Le premier est l’un des pays les plus riches de la planète, et oscille entre les rangs de quatrième ou cinquième puissance économique mondiale. Il produit des artistes du ballon rond comme s’il en pleuvait et possède le carnaval le plus célèbre de l’univers ainsi que des écoles de samba réputées.
Le deuxième est un des plus grands pays du continent africain. Incontestablement, il dispose du sous-sol le plus riche et de la nature la plus généreuse qui soit. Abondamment arrosé, il est aussi l’un des plus peuplés du continent. Malgré sa richesse, sa population est l’une des plus pauvres d’Afrique.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});Le troisième, malgré l’étroitesse de sa superficie, était un phare de la démocratie en Afrique. Pauvre en ressources naturelles jusqu’à ces dernières années, ses premiers dirigeants avaient voulu et su compenser cette inclémence en misant sur l’éducation afin de créer des ressources humaines de qualité. De fait, pendant quarante à cinquante ans, ses ressortissants ont brillé de mille feux dans le monde entier, particulièrement au sein des organisations internationales. Ses dirigeants étaient respectés, écoutés, consultés. Ses footballeurs n’ont jamais gagné le moindre trophée continental mais enfin, il leur est arrivé de réussir des coups d’éclat… N’ayant ni or, nu pétrole — c’était le bon temps! —, il avait investi à fond dans la Démocratie avec des retours sur investissements phénoménaux.
On pourrait citer un outsider, un quatrième pays, africain lui aussi comme les deuxième et troisième. Vaste comme les deux premiers mais sous peuplé même si se femmes sont les plus fertiles au monde. Un des pays les plus pauvres de la planète également, ne disposant que d’une ressource minière dont il a longtemps vécu avant l’effondrement des cours de cette dernière il y a quelques années.
Entre le Brésil, la République démocratique du Congo (RDC), le Sénégal et le Niger, les différences sont criardes. Ces pays ont pourtant quelque chose qui les rapproche :les persécutions que leurs actuels dirigeants exercent à l’encontre d’hommes politiques populaires voulant y briguer la magistrature suprême. au Brésil, en ce dernier jour du mois d’août 2018, le tribunal supérieur électoral (tse) vient d’invalider la candidature de l’ancien président du pays, Luis ignacio Da silva dit Lula, qui a réussi à tirer des dizaines de millions de ses compatriotes de la pauvreté grâce à sa politique de « bourses familiales » (tiens, ça ne vous rappelle rien, ça ?).
Le très populaire ancien président de la République a vu la Cour d’appel de son pays confirmer sa condamnation en première instance à 12 ans de prison pour « corruption ». en République démocratique du Congo, la Cour Constitutionnelle a elle aussi, au début de ce mois de septembre, rejeté définitivement la candidature de l’ancien vice-président du pays, Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC), qui vient d’être libéré parla Cour pénale internationale. un rejet qui intervient après que la commission électorale eut déclaré irrecevable la même candidature. il y a quelques semaines, dans ce même pays, c’est l’ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga, Moïse Katumbi, l’un des hommes politiques les plus populaires et propriétaire du grand club de football tp Mazembé, plusieurs fois champion d’Afrique, qui s’était vu refuser de rentrer dansl’ex-Zaïre,son propre pays. il y a trois ans, il avait fait connaître son intention de se présenter à l’élection présidentielle. Ce qu’il ne fallait pas faire ! aussitôt après, les autorités en place ont instruit une curieuse plainte d’un ressortissant grec ayant quitté le pays depuis longtemps, et selon lequel Katumbi l’avait spolié d’un de ses biens immobiliers.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});En même temps, une grotesque affaire de recrutement de mercenaires—en fait des agents de sécurité privés américains—était agitée parle régime Kabila. Condamné pour escroquerie immobilière par une juge qui avait par la suite fui à l’étranger en expliquant avoir subi des pressions de l’agence nationale de renseignement (les tout-puissants services secrets du pays), Katumbi avait été contraint de prendre la clef des champs lui aussi. Malgré les menaces d’emprisonnement qui pesaient sur lui, il avait décidé, il y a un mois, de rentrer quitte à se faire arrêter. Les autorités avaient alors fait savoir qu’elles interdiraient le survol de leur territoire toute compagnie aérienne qui le transporterait. son jet privé avait atterri en Zambie d’où il avait tenté de pénétrer par la route en RDC. peine perdue puisque la frontière terrestre avait été fermée pour l’occasion ! Résultat : l’élection présidentielle congolaise se déroulera sans Jean-pierre Bemba et Moïse Katumbi, les plus sérieux rivaux de shadary Ramazani, le candidat choisi parle président Joseph Kabila. Lequel ne pouvait plusse présenter pour avoir épuisé ses deux mandats constitutionnels.
KARIM, KATUMBI, KHALIFA : 3 « K » QUI DERANGENT !
Le troisième pays où il ne fait pas bon être candidat à la présidentielle, on l’a dit, c’est le Sénégal, vitrine craquelée de la démocratie africaine. Dans cette « Grèce du monde noir » — c’est du moins ce que voulait en faire le poète-président Léopold Sédar Senghor —, deux hommes politiques pouvaient constituer de sérieux obstacles à la réélection du quatrième président du pays.
Le premier, c’est le fils du prédécesseur de l’actuel président. Présenté comme un grand « voleur », qui s’est enrichi illicitement avec les ressources de la nation, il a été arrêté et jeté en prison pendant trois bonnes années. Condamné à six ans de prison ferme et à acquitter une amende astronomique de 138 milliards de francs, il avait bénéficie d’une grâce présidentielle assortie d’un exil royal au Qatar où il devait se tenir à carreau. seulement voilà : comme Katumbi, il veut se présenter à la présidentielle et comme l’ex-homme fort du Katanga, il veut coûte que coûte rentrer au pays pour battre campagne. après l’avoir menacé d’exécuter la contrainte par corps dès qu’il foulerait le sol du pays, le pouvoir en place, par le biais du ministre de l’intérieur, a fait savoir que la police de l’air et des Frontières l’attendait de pied ferme ! Autrement dit, on lui réserverait le même sort qu’à Katumbi ! exit donc — provisoirement ? — l’un des plus sérieux potentiels rivaux du président Macky Sall. Un rival qui a vu son inscription sur les listes électorales, condition de la validation de sa candidature, rejetée par le ministère de l’intérieur approuvé en cela par la Cour suprême ! Oh, elle s’est déclarée « incompétente » comme à son habitude, mais c’est tout comme.
Quant à l’autre sérieux prétendant à la magistrature suprême, Khalifa sall, il vient d’être révoqué de ses fonctions de maire de Dakar par le président de la République Macky Sall à la suite de la confirmation de sa condamnation en appel à cinq ans de prison ferme et une amende de 1,8 milliard de francs. Là aussi, la justice a été instrumentalisée à la suite d’une ridicule accusation de détournement de deniers publics, pour éliminer un adversaire politique. Lula au Brésil — dont Macky Sall a pourtant copié sans vergogne le programme de bourses familiales ! —, Moïse Katumbi et Jean-pierre Bemba en RDC, Karim Wade et Khalifa sall au Sénégal :sale temps pour les candidats à la présidentielle aux pays de la samba, de la rumba et du Mbalakh !
Le pays outsider, c’est le Niger dont le président, le très démocrate Mahamadou Issoufou, avait lui aussi fait emprisonner son principal rival à la dernière présidentielle, Hamaamadou. Là, l’accusation était plus biscornue, voire plus infamante encore : trafic de bébés volés ! Malgré cette accusation, et bien qu’en détention, Hama avait réussi à emmenerissoufou au deuxième tour. Assistera-t-on au même scénario dans notre pays où Khalifa Sall ferait échec au projet «Mackyiste » de se qualifier dès le premier tour ? Dieu seul le sait ! Bien que ce soit fort possible, si la candidature de l’ex-maire de Dakar est validée par le Conseil constitutionnel mais là, faut pas rêver, ce n’est pas de cette juridiction que viendra un miracle.
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});Comme sa pendante de RDC, elle se fera un plaisir d’écarter sans état d’âme tous les candidats dont le président sall ne voudra pas! en afrique, comme dans les anciennes dictatures militaires du genre du Brésil, les contentieux politiques ont des dénouements judiciaires, tout comme les dossiers judiciaires ont souvent des épilogues politiques. De la même manière que la justice a été instrumentalisée pour liquider Khalifa sall et Karim Wade, il suffirait d’un changement de régime pour que la même justice les absolve pourvu que ce soit là la volonté des nouveaux maîtres du pays! pour dire qu’il est vain de vouloir expliquer, justifier ou récuser les condamnation et révocation de Khalifa sall par des arguments de droit… Comme jadis, du temps de La Fontaine, la raison du plus fort du moment est toujours la meilleure !
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