Cette sortie du colonel Daouda Diop qui a fait mal aux détenus

Rédigé par Dakarposte le Mardi 20 Septembre 2016 à 21:47 modifié le Mercredi 21 Septembre 2016 00:56

Le directeur de l’administration pénitentiaire, le colonel Daouda Diop, a annoncé mardi le décès d’un détenu à la Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Rebeuss (Dakar), suite à des échauffourées avec les gardiens de prison.
 
Quatorze blessés ont été enregistrés du côté des surveillants pénitentiaires contre 27 chez les détenus, suite à ces échauffourées résultant d’une tentative d’évasion, a affirmé le colonel Diop au cours d’une conférence de presse.
 
Comme annoncé par dakarposte.com, ce mardi, vers 10 heures, environ 600 détenus ont profité des visites et de l’heure de promenade pour tenter une évasion collective, amenant l’administration pénitentiaire à "utiliser les moyens à sa disposition" pour contenir la fronde et arriver à maîtriser la situation vers 14h, a-t-il dit.
 
Depuis deux semaines, les détenus de la MAC de Rebeuss ont entamé un mouvement d’humeur visant à amener les autorités à trouver des solutions aux longues détentions et à la promiscuité résultant du surpeuplement carcéral.
 
Les protestataires réclament aussi l’organisation, de façon permanentes, de sessions des chambres criminelles, a renseigné le directeur de l’administration pénitentiaire.

Soit,mais c'est le même colonel Daouda Diop qui a répondu à une question de l'Obs sur la situation qui prévaut à la prison de Rebeuss il y'a de cela 72h: "Je peux, sans exagération aucun, dire ici que la situation est sous contrôle. La grève de la faim qui avait été entamée, n’est plus. La majeure partie des détenus se sont remis à s’alimenter."

Jugez-en! Si la situation était sous contrôle comme l'a soutenu mordicus le colonel Diop, comment se fait-il qu'il y'ait mutinerie 24 heures après sa sortie dans les colonnes de l'Obs? 

Dakarposte.com est en mesure de révéler que depuis jeudi dernier, la quasi-totalité des détenus en détention préventive refusent de s'alimenter. A preuve, des parents de détenus avec lesquels nous avons longuement échangé ce mardi s'accordent à nous dire qu'ils reprennent intacts les plats envoyés à leurs proches en détention préventive à la MAR de Rebeuss. Une d'entres elles de confirmer: "cela fait plus d'une semaine que mon mari refuse de s'alimenter. Quand j'ai lu ce qu'a dit le Directeur dans l'Obs j'ai rigolé et je vous dis, cela a révulsé les détenus qui ont donc fini par se révolter. Il fallait  donc s'y  attendre"
 
                   Quid des évasions ?       

D'ailleurs, expliquant  les vraies raisons des évasions notées, le président de l'observatoire nationale des lieux de privation de liberté, Boubou Diouf Tall, soutenait que ces évasions s'expliquent par les difficiles conditions de vie des prisonniers et les longues détention préventives des détenus. "La personne arrêtée a tendance à vouloir sortir de prison. Et le surpeuplement et les difficiles conditions de détention constituent un terreau fertile pour s'évader de prison", déclare celui qui trouve que l'Etat du Sénégal doit revoir sa politique dans les prisons du pays.  

Agent pénitentiaire en retraite, Wally Mbodj abonde dans le même sens. Pour lui, cela est dû au surpeuplement dans les maisons d'arrêt. Et tant que les détenus ne sont pas fixés sur leur sort, il y aura toujours des évasions. Ils tenteront toujours de recouvrir leur liberté, à tout prix.

Poursuivant, Wally Mbodj a indexé, pour le déplorer, le manque d'effectif des agents pénitentiaires dans les centres de détention. A l'en croire, il y a environ 1200 agents au Sénégal pour assurer la surveillance de plus de 8000 détenus. "Mathématiquement parlant, il y a un (1) surveillant pour cent (100) détenus", révéle l'ancien garde pénitentiaire qui prévoit le pire si on ne comble pas de tels manquements dans l'administration pénitentiaire. "Il y aura d'autres cas d'évasions. Je l'ai dit et je me répète, ils vont toujours tenter de s'en aller. Il y a même des risques de mutineries dans les prisons", alerte-t-il dans "Libération".  

"Des recrutements massifs, le respect des capacités d'accueil et la réfection des maisons d'arrêt mettront fin aux nombreuses évasions", selon Abdoulaye Faye, Secrétaire général de l'Association des retraités de l'administration pénitentiaire. 

C'est dire...


avec aps
Mamadou Ndiaye
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