Le chef de la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) a été renvoyé après une série d'accusations d'abus sexuels contre des enfants commis par des casques bleus, a annoncé, mercredi 12 août, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Le diplomate sénégalais Babacar Gaye "a remis sa démission à ma demande", a ainsi déclaré le secrétaire général à des journalistes à New York.
"Il m'est impossible de mettre en mot la colère, le tourment et la honte que je ressens après ces accusations récurrentes au fil des années d'exploitation sexuelle et d'abus commis par des forces onusiennes", a assuré Ban Ki-moon. "Je ne tolérerai aucun agissement de ceux qui remplacent la confiance par la peur (...) assez, c'est assez", a-t-il martelé.
Dans une interview accordée à France 24, Babacar Gaye assure qu'il partage "l'indignation de Ban Ki-Moon" contre des comportements "inacceptables". Le diplomate sénégalais explique que sa démission constitue un "signal très fort" de l'organisation contre ce type d'agissements perpétrés par des soldats chargés de maintenir la paix. Il rappelle d'ailleurs que des enquêtes ont déjà eu lieu en Centrafrique pour punir d'autres abus perpétrés au cours des derniers mois. "Mais ce que nous n'arrivons pas à faire, c'est à éradiquer ce mal qui ruine l'image et la crédibilité de l'ONU", ajoute Babacar Gaye.
Cette annonce intervient au lendemain de l'ouverture d'une enquête sur des accusations de viol contre une fillette et de l'homicide d'un adolescent de 16 ans et de son père qui auraient été commis par des casques bleus au cours d'une opération armée dans la capitale centrafricaine début août.
Quatorze soldats français visés par une autre enquête
Cette enquête fait suite à plusieurs cas similaires mettant en cause des casques bleus marocains et burundais.
Dans une affaire séparée, la France enquête sur des allégations d'abus sexuels commis sur des enfants en Centrafrique entre décembre 2013 et juin 2014. Ces accusations visent notamment 14 soldats français qui faisaient partie de l'opération Sangaris menée par la France en Centrafrique et n'étaient pas sous le commandement de l'ONU.
Toutefois, l'ONU a aussi nommé une commission indépendante pour enquêter sur ce cas et plus précisément sur la façon dont les Nations unies ont géré l'affaire, après des critiques pointant du doigt la lenteur de sa réaction sur le dossier.
Avec AFP