Au Bangladesh, ce lundi a été une journée historique. La Première ministre a fui en Inde tandis que sa résidence était saccagée par les protestataires. Les étudiants avaient baptisé le grand appel à la mobilisation comme « La longue marche sur Dacca ». Et le mouvement a dépassé leur espérance dans les rues, dès le début de la journée. « À cause du couvre-feu, tout le monde se faisait tirer dessus à chaque fois que les gens essayaient de se rassembler. On peut dire qu'il n'y avait pas beaucoup d'espoir de changement ou de résistance dans le cortège », raconte Omor Fayaz Tamim.
Cet étudiant à l'université de Dacca, manifestant dès les premières heures du mouvement début juillet, a ensuite vu le vent tourner. « Les événements ont pris une tournure différente vers midi. À ce moment-là, les gens avaient peur de voir l'armée tirer, comme nous étions encore en couvre-feu. Et puis l'armée a abandonné et laissé le cortège avancer et tout a tourné en faveur des manifestants », poursuit-il.
À l'annonce de la démission et de la fuite de Sheikh Hasina, des scènes de liesse ont éclaté dans les cortèges. « Tout le monde était très content que le régime soit tombé et que la Première ministre ait démissionné. Tout le monde participait à des marches de la victoire, les gens sautaient de partout, dansaient sur des tanks, enlaçaient les forces de l'ordre », décrit Omor.
Mais cette effusion de joie a été de courte durée. « Après, tout le monde s'est dirigé vers la résidence de la Première ministre et le Parlement du Bangladesh. À l'intérieur, c'était un vrai carnage, complètement chaotique. C'était initialement une scène vraiment joyeuse et cela s'est transformé en une réalité sinistre qui nous a montré rapidement que tout ne sera pas si simple », conclut-il.
Vers un nouveau gouvernement
Omor espère désormais voir s'installer un gouvernement civil pour permettre un retour au calme rapide dans son pays. De son côté, Asheque Haque, chercheur en politique et sécurité sur l'Asie du Sud et qui travaille pour l’ONG « Défenseurs des droits civiques », le BNP, le principal parti d'opposition, n'est pas la solution. « La raison pour laquelle il y a autant de colère dans le pays, c'est la corruption, le manque d'opportunités, la dégradation généralisée, l'inflation... Les étudiants s'attendent à voir de vraies réformes au niveau de la société. Je ne les vois pas faire un retour en arrière et donner le pouvoir à une autre formation politique qui a les mêmes antécédents de corruption et d'abus. Le BNP, le parti nationaliste du Bangladesh est aussi un parti dynastique », commente-t-il.
Le chercheur, qui vit en exil en Suède depuis 2016, a des sentiments très partagés. « D'un côté, on a un sentiment de victoire. Tout le monde, sur les réseaux sociaux, crie à l'indépendance. Mais de l'autre, le chef de l'armée est en train de discuter avec d'autres partis politiques et ce n'est pas vraiment ce à quoi les gens s'attendaient. Donc, je suis très partagé sur ce qu'il se passe. Je veux garder espoir. Je pense que le BNP, le Jamaat ou n'importe quel autre parti de la vieille garde sont conscients de l'énorme potentiel de colère et de la puissance de la jeunesse », pense-t-il. Selon lui, les prochains jours seront décisifs.
Une nouvelle page à écrire
Après une nuit sans violence rapportée, le Bangladesh se réveille donc ce mardi avec une page de son histoire à écrire, rapporte notre correspondant régional, Côme Bastin. Des statues de Sheikh Mujibur Rahman, le père de Sheikh Hasina, ont été déboulonnées par endroits. Les Nations unies ont appelé à une transition pacifique, alors que des règlements de compte sont redoutés.
Un gouvernement provisoire devrait être formé si l’armée et les étudiants tombent d’accord. Le nom de Muhammad Yunus, économiste et Prix Nobel de la paix bangladais, est plébiscité par la jeunesse pour en prendre la tête.
L'ex-Première ministre et cheffe de l'opposition au Bangladesh, Khaleda Zia, a été libérée mardi, selon le porte-parole de son parti. « Elle est désormais libérée », a déclaré A.K.M Wahiduzzaman, moins de 24 heures après que le président du Bangladesh, Mohammed Shahabuddin, eut ordonné la libération de Mme Zia, condamnée à 17 ans de prison pour corruption en 2018. Sheikh Hasina, de son côté, est en Inde, mais ne devrait pas y rester. Le Royaume-Uni, où se trouve sa sœur, a fait savoir qu’il ne l'accueillerait pas en l’absence d’enquête sur sa répression, qui a fait plus de 350 morts.
Rfi
Cet étudiant à l'université de Dacca, manifestant dès les premières heures du mouvement début juillet, a ensuite vu le vent tourner. « Les événements ont pris une tournure différente vers midi. À ce moment-là, les gens avaient peur de voir l'armée tirer, comme nous étions encore en couvre-feu. Et puis l'armée a abandonné et laissé le cortège avancer et tout a tourné en faveur des manifestants », poursuit-il.
À l'annonce de la démission et de la fuite de Sheikh Hasina, des scènes de liesse ont éclaté dans les cortèges. « Tout le monde était très content que le régime soit tombé et que la Première ministre ait démissionné. Tout le monde participait à des marches de la victoire, les gens sautaient de partout, dansaient sur des tanks, enlaçaient les forces de l'ordre », décrit Omor.
Mais cette effusion de joie a été de courte durée. « Après, tout le monde s'est dirigé vers la résidence de la Première ministre et le Parlement du Bangladesh. À l'intérieur, c'était un vrai carnage, complètement chaotique. C'était initialement une scène vraiment joyeuse et cela s'est transformé en une réalité sinistre qui nous a montré rapidement que tout ne sera pas si simple », conclut-il.
Vers un nouveau gouvernement
Omor espère désormais voir s'installer un gouvernement civil pour permettre un retour au calme rapide dans son pays. De son côté, Asheque Haque, chercheur en politique et sécurité sur l'Asie du Sud et qui travaille pour l’ONG « Défenseurs des droits civiques », le BNP, le principal parti d'opposition, n'est pas la solution. « La raison pour laquelle il y a autant de colère dans le pays, c'est la corruption, le manque d'opportunités, la dégradation généralisée, l'inflation... Les étudiants s'attendent à voir de vraies réformes au niveau de la société. Je ne les vois pas faire un retour en arrière et donner le pouvoir à une autre formation politique qui a les mêmes antécédents de corruption et d'abus. Le BNP, le parti nationaliste du Bangladesh est aussi un parti dynastique », commente-t-il.
Le chercheur, qui vit en exil en Suède depuis 2016, a des sentiments très partagés. « D'un côté, on a un sentiment de victoire. Tout le monde, sur les réseaux sociaux, crie à l'indépendance. Mais de l'autre, le chef de l'armée est en train de discuter avec d'autres partis politiques et ce n'est pas vraiment ce à quoi les gens s'attendaient. Donc, je suis très partagé sur ce qu'il se passe. Je veux garder espoir. Je pense que le BNP, le Jamaat ou n'importe quel autre parti de la vieille garde sont conscients de l'énorme potentiel de colère et de la puissance de la jeunesse », pense-t-il. Selon lui, les prochains jours seront décisifs.
Une nouvelle page à écrire
Après une nuit sans violence rapportée, le Bangladesh se réveille donc ce mardi avec une page de son histoire à écrire, rapporte notre correspondant régional, Côme Bastin. Des statues de Sheikh Mujibur Rahman, le père de Sheikh Hasina, ont été déboulonnées par endroits. Les Nations unies ont appelé à une transition pacifique, alors que des règlements de compte sont redoutés.
Un gouvernement provisoire devrait être formé si l’armée et les étudiants tombent d’accord. Le nom de Muhammad Yunus, économiste et Prix Nobel de la paix bangladais, est plébiscité par la jeunesse pour en prendre la tête.
L'ex-Première ministre et cheffe de l'opposition au Bangladesh, Khaleda Zia, a été libérée mardi, selon le porte-parole de son parti. « Elle est désormais libérée », a déclaré A.K.M Wahiduzzaman, moins de 24 heures après que le président du Bangladesh, Mohammed Shahabuddin, eut ordonné la libération de Mme Zia, condamnée à 17 ans de prison pour corruption en 2018. Sheikh Hasina, de son côté, est en Inde, mais ne devrait pas y rester. Le Royaume-Uni, où se trouve sa sœur, a fait savoir qu’il ne l'accueillerait pas en l’absence d’enquête sur sa répression, qui a fait plus de 350 morts.
Rfi