11 mars - 11 juin 2020. Cela fait exactement trois mois que le ballon rond n’a pas roulé sur les pelouses françaises. Trois que l’international sénégalais Idrissa Gana Guèye (30 ans) n’a pas multiplié les courses pour le récupérer dans les pieds de ses adversaires.
Titulaire, en huitièmes de finale de Ligue des Champions au Parc des Princes face au Borussia Dortmund, lors de la dernière parade de son club comme durant l’essentiel de la saison (28 titularisations en 31 matchs), le milieu de terrain sénégalais du Paris Saint-Germain a pourtant vu son nom barrer la Une de quelques médias annonçant son départ du club francilien.
Pendant qu’il savoure ces rares longs moments de confinement en famille, dans son pays natal, le joueur le plus capé (66 sélections depuis le 11 novembre 2011) de l’actuelle sélection nationale du Sénégal évoque, dans cet entretien exclusif accordé à Emedia, sa saison au PSG, son retour en Ligue 1 française, mais également les rumeurs qui le renvoient en Angleterre…
CONFINEMENT : « De toute ma vie, je ne suis jamais resté autant de temps sans jouer au foot »
Ça doit être la première fois de ta carrière que tu as des vacances aussi longues… Comment as-tu passé la période de confinement, c’est quoi ton quotidien ?
« Ouais, c’est la première fois de ma vie que je passe autant de temps sans jouer au foot. C’est une période assez spéciale… On en profite au max, on essaie de positiver en passant beaucoup plus de temps avec nos enfants, avec la famille. C’est vrai que n’est pas évident pour nous de rester autant de temps sans jouer au foot. Je ne dirai même pas durant toute ma carrière mais de toute ma vie, en tant qu’homme, je ne suis jamais resté autant de temps sans jouer au foot. Mais voilà… »
Finalement, est-ce ennuyant ou plutôt cool ?
« On s’adapte, on essaie de s’occuper, de s’entraîner, de s’amuser avec les enfants… Donc, non ce n’est pas ennuyant du tout mais c’est vrai qu’on ne peut pas trop bouger, on ne peut pas faire grand-chose mais on essaie de s’occuper du mieux possible tous les jours avec la famille. »
SÉLECTION NATIONALE : « On essaie de rester en contact autant que possible »
Tu as certainement hâte de retrouver les potes en sélection. Comment avez-vous gardé le contact pendant ces moments de confinement ? On a vu les joueurs participer à l’élan de solidarité nationale. Comment cela s’est organisé entre vous ?
« C’est une période pas évidente du tout mais on a essayé de garder contact du mieux qu’on pouvait, par WhatsApp, des lives sur Instagram. On essaie de rester en contact autant que possible… C’est un moment compliqué pour le pays et pour le monde entier. On a essayé de se parler sur notre groupe WhatsApp pour venir en aide à notre pays, qui est le Sénégal. »
CHAMPION DE FRANCE : « C’était assez bizarre, mais c’était mérité »
Champion de France 2020. Un titre de champion (après celui de 2011 avec Lille) pour un retour 10 ans après tes débuts en pro dans ce pays, après une longue parenthèse en Angleterre. Même si l’on suppose que les circonstances ont quelque peu gâché la fête, avec un titre annoncé en plein confinement… Comment as-tu été mis au courant de l’officialisation du sacre et comment l’as-tu accueilli ?
« C’était important pour moi de revenir en France et surtout de faire mes preuves. Après, cela s’est bien passé pour moi et toute l’équipe, on finit champion de France même si la situation était assez bizarre d’être champion de France comme ça parce qu’on n’a pas pu continuer le championnat avec cette maladie, ce virus. Mais après on a vu que ça parlait dans la presse que le championnat allait être arrêté, et finalement on a eu un message du club, puis un communiqué de la Ligue, disant qu’on était champion de France. Du coup, on a un peu fêté sur les réseaux sociaux avec nos amis, nos proches qui étaient avec nous, et on s’est envoyé des messages sur notre groupe WhatsApp. C’était assez bizarre, mais c’était mérité. Personne ne peut dire que ce titre a été volé. »
Comment as-tu trouvé le championnat de France que tu as quitté en juillet 2015 pour Aston Villa ? A quel point a-t-il changé ?
« Pour moi, il n’y a pas eu grand changement à part qu’il y a beaucoup plus de qualité, d’équipes qui luttent pour le haut du tableau. On voit Lille qui est toujours là, Lyon, Rennes, Saint-Etienne, Marseille… Voilà, ça donne encore plus de qualité au championnat, et ça fait du bien. »
LIGUE DES CHAMPIONS : « Même si on est un peu désavantagé… »
La Ligue des Champions revient au mois d’août. Paris était sur une bonne lancée, avec la qualification en quarts, au détriment de Dortmund. Un niveau que le club parisien n’avait plus atteint depuis 2016. Doit-on craindre que la longue trêve ne vienne freiner cet élan ? Comment faudra-t-il aborder cette reprise après une longue pause pendant que d’autres championnats auront continué ?
« Forcément, on doit beaucoup faire attention à la reprise surtout qu’on est resté pendant une longue durée sans s’entraîner, sans se voir, sans avoir de compétition. Donc, il faudra voir comment on va revenir, comment les joueurs vont revenir en forme ou avec un peu de poids, on ne sait pas encore. Mais il ne faudra pas se poser des questions. Une fois qu’on aura repris les entraînements, il faudra être prêts pour reprendre tout de suite et se battre pour aller le plus loin possible même si on est un peu désavantagé du fait que les autres championnats ont repris depuis un certain temps. Ils auront beaucoup plus de compétition que nous mais si on essaie de transformer ça en notre faveur, c’est-à-dire ne pas se poser des questions, se dire les autres ont recommencé et pas nous, on peut tourner ça de notre côté, se dire qu’on arrivera beaucoup plus frais que les autres parce qu’ils auront joué beaucoup de matchs, et que nous serons plus frais pour les mettre en difficulté et gagner plus de matchs possibles. »
RUMEURS DE DÉPART : « Il n’a jamais été question de départ »
On a vu ton nom un peu partout dans les médias ces derniers jours, avec les rumeurs annonçant ton éventuel départ du PSG après une première saison. Qu’est-ce qui se passe en coulisses, ton départ est-il vraiment à l’ordre du jour ?
« J’ai l’habitude de ces rumeurs-là. À chaque mercato, cela se passe comme ça pour moi. Même au mois de janvier, une fois arrivée au PSG, au bout de six mois, on m’annonçait déjà à Chelsea. Donc moi, j’en ai l’habitude. Tout se passe bien pour moi au club, et je suis souvent en contact avec le Directeur sportif (le Brésilien Leonardo), et il n’a jamais été question de départ… Il ne m’a jamais parlé ni de transfert ni d’envie que je parte. Donc, pour moi, ce sont juste des rumeurs mis sur le marché des transferts parce qu’il n’y a pas grand-chose en ce moment. »
Après ces premiers mois sous le maillot parisien, qu’est-ce qui t’a particulièrement marqué et quel est ton meilleur pote dans le vestiaire ?
« Mon meilleur pote, je crois que tout le monde le sait, c’est Presnel Kimpembe. Parce que quand je suis arrivé, il m’a bien accueilli mais bon ce n’était pas le seul. Je m’entends très bien avec tous les joueurs mais forcément s’il y a un que je devrais sortir, ce serait Presnel. Parce qu’on est souvent en contact. Il connait toute ma famille, je connais la sienne. Il m’a bien facilité l’intégration dans ce vestiaire de qualité avec de grands joueurs, et tout s’est bien passé pour moi. C’est tout qui m’a marqué, le club, l’équipe, les supporters, la Ligue 1, tout ce monde que je venais de redécouvrir après une longue durée en Angleterre. Le fait de revenir en France, c’est un plaisir pour moi surtout dans un grand club comme le Paris Saint-Germain. C’est surtout l’état d’esprit des joueurs, l’accueil que m’a fait le club. »
CORONAVIRUS : « Les agents de santé, ce sont eux les héros »
Pour terminer, un dernier mot, un message peut-être à l’endroit des personnels de santé d’ici et d’ailleurs, qui se battent contre le virus ?
« Leur dire qu’ils ont notre soutien. On les remercie pour tout ce qu’ils font pour nous sortir ce virus dans ce monde, et c’est très important pour tout le monde d’être en bonne santé. On pense beaucoup à eux. Ce sont des guerriers, ce sont eux les héros. Ils se sacrifient et mettent leur vie en danger pour nous. On les remercie beaucoup et on les applaudit pour tout ce qu’ils font ».