Budget, retraites, crise agricole... Les dossiers chauds qui attendent le futur gouvernement Bayrou

Rédigé par Dakarposte le Dimanche 22 Décembre 2024 à 16:21 modifié le Dimanche 22 Décembre 2024 16:28

Emmanuel Macron est rentré à Paris ce dimanche 22 décembre, après une tournée à Mayotte et en Afrique de l'Est, laissant penser que la composition du gouvernement Bayrou est proche. Entre le budget 2025 et la crise agricole, en passant par une nouvelle loi immigration, plusieurs dossiers urgents attendent la future équipe gouvernementale.


Le Premier ministre François Bayrou, nommé à Matignon depuis plus d'une semaine, "avance" sur la formation de son gouvernement qu'il "espère" présenter d'ici Noël. La piste d'un gouvernement nommé ce dimanche 22 décembre prend de l'épaisseur, Emmanuel Macron étant rentré de son déplacement en Éthiopie.

La journée de lundi, date choisie pour le deuil national après le cyclone à Mayotte, ne semble pas adaptée. Tout comme celle de mardi, jour de réveillon de Noël.

À peine nommé, le gouvernement Bayrou devra s'atteler à plusieurs dossiers "chauds", certains notamment interrompus par la dissolution de juin dernier.


• Le projet de loi de finances 2025

En premier lieu, c'est le budget 2025 qui va concentrer toutes les attentions. La loi de finances, qui a provoqué la chute du gouvernement Barnier, ce dernier ayant engagé la responsabilité de son gouvernement avec un 49.3, n'a finalement pas été adoptée.

À la place, les députés ont voté une "loi spéciale", palliatif budgétaire, qui a été promulguée vendredi 20 décembre par Emmanuel Macron dans l'attente d'un budget en bonne et due forme.

Le nouveau Premier ministre François Bayrou a affirmé espérer l'adoption d'un budget "à la mi-février", en reconnaissant n'être "pas sûr d'y arriver". Il a précisé qu'il repartirait de "la copie qui a été votée" au Parlement avant la censure du gouvernement de Michel Barnier.


• La crise agricole

Dès sa nomination, la FNSEA a sollicité "un rendez-vous en urgence" avec François Bayrou, à qui le premier syndicat agricole demande "un engagement fort" pour l'agriculture "dès les tous premiers moments de sa prise de fonction".

Après le hiatus de la dissolution en juin, la chute du gouvernement Barnier a suspendu à nouveau la concrétisation de mesures alors promises aux agriculteurs, qui mi-novembre ont relancé leurs actions.

Le projet de loi de finance présenté par Michel Barnier comportait notamment des allègements de charges pour les travailleurs occasionnels, des aides à l'installation ou encore l'adoption d'une réforme des retraites des agriculteurs.

Nouvelles maladies animales, mauvaises récoltes, annonce d'un accord de libre-échange Mercosur-UE (qui doit encore être ratifié)... Les revendications du monde agricole sont nombreuses, et s'ajoutent à la traditionnelle revendication d'un revenu à la hauteur du temps passé dans les fermes.



• La réforme des retraites

"Une porte ouverte de bonne foi": sans masquer son intention de rallier une partie de la gauche ou de la pousser à ne pas le censurer, le nouveau Premier ministre a proposé de réfléchir à "une organisation différente" du régime des retraites d'ici au mois de septembre.

Il a dit "croire" qu'existe une alternative à l'âge légal à 64 ans, irritant majeur de la dernière réforme adoptée en 2023, mais "ne croit pas" que cette dernière pourra in fine être purement et simplement abrogée.

Les partenaires sociaux sont d'ores et déjà en attente de détails, comme la CGT et l'Unsa, ou hostiles à la proposition de François Bayrou, comme la CFDT.



• Une nouvelle loi immigration?

Va-t-il y avoir une nouvelle loi immigration, moins d'un an après la dernière? C'est ce qu'espère le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Bruno Retailleau, pressenti pour rester à son poste. Ce dernier souhaite reprendre les dispositions écartées par le Conseil constitutionnel dans la précédente.

Lors de discussions avec François Bayrou, Bruno Retailleau a évoqué une méthode pour durcir les politiques migratoires sans risquer la censure du Parti socialiste, en reprenant à son compte plusieurs propositions de loi sénatoriales sans lancer de nouveau texte entièrement dédié à l'immigration.

"Je n'ai pas besoin d'une loi, je ne suis pas fétichiste, j'ai besoin de mesures législatives", a-t-il assuré sur notre antenne.

S'il reste à Beauvau, Bruno Retailleau voudrait notamment prolonger la détention en centre de rétention administrative de 90 jours à 210. Cette loi devait également reprendre des articles retoqués par le Conseil constitutionnel lors du dernier projet de loi immigration en janvier dernier, comme ceux concernant le regroupement familial.


• Le projet de loi sur la fin de vie

Il a été interrompu par la dissolution: l'examen du texte sur la fin de vie doit reprendre à la fin du mois de janvier, en repartant de la proposition de loi déposée en juillet par le député Modem Oliver Falorni, copier-coller du texte issu des débats à l'Assemblée nationale au printemps.

Le texte devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, avec de strictes conditions et sans employer ces termes, préférant parler d'"aide active à mourir".

Lors des premiers débats sur ce sujet hautement sensible, les échanges ont été vifs, notamment sur les bancs du Rassemblement national, une élue évoquant "une loi qui va tuer". "Des propos immondes" promptement dénoncés par la gauche.


• Vers une réforme du mode de scrutin législatif?

Le 26 novembre, alors encore Matignon, Michel Barnier avait annoncé ouvrir "le chantier" sur le scrutin à la proportionnelle. Le mode de scrutin est une revendication de longue date du Front national, devenu Rassemblement national, ainsi que du nouveau locataire de Matignon, François Bayrou. "C'est pour moi urgent", disait-il déjà en mai 2002.

Mais l'éclatement de l'Assemblée complique la donne. Le RN s'est dit intéressé par "le mode de scrutin du Sénat", tandis que les députés du camp présidentiel y sont plutôt opposés.

La présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet cherche notamment un chemin, et a mis sur la table une proportionnelle inspirée du Sénat, dans les départements comptant 11 députés ou plus... dont le Modem ne veut pas. Quant à Édouard Philippe, chef de file d'Horizons, il ne soutiendra "que si était rétablie la possibilité de cumuler" un mandat local et un mandat parlementaire, une contrepartie qui hérisse la gauche et une partie de la macronie et du Modem.



La droite, elle, y est plutôt hostile à l'Assemblée, tandis qu'elle pourrait être utile dans la bataille Parti socialiste-La France insoumise pour un leadership à gauche. En cas de blocage au Parlement, une solution pourrait être de s'adresser aux Français, piste avancée par un certain... François Bayrou. "Le plus clair et le plus marquant serait de proposer cette décision au référendum", jugeait-il fin octobre.

Recommandé Pour Vous