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Cette régente qui tue le Pds à petit feu

Rédigé par Dakarposte le Samedi 8 Septembre 2018 à 11:48 modifié le Samedi 8 Septembre 2018 - 11:52

À cinq mois de la présidentielle de 2019, le PDS ressemble à un bateau de migrants sans capitaine, brinquebalé tel un fétu de paille par les grosses vagues, et dont les passagers, dans le désarroi, se demandent s’ils arriveront à bon port


Cette régente qui tue le Pds à petit feu
À cinq mois de la présidentielle de 2019, le PDS ressemble à un bateau de migrants sans capitaine, brinquebalé tel un fétu de paille par les grosses vagues, et dont les passagers, dans le désarroi, se demandent s’ils arriveront à bon port. 

En effet, dans le tumulte et le tohu-bohu qui règnent dans le landerneau politique, les militants du PDS ont bien raison de se poser des questions : 

• Qui dirige réellement leur parti ? 
• Le PDS participera-t-il aux présidentielles ? 
• Qui sera leur candidat ?
 

Au moment où tous les leaders de partis se lancent dans la course au parrainage, en dépit des manifestations et des indignations de principe, l’illisibilité et l’inaudibilité du discours des dirigeants du PDS laissent pantois. 

Un discours extrémiste qui tient plus du déni de réalité que d’une stratégie de combat. 

L’inéligibilité de Karim Wade, suite à sa condamnation à six ans de prison, semble irréversible et le PDS n’a aucun moyen d’empêcher les élections. 
Une posture et un discours nihilistes qui posent l’urgence d’un changement de paradigmes et d’une reprise en main du parti par son secrétaire général, Abdoulaye Wade. 

Sous la double contrainte des limites constitutionnelles et de l’exil au Qatar de Karim, Abdoulaye Wade avait mis en place un dispositif de régence autour de Omar Sarr et Madické Niang, secondés par Babacar Gaye, Toussaint Manga, Amadou Alioune Sall. 

Une mixture de Wadistes et de Karimistes, une alchimie de la vieille garde et la nouvelle sève de la Génération du Concret censée générer une synergie gagnante. 

Malheureusement, il verra assez tôt les limites de son dispositif. 
Le PDS va en effet connaître une véritable hémorragie avec le départ de nombre de ses cadres: 
Pape Samba Mboup, Farba Senghor connus pour leur proximité avec Abdoulaye Wade, Samuel Sarr, peut-être sans véritable ancrage politique, mais dont l’audace et surtout les moyens financiers auraient pu être d’un grand secours pour un parti qui vient de perdre le pouvoir. Il va aussi essuyer le départ de Pape Diop, Aida Mbodj, Habib Sy, Abdoulaye Baldé, Souleymane Ndéné Ndiaye. 

Une saignée au profit de Macky Sall 
En effet, celui-ci avec les moyens de l’état continue d’affaiblir le PDS et creuser ainsi lécart entre lui et Idrissa Seck. Or ce dernier et Abdoulaye Wade ont pour ennemi commun, ce même Macky Sall. 

Une hémorragie qui obligera Abdoulaye Wade à revenir dans l’arène pour battre campagne lors des élections législatives de juillet 2017 à la tête de sa coalition Manko Waatu Sénégal. 

Un retour gagnant, mais surtout providentiel qui permit à ladite coalition de rafler 19 sièges de députés. 
Seulement, Wade à l’aura et au charisme indéniables, mais rattrapé par le poids des années, n’est plus en mesure de descendre sur le terrain pour galvaniser les militants par ses envolées mordantes et son humour caustique. Il passe le plus clair de son temps à Versailles. 

Son fils Karim préfère apparemment le cocon douillet de son exil doré, aux gaz lacrymogènes et autres matraques électriques dont le président Macky Sall use beaucoup plus qu’à son tour. 
D’autant que les douloureux souvenirs de son séjour carcéral à Rebeuss, doivent parfois hanter ses douces nuits Qatari. 

Ceux quils ont laissé pour chauffer le lit du parti en attendant leur retour au Sénégal, tiennent beaucoup plus des glaciers de l’arctique, que de la revivifiante chaleur émanant d’un encensoir, par une froide nuit d’un mois de Janvier. 

Nul ne dira le contraire, Madické Niang est un ténor du barreau, un brillant avocat. Il est surtout connu pour ses talents de médiateur, notamment dans des cas qui exigent de la discrétion et de la doigté, et doté d’un solide carnet d’adresses. C’est l’un des avocats les plus fortunés du barreau car sa proximité avec le président Abdoulaye Wade a boosté son cabinet. Des moyens qu’il peut mettre à la disposition du parti. 

Très introduit dans le milieu Mouride, il joua un rôle clé dans la libération de Karim Wade en 2016. Une libération dont l’ancien Khalife Général des Mourides avait fait une question de principe. 

D’ailleurs dans la nuit du jeudi 23 juin 2016, libéré en catimini de la prison de Rebeuss, Karim est d’abord conduit aux Almadies chez Madické Niang où il rencontrera Serigne Moustapha Mbacké, fils du Khalife, Serigne Sidy Mokhtar Mbacké avant de rallier l’aéroport où l’attendait un jet affrété par les autorités du Qatar. 

Ne demandez cependant pas à maitre Madické Niang de chauffer la salle. Il n’est ni un tribun, ni un rhétoricien. Les envolées lyriques qui galvanisent les foules et mettent du baume dans leur coeur, ne sont pas dans ses cordes. 
Idem pour Babacar Gaye, maitre Amadou Sall, Toussaint Manga, Bara Gaye, Cheikh Dieng, autres ténors du parti. 

Si personne ne met en doute leur professionnalisme et la sincérité de leur engagement politique, aucun ne semble réunir les qualités qu’exige la stature de meneur d’homme. 

Quant à Omar Sarr, ingénieur informaticien de formation, il est l’un des principaux stratèges opérant aux cotés de Wade. Il est reconnu pour sa grande sagacité politique, car longtemps militant de gauche, estampillé Trotskiste, à l’image de Mahmoud Saleh, Aminata Touré, Aziz Sow, Amadou Doudou Sarr. 

D’ailleurs en 1988, c’est lui qui, à côté de madame Vivianne Wade, a fait perdre pour la première fois les suffrages de la capitale à Abdou Diouf et au Parti Socialiste lors des élections présidentielles et législatives. Il eut 3 mandats successifs de maire de Dagana, localité dont le responsable politique emblématique était le socialiste Abib Thiam. 

Coordonnateur du Parti Démocratique Sénégalais, ceux qui l’ont approché le décrivent comme un homme d’une intelligence supérieure à la moyenne et un fin stratège. 

Justement, dans une armée conventionnelle (excepté en Russie et Israël), le général ne descend pas sur le front arme à la main. Il ne mène pas la troupe au combat. Il reste à l’état-major pour élaborer des stratégies à même de conduire à la victoire. 

Afin d’éviter que l’ardeur des militants ne s’émousse, et en attendant son retour ou celui de son fils, le Secrétaire Général du PDS Abdoulaye Wade, doit trouver d’urgence un coordonnateur capable de maintenir le parti à flot. 

Un cador sans aura débordante peut-être, mais doté d’ assez de poigne pour permettre au parti d’assurer son statut de leader de l’opposition, de faire face de façon efficiente au camp adverse qu’est l’APR du président Macky Sall, et surtout de préparer dans les meilleures conditions, les échéances présidentielles. 

Si cette situation perdure, le titre de leader de l’opposition risque de se jouer entre Idrissa Seck et Mamadou Diop Decroix, avec une légère avance pour ce dernier. 

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