Mariam Sankara est inquiète. La veuve de l'ancien président burkinabè Thomas Sankara s'interroge sur les suites de l'enquête sur la mort de son époux, tué en 1987. En cause, le putsch survenu mercredi 16 septembre au Burkina Faso, la veille du jour où devaient être communiqués les résultats de l'enquête aux parties civiles. La réunion a été reportée sine die en raison du coup d'État.
Adressé aux conseils des différentes parties civiles impliquées dans le dossier, un document, en date du 14 septembre et révélé par l'hebdomadaire "Jeune Afrique", les convoquaient en effet chez le juge le jeudi 17 septembre à 9 h locales, a confirmé à l'AFP maître Bénéwendé Sankara, l'avocat de Mariam Sankara.
Il s'agissait de "prendre connaissance des conclusions des rapports de l'expertise balistique et de l'autopsie" pratiquée sur les restes supposés de Thomas Sankara et de douze de ses compagnons d'armes, tous tués lors du coup d'État organisé par Blaise Compaoré le 15 octobre 1987, a-t-il expliqué.
Des résultats très attendus
Entièrement taboue pendant l'ère Compaoré, un ancien frère d'armes de Sankara et parfois soupçonné d'avoir commandité son assassinat, cette enquête a été relancée par les autorités de transition.
Ces résultats étaient très attendus depuis l'exhumation des ossements fin mai. Or la survenue d'un coup d'État à la veille de ces révélations potentiellement explosives pour certains proches de Blaise Compaoré a été jugée surprenante par Mariam Sankara. "Nous attendions les résultats (...) et à ma grande surprise, il y a eu ce coup d'État", a-t-elle soulignée citée par l'AFP. "Juste au moment où on reçoit la convocation, il y a ce coup de force. Je n'ai pas de preuve, mais c'est une drôle de coïncidence quand même."
Le nouvel homme fort du Burkina issu du coup d'État, le général Gilbert Diendéré, "était à l'époque le responsable de la sécurité et des commandos de militaires. Et on pense qu'il est impliqué dans l'assassinat du président Sankara. L'enquête était là pour le prouver", a déclaré à l'AFP la veuve de Thomas Sankara, qui réside dans le sud de la France.
"On avait avancé", déplore Mariam Sankara. "Il y a eu les enquêtes. Je ne sais pas quelle sera la suite maintenant du dossier. Espérons que la transition va pouvoir reprendre son cours et que les dossiers qui sont en suspens continueront", explique Mariam Sankara, citée par RFI.
Avec AFP