Barthelemy Dias: «physiquement, je viendrai au tribunal, par respect à la magistrature, mais je ne participerai pas à un complot politique»

Rédigé par Dakarposte le Jeudi 1 Décembre 2016 à 08:37 modifié le Jeudi 1 Décembre 2016 08:39

A la veille de son procès qui démarre ce matin, le maire de la commune de Mermoz Sacré-Cœur a fait face à la presse. Barthélemy Dias accuse ouvertement Me Abdoulaye Wade d’être celui qui a envoyé les nervis et demande à Macky Sall de faire en sorte que toutes les garanties soient sur la table pour un procès juste et équitable.

Il avait pris date pour la veille de son procès et il a respecté son engagement. Le maire de Mermoz Sacré-Cœur avait en effet promis, au détour d’un entretien avec nos confrères du journal Le Populaire, de donner l’identité du véritable commanditaire des attaques perpétrées contre l’institution qu’il dirige. Il vient en effet, à travers un enregistrement sonore, de démontrer que c’est le Pds qui est à l’origine de cette opération.

Me Abdoulaye Wade, dans un entretien accordé au correspondant de Rfi d’alors, dit que ce sont ses éléments de sécurité qui ont été envoyés. Après avoir été chez Amath Dansokho, qu’il qualifie de vieux marxiste, chez Aliou Tine, son pire ennemi, le même groupe, composé des éléments de la sécurité du Pds, devait se rendre chez Barthélemy Dias.

Et, d’après toujours Me Wade sur l’enregistrement sonore, à chaque étape, ses hommes devaient parler au leader rencontré, pour lui faire comprendre que le Pds était au courant des manœuvres visant à déstabiliser son régime et que cela n’allait pas passer.

C’est ainsi que ses hommes ont été chez Dansokho, puis chez Alioune Tine. C’est quand ils sont allés chez Barthélemy Dias que ce dernier, qui a appelé dans un premier temps le commissaire de police, est sorti avec une centaine de personnes. Sur les injonctions du commissaire de police, à l’époque des faits, les hommes de Barthélemy Dias voulaient regagner les voitures, mais ce dernier, armes aux poings, s’est mis à tirer comme un cowboy ou un Django sur les gens, relate Me Wade dans l’enregistrement.

Qu’à cela ne tienne ! Barthélémy Dias qui faisait face à la presse, à quelques heures de son procès prévu aujourd’hui, dit exiger d’avoir les contrats qui montrent que les gens qui étaient venus lui faire la fête sont du Pds. S’ils sont du Pds ou travaillent pour le Pds et Me Abdoulaye Wade, lui-même, ils devraient pouvoir fournir des pièces justificatives. Notamment un contrat en bonne et due forme, des prises en charge à l’Ipres et à la Caisse de sécurité sociale. 

Sans quoi, les hommes qui lui ont été envoyés ne sont rien d’autre que des nervis. Des gens envoyés pour faire le sale boulot. Le maire de Mermoz Sacré-Cœur, qui avait à ses côtés tout le personnel et les membres de son conseil municipal, est également revenu sur le soutien dont certains avaient eu à faire montre à son égard, allant même jusqu’à exiger sa libération.

Les arguments de Macky utilisés comme arme de défense
S’arrêtant sur le cas spécifique de Macky Sall, devenu président de la République, il affirme que c’est ce dernier qui disait dans une vidéo (qu’il s’est procurée et a diffusée devant les médias) que « les véritables coupables, c’est ceux qui avaient envoyé les nervis » pour aller s’attaquer à une institution, par ricochet au maire Barthélemy Dias. 

Macky Sall, dans le même film visionné durant le point de presse, disait également que « c’est de la légitime défense » et qu’il « exigeait » du pouvoir « la libération de Barthélemy Dias et de Malick Noël Seck, arrêté pour avoir juste écrit au Conseil constitutionnel » pour l’invalidation d’une candidature de trop.

« Je voudrais inviter la direction du Parti socialiste à avoir la courtoisie de se taire, parce qu’ils sont au cœur de ce vaste complot politique »
Barthélemy Dias n’a pas manqué de taper sur la direction du Parti socialiste, coupable à ses yeux de s’inviter dans un débat où il n’a nullement un point de vue à émettre. 

Pour ces derniers, le député-maire socialiste dit avoir un petit message. « Je voudrais bien inviter la direction du Parti socialiste à avoir la courtoisie de se taire, parce qu’ils sont au cœur de ce vaste complot politique », a dit Barthélemy Dias. Avant de se faire menaçant en ces termes : « il est hors de question de laisser des gens en fin de carrière politique penser qu’ils vont détruire la carrière politique d’hommes et de femmes qui ont un avenir politique. 

Aujourd’hui, la direction du parti s’est autorisée, à travers son perroquet de service, sur les ondes de la Rfm, à donner son point de vue sur ce procès, en disant que nous devons accepter le verdict du tribunal. Je les invite à la fermer et je sais de quoi je parle. La direction du Ps étant incapable aujourd’hui de réunir le parti comme une famille unie et soudée, pour soutenir le Président Macky Sall, n’a rien à faire aujourd’hui que de verser dans le complot de la machination politique.

Tout ce qui s’est passé, aussi bien avec le procès des jeunes de Dakar, lors de ce saccage, c’est un complot politique qui vise à anéantir des adversaires politiques. De la même façon qu’on a voulu anéantir un potentiel candidat à l’élection présidentielle, en l’exilant du pays », accuse le maire de Mermoz Sacré-Cœur.

« Physiquement, je viendrai au tribunal, par respect à la magistrature, mais je ne participerai pas à un complot politique orchestré et organisé par des hommes qui sont en fin de carrière politique»
Par ailleurs, face à l’issue insoupçonnée du procès, Barthélemy Dias craint déjà qu’avec la pression les gens qu’il accuse décident de le laisser libre, mais de le priver de ses droits civiques, à travers une peine qui lui enlèverait toute possibilité d’être éligible à nouveau. « Ce qui est recherché dans ce procès, ce n’est pas exclusivement de mettre Barthélemy Dias en prison. Ce qui est recherché aujourd’hui, c’est d’éliminer Barthélemy Dias du champ politique. Je peux ne pas aller en prison, mais je peux être sanctionné par une peine qui me rendrait inéligible.

Et je préfère le dire et le répéter, ça ne passera pas. Je demande donc solennellement au Président Macky Sall de ne pas s’immiscer dans les problèmes du Parti socialiste. Il n’a pas été élu pour passer son temps à diviser les familles politiques. Je l’invite donc respectueusement à faire en sorte que toutes les garanties soient sur la table pour un procès juste et équitable. 

S’il n’y a pas de commanditaires, je le répète avec force, je ne participerais pas à ce procès. Physiquement, je viendrai au tribunal, par respect à la magistrature, mais je ne participerai pas à un complot politique orchestré et organisé par des hommes qui sont en fin de carrière politique», a terminé Dias, en attendant ce qui se passera aujourd’hui, jour de l’ouverture de ce procès tant médiatisé.
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