CE QUE L'ON SAIT DE LA MORT D'UNE FEMME À PARIS APRÈS UN REFUS D'OBTEMPÉRER

Rédigé par Dakarposte le Lundi 6 Juin 2022 à 13:24

Ce samedi à Paris, le refus d'obtempérer d'un chauffeur a occasionné une course-poursuite qui s'est achevée par la mort de l'une des passagères. D'après les policiers, ils ont dû ouvrir le feu lorsque le véhicule a foncé sur eux. Les agents ont été placés en garde à vue et deux enquêtes ont été lancées.


Ce samedi, les rues du 18e arrondissement parisien ont été le théâtre d'un refus d'obtempérer aux conséquences tragiques. Un conducteur a ainsi cherché à échapper à un contrôle de police, retournant plus tard son véhicule contre les fonctionnaires intervenus sur place. Ceux-ci ont alors fait feu: des tirs qui ont blessé le chauffeur et l'une des trois personnes qui se trouvaient à ses côtés dans la voiture. La jeune femme a succombé à ses blessures ce dimanche. Les trois policiers ont été placés en garde à vue au cours de cette même journée et deux enquêtes ouvertes par le parquet de Paris, soucieux de faire la lumière sur cette affaire.

Sur la base d'éléments recueillis auprès de sources concordantes, BFMTV.com fait le point sur ce drame et les procédures qu'il a engendrées ce lundi matin.

· Que s'est-il passé?
La scène se déroule samedi, aux alentours de 11h, dans le 18e arrondissement de Paris, à proximité du Boulevard Barbès. Trois policiers de la Préfecture de Police de Paris circulant à vélo - deux hommes emmenés par leur cheffe d'équipe - croisent une voiture avec quatre personnes à son bord, soit un conducteur flanqué à sa droite d'une passagère, un homme et une autre femme occupant la banquette arrière.

D'après leur récit, les policiers remarquent qu'au moins l'un des passagers à l'arrière ne porte pas sa ceinture de securité. Ils décident alors d'effectuer un contrôle du véhicule. Le conducteur de la voiture fait signe qu'il va s'arrêter mais il prend la fuite. Toujours selon la version des événements livrée par les policiers, la voiture s'engage alors dans une rue à contre-sens, roule dangereusement sur un passage pour piétons, emprunte une voie de bus mais, bloquée par des vehicules, elle ne peut poursuivre.

Sur ces entrefaites, les trois policiers et un autre équipage arrivent alors sur place. C'est à ce moment que la voiture redémarre brusquement et "fonce sur les fonctionnaires" selon ces derniers. Les trois policiers dégainent leur arme de service et tirent simultanément à de multiples reprises, des tirs qui mettent fin à cette course-poursuite.

· Quel est le bilan?
Si aucun des trois agents n'a été blessé, pas plus que les deux personnes assises à l'arrière du véhicule ciblé, le conducteur, âgé de 38 ans, et la jeune femme - 22 ans - à côté de lui ont été atteints par les balles.

Lui a été touché au thorax, elle à la tête. Tandis que le pronostic vital du premier - qui avait été envoyé en réanimation initialement - n'est plus engagé, la passagère est morte ce dimanche après-midi.

· Quels sont les profils du conducteur et de sa passagère?
Certes, à ce stade, l'avocat des trois policiers s'est borné à décrire les trois policiers comme d'"excellents" agents mais on commence à en savoir davantage sur le parcours du chauffeur et de la passagère tuée à l'issue de la fusillade.

L'homme, admis à l'hôpital Georges-Pompidou, est très défavorablement connu des services de police, avec 80 mentions au fichier de Traitement des antécédents judiciaires (le TAJ). D'après nos informations, il était même recherché au moment des faits, figurant au FPR, soit le Fichier des personnes recherchées. Une inscription qui lui interdit de détenir une arme pendant cinq ans. De surcroît, il conduisait sans permis, celui-ci ayant été annulé.

S'agissant à présent de la passagère, domiciliée dans le 20e arrondissement, elle était également connue des services de police et ce, pour deux affaires. En 2016, âgée de 15 ans, elle commettait un vol à l'arraché dans le 7e arrondissement de Paris. Quatre ans plus tard, en août 2020, elle était mise en cause pour un fait de détention et d'offre de produits stupéfiants, selon la sûreté départementale du Val-de-Marne chargée du dossier.

· Quelles sont les procédures engagées?
Le parquet de Paris a réagi aux événements en diligentant deux enquêtes afin d'éclairer les faits. L'une a été ouverte contre le conducteur pour tentative d'homicide volontaire sur personnes dépositaires de l'autorité publique et confiée au 2e District de police judiciaire. L'autre concerne les trois policiers tireurs. Conduite par l'Inspection générale de la police nationale, elle explore le chef de violences avec arme par personnes dépositaires de l'autorité publique.

Les trois policiers ici mis en cause ont d'ailleurs été placés en garde à vue dimanche sur les coups de 14h, mesure justifiée par le parquet de Paris au vu de la gravité des conséquences des tirs effectués et de la nécessité de vérifier les conditions d'usage de leurs armes. Une source proche de l'enquête assure que les policiers ne "comprennent pas" leur placement en garde à vue. Pour l'heure, les deux passagers installés à l'arrière du véhicule ont pu être entendus par les enquêteurs: l'homme a affirmé que la voiture appartenait à sa mère, et que c'est son défaut de permis qui a décidé le conducteur à tenter de s'enfuir. Il reste justement aux enquêteurs à interroger le conducteur qui n'était pas, dimanche, en état de l'être. Dans de premières déclarations, ce dernier a toutefois précisé être sans-domicile fixe.
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