BAISSE DU PRIX DU LOYER : Comment la loi de Macky a floué tout le monde

Rédigé par Dakarposte le Mercredi 20 Septembre 2017 à 08:05 modifié le Mercredi 20 Septembre 2017 08:06


«Les lois ne sont faites que pour exploiter ceux qui ne les comprennent pas, ou ceux que la misère la plus noire empêche de s’y conformer».
Cette petite citation de Bertolt Bechet suffit pour résumer ce qu’est devenue la loi sur la baisse des loyers au Sénégal. Depuis son adoption, les prix de la location ne font qu’augmenter devant l’impuissance des autorités étatiques. Sans compter les nouvelles conditions imposées par les bailleurs qui constituent des contraintes pour l’accès à un logement.
La loi sur la baisse des prix du loyer promulguée depuis 2014 est bafouée par les bailleurs, courtiers et autres agences immobilières. Aucun de ces acteurs n’applique la loi initiée par l’Exécutif pour soulager les populations. Pis, ils ont corsé les modalités contractuelles, avec notamment de nouvelles dispositions. En effet, les prix ont plus qu’augmentés dans certains quartiers de Dakar. Alors que la loi fixe une baisse de 29 % pour les loyers inférieurs à 150 mille francs Cfa, 14 % pour ceux compris entre 150 et 500 mille francs Cfa et 4 % pour ceux dépassant 500 mille francs Cfa, les prix sont au-delà de ces limites. Aujourd’hui, pour avoir une chambre simple, il faut débourser entre 45 mille et 60 mille francs Cfa. Pour celles avec douche intérieure, c’est 70 ou 80 mille francs Cfa par mois qui sont réclamés. Les studios, eux, sont cédés à partir de 125 mille francs Cfa. Assez n’étant pas trop, le client est obligé de débourser l’équivalent de trois mois de location avant d’entrer en possession des locaux, avec les commissions et autres frais.
Malgré l’échec, le gouvernement continu de comptabiliser l’adoption de cette loi dans le bilan du régime de Macky Sall. Il suffit de faire le tour de quelques acteurs pour se rendre à l’évidence. Rien n’a changé sinon les choses ont empiré. Babacar Ndiaye, courtier, se défausse sur les propriétaires. «Les coutriers n’y sont pour rien. Ce sont les propriétaires qui ne veulent pas respecter la loi. Tout le monde sait que la location est de plus en cher. Il est même difficile de trouver des chambres de 35 ou de 40 mille francs Cfa», s’est-il défendu. Interpellé sur la commission imposée par les courtiers, ils assurent que c’est le seul moyen pour lui et ses camarades de s’en sortir également. «Nous n’avons pas le choix. Parce que les propriétaires ne nous donnent rien. C’est à nous de trouver les astuces pour gagner quelque chose. Donc, les gens doivent comprendre que ce n’est pas nous. Mais, les propriétaires», a-t-il encore ajouté.
Depuis l’adoption de la loi sur la baisse des prix du loyer, trouver une maison, une chambre ou un appartement à Dakar relève d’un véritable parcours du combattant. Non seulement les prix ont flambé mais les demandeurs sont confrontées à de fortes exigences des bailleurs sur la situation matrimoniale du locataire.
Georgina Akan garde encore les souvenirs de l’amère expérience qu’elle a vécue pendant deux semaines à la recherche d’une chambre avec douche intérieure pour un couple. «J’ai passé presque deux semaines à chercher une chambre. Tous les courtiers que j’ai contactés ont refusé de donner leurs chambres sous prétexte que le propriétaire ne veut pas d’un couple dans leur maison», raconte-t-elle.
Pourtant, l’adoption de cette loi salutaire devrait permettre, dans les calculs de l’Etat, aux locateurs d’économiser près de 122 milliards de francs Cfa. Mais rien n’a changé depuis lors. Et certains n’hésitent pas de demander à l’Etat de faire une descente dans les maisons pour vérifier l’effectivité de la baisse. Ce, d’autant plus que des sanctions sont prévues par la loi 81-21 du 25 juin 1981 réprimant la hausse illicite du coût du loyer avec une peine d’emprisonnement de 2 à 6 mois, une amende pouvant aller jusqu’à 1,6 million de francs Cfa et le remboursement du locataire.
 
 
Walf Quotidien
Cheikh Amidou Kane
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