçons de gouvernance à l’acteur disposant de la plus impressionnante consistance institutionnelle dans l’espace politique sénégalais. C’est aussi cela la démocratie. Au même titre que le maître et l’expert, le profane, le nigaud et le tocard ont aussi le droit de prendre la parole, et de se bomber le torse.

Quelle image gardez-vous des opposants comme  Idrissa Seck ou le porte parole du Pds, Babacar Gaye?

C’est le cas d’Idrissa Seck, dont le niveau d’études ne dépasse pas le bac, qui n’a aucune formation ni qualification professionnelles, qui, en dehors de ses responsabilités de coordination au sommet de l’exécutif sous l’inspiration du Président Wade (et on sait comment cela a fini), ne capitalise que deux ans d’expérience dans la gestion réelle d’un ministère, au département du Commerce, sous le Président Abdou Diouf (on sait aussi comment cela s’est passé), qui n’a jamais exercé de mandat national, cet Idrissa Seck qui brandit aujourd’hui ostensiblement des prétentions d’expertise et de compétence que rien ne saurait légitimer sinon ses aptitudes reconnues au bavardage. Il y a également Babacar Gaye du PDS, qui n’est compétent en rien, et dont le parcours institutionnel se réduit à des missions d’invective et de vote mécanique de lois sur commande, recalé qu’il a été à de hautes fonctions exécutives pour un problème de niveau, et qui se veut aujourd’hui un donneur de leçons dans la gestion des affaires de l’Etat. C’est aussi cela la démocratie. Le failli, le profane, le nigaud et le tocard ont aussi le droit de prendre la parole, et de se bomber le torse.

 M. Ndiaye, les Sénégalais, je veux dire nombre d'entre nos concitoyens sont dépités par la politique du Président Sall. Ils sont légion à déplorer le non-respect de ses engagements et autres promesses...

 Le Président Macky Sall a suffisamment de lucidité pour ne pas aspirer à l’unanimité. Ce qui est donc important, c’est la représentativité de vos « dépités », rapportés à l’univers sénégalais. Et ma conviction est qu’il s’agit d’une minorité, intéressée en plus, soit à cause de l’engagement politique, soit pour des préoccupations personnelles ou sectaires. Je mets au défi quiconque de me lister ces engagements ou promesses non respectés. C’est la légende du serpent de mer, on en parle, mais on ne le voit pas.

 Et, que répondez-vous à ceux qui soutiennent que pour se faire réélire, Macky est prêt à tout, à toutes sortes de compromissions sauf libérer Karim Wade ?

J’estime que c’est des divagations qui ne méritent pas qu’on s’y arrête.

 Venons-en justement au cas Wade fils, le pool de ses avocats, qualifiant sa détention d'arbitraire, a annoncé une plainte au barreau de Paris . Qu'est-ce que cela vous inspire ?

Je me dis simplement qu’ils ont trouvé un autre moyen de prolonger leur contrat avec les Wade et continuer à gagner de l’argent sur le dos de ceux-ci. Il n’y a pas d’autre explication à ces manœuvres qui sont tout ce qu’on veut, sauf judiciaires, et qui ne sauraient en aucune manière changer le plus petit accent à la réalité juridique du dossier dont il est question.

 Vous pensez quoi du Pr Amsatou Sow Sidibé ?

Je pense que c’est une personne qui n’a pas honoré ses prétentions intellectuelles, militantes et humaines tout court. Quand on est conseiller du Président de la République, la loyauté qui est une valeur cardinale commande qu’on assume son orientation et ses actes. Si on ne le peut pas ou on ne le peut plus, on démissionne pour reprendre sa liberté. Etre dedans et critiquer sous prétexte qu’on ne dispose pas d’un cadre d’échanges, c’est révéler la fragilité de son rapport avec les valeurs. Et quand on peut se permettre de tenir une conférence de presse pour révéler les échanges qu’on a eus avec le Directeur de cabinet du Président dans son bureau, on n’est pas digne de confiance et je me dis que c’est certainement cette personnalité peu fiable que le Président avait sentie dès la départ chez cette dame, au point de l’avoir tenue à l’écart de tout, comme elle le dit elle-même. Si elle avait géré des dossiers, si elle avait été associée à autre chose, sans doute se serait-elle mise aujourd’hui à déballer à gauche et à droite comme elle l’a fait avec l’entretien qu’elle a eu avec le Directeur de cabinet du Président. Elle n’est pas digne de confiance et ne mérite pas de figurer dans l’entourage du Président. 

 Etes-vous vraiment optimiste que le Président Macky Sall rempile à la magistrature suprême ?

Je n’ai aucun doute sur la réélection du Président Sall, car seul le travail paye et le moment venu le Sénégal authentique s’exprimera directement et distinctement. Il ne sera plus question de quelques usurpateurs qui prendront un micro pour prétendre émettre, au nom du peuple, un avis qui n’est même pas majoritaire dans son propre domicile.

 Vous avez un dernier mot ?

En tant que fils de la banlieue, je lance un appel solennel à tous les responsables du département de Pikine pour qu’ils dépassionnent le débat et se retrouvent autour de l’essentiel afin d’assurer une large victoire dès le 1 tour au Président Macky Sall.
A défaut d'un plan d'action unitaire et compte tenu des urgences électorales qui profilent à l'horizon, j'exhorte les 5 maires et autres responsables de Pikine en relation avec leur base respective à continuer dans cette dynamique unitaire et à privilégier le travail de terrain aux côtés des populations.
Mamadou Ndiaye
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