Au Bénin, deux magistrats ont été placés sous mandat de dépôt, et deux autres poursuivis sans mandat pour des faits d’abus de fonction et d’escroquerie. En effet, le 07 décembre 2022, le ministre de la Justice a reçu la plainte d’une justiciable relative à des faits de présumée tentative d’extorsion de fonds en lien avec une procédure judiciaire en cours. L’intéressée explique que son époux poursuivi comme elle-même en flagrant délit par le tribunal de Cotonou est détenu depuis le 21 novembre 2022 pour des faits d’abus de confiance portant sur la somme de 84.000.000 de Fcfa. A la prison civile de Cotonou où il est gardé, l’époux de la plaignante a été approché par un autre détenu qui lui a promis de mettre en branle son réseau dans le milieu judiciaire pour obtenir sa libération dès la première évocation de son dossier à l’audience du 07 décembre 2022.
Un déjeuner à 250.000 Fcfa
Dans cette optique, le détenu en question a fait appel à une intermédiaire qui s’est rendue à la prison civile de Cotonou. Celle-ci a exigé une somme de 250.000 Fcfa pour organiser un déjeuner auquel prendront part les magistrats en charge du dossier. Ledit déjeuner lui permettra de négocier la libération de l’époux de la plaignante. En dehors des 250.000 Fcfa, l’homme devait aussi verser 4 millions de Fcfa à l’intermédiaire. Une somme à remettre aux magistrats pour sceller l’affaire. L’époux de la plaignante a payé les 250.000 Fcfa mais il n’a pas pu réunir les 4 millions exigés pour les magistrats, explique le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme dans un communiqué.
Il a réuni 1 million sur les 4 réclamés
Le détenu n’a pu réunir qu’un million. En recevant cette somme, l’intermédiaire aurait manifesté son mécontentement et aurait indiqué que le dossier serait renvoyé jusqu’au paiement intégral. Le jour du procès, la demande de mise en liberté formulée par le détenu a effectivement été rejetée et l’audience renvoyée au 11 janvier 2023. La plaignante a considéré cette décision comme une mesure de représailles et a décidé de dénoncer les faits au ministre de la Justice. La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a ouvert une enquête, informe le procureur spécial Mario Mètonou. Il se trouve que quatre magistrats sont impliqués dont trois sont des proches de l’intermédiaire en question.
Deux autres magistrats poursuivis sans mandat
Présentés au parquet de la Criet au terme de l’enquête, l’intermédiaire ainsi que le détenu l’ayant mis en contact avec l’époux de la plaignante, ont été placés sous mandat de dépôt, de même que deux magistrats. Deux autres magistrats sont poursuivis sans mandat. L’intermédiaire et le détenu sont poursuivis pour tentative de corruption d’agent public. L’audience est prévue pour le 12 janvier 2023 et permettra de situer le niveau de responsabilité des uns et des autres selon le procureur de la Criet. Mario Mètonou rappelle à « tous les usagers de nos cours et tribunaux qu’ils n’ont besoin d’aucun intermédiaire, à l’exception des professionnels de droit spécialement habilités, pour faire triompher leur cause